6/10L'Arrache-Coeur

/ Critique - écrit par plienard, le 13/10/2012
Notre verdict : 6/10 - la Misère rit ... (Fiche technique)

Jean-David Morvan adapte un second roman de Boris Vian, L’Arrache-cœur, une histoire loufoque d’un médecin arrivant on ne sait pas comment et d’on ne sait où dans une maison au bord d’une falaise où une femme est sur le point d’accoucher de « trumeaux, des jumeaux et un isolé ».


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Le médecin s’appelle Jacquemort et n’est pas de la région. Et ce n’est pas le médecin idéal pour un accouchement, c’est un psychanalyste. Au mieux, il vous accouche de vos âmes. Il est arrivé, ici, car il cherche des gens à psychanalyser. Il se sent tellement vide qu’il cherche à se remplir de l’âme des autres.

Si lui n’est pas tout net, là où il arrive ce n’est pas mieux. Dans les premières pages, il se fait renverser par un bouc qui vient prendre dans ses bras (si, si, je vous assure !!) la biquette morte sur le chemin. Il faut dire, que dans le coin, les villageois, ce sont des tarés. Cruels avec les animaux, vendant les vieux à la foire comme des esclaves, ils vendent leur honte à la gloïre, un personnage tout aussi bizarre que les autres.

On imagine volontiers que ce roman de Boris Vian a pu paraître étrange à l’époque de sa sortie (1953) et peut-être même faire son petit scandale. Les paysans s’en prennent plein les dents : cruels, ignares, dégénérés, débiles. Le clergé n’est pas en reste et se fait sonner les cloches (humour !) avec son curé moralisateur et enfin l’amour maternel en prend un coup assimilé à une prison et personnifié par la grosse Clémentine (qui accouche une arme à la main !).

La littérature en bande dessinée, c’est une bonne idée, à mon avis. On ne peut pas tout lire et c’est une bonne façon, agréable, de découvrir une œuvre. Et quand c’est Jean-David Morvan qui s’en charge, c’est déjà une bonne option. Encore faut-il qu’elle soit bien dessinée. Ici, le rôle en revient à Maxime Péroz (L’odyssée du temps, Sucré salé). Avec ses pages en noir et blanc, il parvient à donner, à la fois un côté inquiétant et profondément iconoclaste à cet univers. Clémentine n’est pas sans rappeler l’actrice Kathy Bates dans Misery et le manoir a l’aspect lugubre des films d’horreur. Les villageois ne sont pas en reste d’ailleurs. Pourtant le noir et blanc a ses limites qui se font ici réalité. Les cases manquent parfois de volume, l’absence de couleur ne permettant pas de donner la profondeur nécessaire et les détails sont parfois difficiles à cerner. Du coup, le dessin paraît un peu plat (paradoxal, non ?).

Au final, j’ai été ravi de découvrir cette œuvre. J’en reste dubitatif après avoir tourné la dernière page mais l’envie de découvrir le roman s’est éveillée en moi.


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