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7.5/10Mémoires de Casanova - Tome 1 - Bellino

/ Critique - écrit par Maixent, le 22/12/2013
Notre verdict : 7.5/10 - Femmes je vous aime (Fiche technique)

Tags : casanova memoires histoire livres vie mazzotti tome

Une adaptation centrée sur l'érotisme conservant un esprit frondeur des Mémoires de Casanova

Casanova fait partie de l’imaginaire  collectif, son nom étant passé dans le langage courant. Et si l’on connait tous sa réputation de séducteur, il faut avouer que rare sont ceux à connaître à connaître les détails et à s’être réellement penché sur son autobiographie, Histoire de ma vie. On a tellement l’impression de le connaître que l’on ne prend pas la peine de s’y intéresser avec plus d’attention. C’est donc une excellente initiative de la part de Stefano Mazzotti de faire revivre ce personnage en bd et de le faire redécouvrir au grand public.


Promenade champêtre
Trois volumes sont prévus, comme les éditions de la Pléiade,  pour raconter cette vie riche en aventures galantes et politiques, mettant en avant les coutumes d’un siècle charnière, la rédaction des mémoires ayant été initiée en 1789, date inoubliable pour l’Europe, bouleversant l’ordre établi. Casanova étant un jouisseur, il participe de ce mouvement révolutionnaire, sans prendre part aux grands chambardements mais de manière privée, déstructurant l’ordre établi et jouant sans cesse entre les lignes du pouvoir, s’accaparant les mécanismes et lois de son siècle pour mieux les détourner à son propre avantage. C’est ainsi qu’un Casanova jeune prêtre ouvre le récit, déjà habitué aux intrigues de Cour, évoluant gracieusement dans le milieu aisé italien tel un loup blanc au milieu des brebis. Sa jeunesse, son talent et sa bonne éducation lui ouvrent les portes de postes  de plus en plus intéressants et les cuisses des femmes souvent mariées, mais cela ne remet jamais en question le bel ecclésiaste au sourire ravageur.

Ici, chaque épisode de sa vie est en fait une rencontre amoureuse. Dans un premier temps c’est cette  jeune dame de dix-neuf ans mariée à un riche fermier qui ploie sous le charme de Casanova. Profitant d’un voyage en calèche et d’un orage effrayant la belle au point de lui faire perdre toute raison, ce dernier la trousse malgré la présence goguenarde du cocher. Puis ce sont deux sœurs à
Deux soeurs
Venise lui confiant les clés de leur maison et partageant sa couche dès qu’il lui en prend l’envie. Puis une longue histoire avec une ravissante romaine, notre abbé déployant tous ses talents pour séduire le mari par sa droiture,  son honnêteté, sa vertu et son haut sens moral et profiter des charmes de l’épousée dès que possible. Celle-ci offrira même la virginité de sa sœur à son bel amant. C’est alors qu’il quitte l’habit de prêtre qu’il fait la connaissance d’un jeune castrat  troublant qui n’est sans doute  pas ce qu’il prétend être. Le récit se clôt sur leur séparation.


Extase et Piété
Stefano Mazzotti reste fidèle à l’esprit de Casanova, mettant en avant la galanterie et le jeu. Il réussit également à mettre en place un dessin très moderne mais rappelant les tableaux de la Renaissance italienne, que ce soit dans le choix des couleurs, le vert émeraude ou le rouge carmin ou dans la composition des cases, très  structurées. Il apporte aussi un aspect vitrail en rehaussant les contours des personnages d’un trait noir, ce qui renforce l’aspect religieux. On ressent une véritable influence des classiques, notamment des sculptures  que ce soit l’extase de Sainte Thérèse d’Avila du Bernin ou la Pietà de Michel-Ange, dans un télescopage entre extase mystique et jouissance charnelle.

Au niveau de la lecture, le ton reste plaisant, on suit la badinerie du personnage sans buter sur les différences de langage dues au temps. Tout en gardant un langage ampoulé, reprenant sans doute des passages entiers de l’original, Mazzotti apporte une fluidité au texte, ce qui rend la lecture aisée et plaisante.

Ce premier tome inaugure d’une série de qualité bien que parfois trop linéaire. Il faut cependant reconnaître un véritable travail de composition  avec un graphisme et un parti pris intéressants jouant sur une certaine formalité tout en détournant les codes. Cela laisse augurer de bonnes choses pour la suite et permet surtout une adaptation plaisante et abordable d’un personnage que l’on ne connait pas tant que ça.