Delcourt

/ Fiche - écrit , le 09/09/2009 - Mise à jour le 14/03/2011

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Site officiel 

Historique et descriptif

Les éditions Delcourt sont la véritable success-story de la fin du vingtième siècle, dans le petit monde de la bande dessinée. En 1986, année de création, les éditions Delcourt publient trois albums. Dix-huit ans plus tard, en 2004, la production s'élève à 211 nouveautés annuelles.

La maison d'un homme

Delcourt, c'est avant tout un homme, qui a donné son nom à sa maison d'édition : Guy Delcourt. Né en 1958, Guy Delcourt entame tout d'abord une carrière d'analyste financier et de journaliste aux Etats-Unis avant de revenir en France travailler pour Pilote, dont il devient le rédacteur en chef en 1985. « Quand Pilote a fermé ses portes, en janvier 1986, nous avons été remerciés en même temps ! Delcourt, séduit par les responsabilités éditoriales, avait décidé de créer sa propre structure d'édition de bande dessinée » explique Thierry Cailleteau. « Si j'ai finalement créé ma propre maison, c'est tout simplement parce que je n'avais pas trouvé de travail chez les autres ! » raconte Guy Delcourt. En 1986, ce dernier crée donc sa propre maison d'édition.

Le premier album publié est Galères balnéaires, première des aventures de Fred et Bob, par Cailleteau et Vatine. Delcourt, pour se lancer, est fort de plusieurs qualités. Il flaire le potentiel commercial de la BD à thème. Ainsi, il réunit un collectif d'auteurs autour de l'album La bande à Renaud, faisant participer plusieurs dessinateurs parmi lesquels Margerin, Juillard, Vicomte ou Boucq. Guy Delcourt lance aussi la BD-dont-vous-êtes-le-héros (La sphère du Nécroman en 1987) et jouit d'un premier grand succès : La Saison des cendres, par Ségur et Chevalier, premier opus d'une trilogie qui s'inscrira comme l'une des plus grandes réussites héroïc fantasy de l'histoire de la BD.

La génération Angoulême

En 1988, Guy Delcourt se rend à l'Ecole des Beaux Arts d'Angoulême comme intervenant. « D'autres éditeurs l'avaient fait avant lui, mais la différence c'est que lui, il a bien regardé nos planches » explique Mazan. Guy Delcourt réussit à réunir autour de lui et de sa maison toute une nouvelle génération d'auteurs prometteurs, parmi lesquels Turf, Masbou ou Ayroles. A côté de cela, plusieurs auteurs de renom commencent à publier chez Delcourt : Andreas, Frank Pé, Makyo, Tronchet, puis Marc-Antoine Mathieu, Michel Plessix, Dieter...
Incontestablement, le sens de la relation de Guy Delcourt a pesé sur la concrétisation de ces rencontres personnelles. Fin 1988, Guy Delcourt s'adjoint les services de François Capuron pour assumer son travail d'éditeur de plus en plus conséquent. Les années s'enchaînent : 1989, 1990, 1991, et Guy Delcourt continue de déborder de projets et d'ambitions. Adaptations de BD étrangères (américaines, anglaises et espagnoles), traduction pour les marchés étrangers, compléments de revenus construits sur une double carrière d'agent de dessinateurs... Les premières grandes réussites commerciales sont là pour contrecarrer les éventuels échecs. On notera Le cycle des deux horizons de Makyo et Rossi et surtout la très grande série de science-fiction écolo Aquablue de Cailleteau et Vatine.

Un "grand" en gestation


Delcourt évite l'étouffement à temps et désengorge sa collection fourre-tout Conquistador en créant, début des années 1990, de nouvelles références comme Terres de légende ou Néopolis. Guy Delcourt se montre ouvert à toute exploitation para-BD. Un jeu de rôle est créé sur le monde des Légendes des contrées oubliées, et Delcourt crée le studio d'animation Story, en 1990, qui a produit des dessins animés comme Petit Vampire. Une nouvelle génération de brillants scénaristes éclot chez Delcourt courant des années 1990, génération qui va donner naissance à des séries cultes. Il y a tout d'abord David Chauvel, et sa fameuse série Les Enragés (1994-1998, 5 tomes) mais aussi Nuit Noire (1996-1997, 3 tomes). Il y a ensuite Luc Brunschwig, avec la série Le pouvoir des innocents, devenue culte (1992-2002, 5 tomes). « Cette nouvelle génération de scénaristes se distingue par la maîtrise du langage de la bande dessinée, y compris dans sa dimension graphique. Ce ne sont pas des gens de texte uniquement, mais des metteurs en scène qui manient le cadrage, l'ellipse, la narration BD dans toutes ses composantes » explique Guy Delcourt. Les albums d'Alex Barbier marquent aussi leur temps (Les paysages de la nuit) et sont symboliques du renouveau graphique en germe dans ces années quatre-vingt-dix.

Une stratification en genre, le risque de l'enfermement

Dans un premier temps, Delcourt traîne une image de maison d'édition élitiste. Image qui sera rapidement altérée par le succès de séries très basées sur le divertissement mais pas pour autant dépourvues de qualités réelles telles Garulfo, De capes et de crocs ou Vauriens. Le label Série B créé en 1995 vient définitivement affirmer cette direction. En 1995, à l'approche des dix années d'existence, la stabilité gagne et les gros auteurs signent chez Delcourt sans craintes. Deuxième partie des années quatre-vingt-dix, les éditions Delcourt continuent de rencontrer le succès tant en éditant des séries franco-belge (Julien Boisvert, Le vent dans les saules, Horologiom) que des albums étrangers (Cages, Bone). Fin des années quatre-vingt-dix, c'est aussi le moment où explose la nouvelle vague (Trondheim, Sfar, Larcenet). Guy Delcourt va réussir à capter une bonne partie de ces nouveaux grands auteurs sans jamais véritablement l'intégrer en tant qu'école, au sein d'une collection, ce qu'a pu faire Dargaud avec la création de Poisson Pilote. « Là effectivement, j'ai manqué de vision, témoigne Guy Delcourt dans l'ouvrage de Thierry Bellefroid. J'étais tellement dans le réflexe de la bande dessinée thématique science-fiction, fantastique, polar - que l'idée de faire une collection hors genre appuyée sur des graphismes peu courants ne m'a pas traversé l'esprit. Maintenant, ça parait simple, mais au fond, c'était d'une audace incroyable ». A défaut d'avoir une collection à elle, cette nouvelle génération a pu s'exprimer, chez Delcourt, avec la série Donjon, devenue l'un des piliers du catalogue.

2000 : le déploiement, avant lexplosion


De 1998 à 2001, les éditions Delcourt produisent entre 60 et 100 nouveautés par an. En 2004, ils en sont à 211. Deux raisons à cela : l'investissement du marché manga et le boom économique. En 2000, les bureaux de Delcourt déménagent rue d'Hauteville dans le dixième arrondissement de Paris, signe d'une assise économique confiante. L'année suivante, c'est le point de départ du Festival Delcourt, qui a lieu chaque année à Bercy Village. Le magazine Pavillon rouge, reprenant le fameux logo des éditions Delcourt, est lui aussi lancé cette année, mais disparaît en 2003. Delcourt, maison d'édition indépendante, se développe de manière considérable à un moment où l'on dit le monde de l'édition BD mal en point. « Nous réalisons un premier semestre 2006 historique avec une progression de près de 40% de notre CA par rapport à l'année dernière et cela dans un marché, qui lui, progresse à peine de 2% » révèle François Capuron, le bras droit de Guy Delcourt, premier embauché, à ActuaBD. Les éditions Delcourt profitent en 2006 de l'incroyable succès critique des Mauvaises gens d'Etienne Davodeau (prix du meilleur scénario et prix du public à Angoulême, grand prix de la critique de l'ACBD, prix France Info). Delcourt, qui édite déjà les albums d'Alan Moore (l'intégrale de V pour Vendetta est relancée par l'adaptation filmique), publie aussi le nouveau prodige venu d'outre-atlantique : Chris Ware. Delcourt s'introduit aussi dans la brèche ouverte par Giroud et son Décalogue en lançant plusieurs séries "concept" comme L'histoire secrète ou La loi des 12 tables. Lors de ces années 2000, se développent un bon nombre de séries qui vont battre les records de vente des éditions Delcourt. La plus vendue de toutes, Sillage, voit sa réputation grossir d'album en album, si bien que pour la sortie du tome neuf en septembre 2006, la campagne publicitaire déployée n'a presque rien à envier à un Astérix. Autres séries bien vendues : Le chant des Stryges, Star Wars (importé des Etats-Unis), Carmen, Travis et Golden City.

En pleine santé parmi les malades


Le manga représente aussi une grande part des ventes Delcourt (Nana et Fruits Basket, les deux principales séries). Delcourt se lance dans le manga à partir de 2002, en créant le label Akata, dirigé par Dominique Véret et Sylvie Chang. Progressant dans le domaine à pas de géant, les éditions Delcourt étonnent à peine quand, en novembre 2006, ils annoncent prendre le contrôle des éditions Tonkam. Le côté comics n'est pas en reste. Sous l'impulsion de Thierry Mornet, transfuge de Semic, Delcourt s'est lancé avec succès depuis 2005 dans la publication de comics en kiosques, tout en diversifiant et en gonflant son catalogue de comics. « Le fait d'avoir un catalogue diversifié sur la BD franco-belge, le manga, la Bd américaine, la jeunesse nous permet d'être porté par les élans de ces différents marchés » explique Guy Delcourt à ActuaBD, à l'occasion des vingt ans de sa maison d'édition, fêtés le 14 septembre 2006. Avec Soleil, duquel il s'est rapproché en créant la structure de diffusion Delsol, Delcourt est, dans le paysage de la BD en France, le seul indépendant à forte croissance économique. Un succès que l'on doit surtout à Guy Delcourt, qui a obtenu en novembre 2006 le grade de chevalier dans l'ordre du mérite par le président de la République Jacques Chirac.


Les collections

Conquistador C'est la collection qui englobait la plupart des albums publiés les premières années chez Delcourt. On parlait, pour la définir, de « BD à grand spectacle ». Les genres explorés sont larges : western, fantastique, science-fiction... Pour éviter à la collection de s'enfermer, d'autres ont été créées.

Terres de Légendes Une collection créée en 1993, devenue une référence aujourd'hui pour tout ce qui touche au fantastique/féérique et à l'héroïc fantasy. Les deux premières séries qui y sont publiées : La nef des fous et Mémoire de sable

Neopolis Une collection dédiée à la science-fiction proche du cyberpunk (Rails, Hard Boiled)

Sang-froid Une collection lancée en 1994, consacrée aux « thrillers modernes ». Parmi les séries devenues cultes : Le pouvoir des innocents de Brunschwig et Hirn et Les enragés de Chauvel et Le Saëc.

Humour de rire Une collection dédiée à l'humour, comme son nom l'indique. On y retrouve certaines oeuvres de Tronchet (Les damnés de la terre associés, La bite à urbain, Sacré Jésus) mais aussi la série Donjon.

Jeunesse Encore une collection au titre explicite. Avec, comme fleurons : Kid Korrigan, Petit vampire, Le vent dans les saules.

Contrebande Une collection dédiée aux productions étrangères, avec de véritables références de la BD américaine comme Dark Knight, Black Hole, Bone, From Hell ou encore Swamp Thing.

Encrages La reprise en intégrale de certains albums et séries, pour une réimpression au petit format, avec les planches non colorisées (Nuit Noire, Rails). Certains albums ont été directement édités sous cette forme (Rural)

Machination Une collection axée sur des intrigues torturées et mystérieuses. On y retrouve le travail de Corbeyran (Le chant des Stryges, Le maître du jeu) mais aussi d'autres références comme Candélabres.

Série B Pas vraiment une collection, mais un label, créé par Olivier Vatine et Fred Blanchard en 1995. « L'idée de Série B, c'est de faire de la BD à la Charlier, de la Bd d'action et de distinction, mais avec des thèmes et des graphismes d'aujourd'hui » nous explique Vatine. La grande série de ce label est sans conteste Carmen MacCallum, qui synthétise bien les éléments exposés par Vatine ci-dessus.

Insomnie : Une collection consacrée aux récits horrifiques ou angoissants.

Shampooing Une collection dirigée par Lewis Trondheim, avec des albums au petit format, avec beaucoup d'ouvrages réalisés par Trondheim himself (Mister I, O, OVNI, Les petits riens), mais aussi d'autres auteurs de la nouvelle génération comme Matthieu Sapin ou Kek.

Mirages Une collection d'albums richement colorisés, au petit format rigide. Les sujets sont souvent durs (Noir métal, Pourquoi j'ai tué Pierre) ou osés (Premières fois), le succès critique la plupart du temps au rendez-vous.

Impact Une collection dirigée par David Chauvel, axée sur des thématiques géopolitiques contemporaines. Beaucoup d'action, des séries de divertissement.

Ex-Libris Une collection dédiée aux adaptations d'oeuvres littéraires classiques.

Histoire & Histoires Une collection créée fin 2007 pour regrouper des récits historiques.

Outsider Collection créée en septembre 2008 pour les auteurs de comics à la forte personnalité et à l'univers très typé (Joe Matt, Dave Cooper...)

Erotix Collection érotique inaugurée en septembre 2009 avec la réédition des 110 pilules de Magnus.


Auteurs symboliques Thierry Cailleteau, Olivier Vatine, Jean-Luc Masbou, Alain Ayroles, Turf, Andreas, Makyo, Frank Pé, Tronchet, Michel Plessix, Marc-Antoine Mathieu, Luc Brunschwig, David Chauvel, Fred Duval, Alex Barbier, Lewis Trondheim, Joann Sfar, Chris Ware, Jean David Morvan, Eric Corbeyran, Etienne Davodeau