9/10Sillage - Tome 2 - Collection privée

/ Critique - écrit par Evan, le 22/09/2007
Notre verdict : 9/10 - Il était un petit Nävis (Fiche technique)

Tags : sillage tome collection jean david navis morvan

Nävis doit désormais apprendre à composer avec les règles qui s'imposent aux membres de Sillage... Règles que certains ne se gênent pas d'enfreindre...

Buchet et Morvan nous proposent dans ce second tome de découvrir un peu mieux le second héros de leur série : le convoi de Sillage. Après avoir présenté un héros humain plutôt banal à nos yeux de terriens du 21ème siècle mais si particulier aux yeux d’une peuplade de races diverses regroupées sur Sillage, il fallait bien cette aventure mêlant action et mystères pour nous dévoiler Sillage, de corps et d'esprit. Entrez dans la spirale infernale pour appréhender ce monde à part.

Nävis, fourmi égarée.

Nävis, un peu perdue
Nävis, un peu perdue
Navïs, qu’on quittait prisonnière à la fin du premier tome, a fini par se plier aux règles de cette communauté tentaculaire. Entre deux entraînements et quelques refus de se faire ausculter de trop près par des médecins intrigués, elle vaque à diverses tâches. Malheureusement, pour la Constituante, le conseil qui régit ce petit monde, cela ne peut durer indéfiniment, chacun devant trouver sa place dans la  fourmilière que représente Sillage, convoi sans fin d'astronefs, de vaisseaux pirates, de croiseurs et autres cargos filant à travers l’univers en quête d’aventures et probablement de richesses (mais savent-ils vraiment pourquoi ils errent ainsi ?). Tandis que notre jeune héroïne a des démêlés avec l’autorité, un médecin tente de sauver le Vistern, un objet convoité par trois mercenaires qui vont le prendre en chasse. Il ne faudra pas longtemps à Nävis pour entrer dans la course et découvrir que ce nouveau monde qui l’héberge est loin d’être le paradis qu’on pourrait croire...

Nävis, convoitée.

Nävis s’entoure désormais d’une palanquée de personnages secondaires qu’on apprend à connaître au cours de cette aventure rythmée par les courses poursuites et les révélations et qui pourraient tous nous surprendre un jour ou l’autre... On notera tout particulièrement le lien qui s’est resserré entre elle et Rib’Wund, n’apparaissant que comme un émissaire de Sillage dans le précédent tome, mais aussi les personnages bienveillants de son médecin et de son tuteur, sans oublier Snivel qu’elle a légèrement customisé ou encore Bobo, jamais loin d’elle.

le consul Enshu Atsukau
le consul Enshu Atsukau
Et puis Enshu Atsukau, consul aux goûts raffinés qui se prend d’admiration pour la belle Nävis et qui allie le charme d’un partenaire de bal et la convoitise d’un prédateur. Un personnage tout en longueurs qui n’aura sûrement de cesse de se faufiler ici et là, dans l’avenir. Peut-être même où on l’attend le moins. A la fois fourbe, manipulateur et d’une droiture affichée, le personnage campe à lui seul tous les paradoxes de Sillage : des races unies dans un même voyage, où chacun se plie aux règles de la communauté, tout en tentant d’imposer ses mœurs, quitte à s’imposer... par la force ! Dans le tome 1, les Hottards laissaient déjà entrevoir ce double jeu auquel on s’adonne forcément si on veut faire coexister sa propre vie et celle d’une communauté aussi hétéroclite.

Toujours de bonne facture !

Aussi étrange que cela puisse paraître, ce tome n’est pas plus long, et pourtant l’histoire paraît démesurément plus dense que dans le précédent tome. Les courses-poursuites sont effrénées et ce qui aurait pu être des temps morts où l’histoire se dévoile allie la plupart du temps l’humour et l’intrigue, rendant chaque moment rythmé sans faire baisser pour autant la tension qui va crescendo... Au revoir les trop longs plans descriptifs, ce tome est résolument tourné vers l’action, bonjour les découpages nerveux et irréguliers, prompts à souligner l’aspect chaotique des phases d’action. A cela s'ajoute que, de nouveau, le trait et la coloration sont d'une remarquable justesse sans basculer dans les codes couleurs trop conventionnels !

Il n’en fallait pas moins pour me convaincre qu’on pouvait faire du bon en 46 pages sur la base d’une idée aussi riche. Et quand un scénariste sait raconter, que la mise en planche est aussi énergique et finement choisie et que le dessin reste constant et sans faille, mis en couleur avec toujours autant de justesse, on ne peut que conseiller la lecture du vrai début d’une vraisemblablement grande aventure. A eux de savoir tenir la route ! Et pour ça, il faudra lire la suite...