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8/10Gwendoline - En course pour la Gold Cup

/ Critique - écrit par Maixent, le 25/04/2012
Notre verdict : 8/10 - Bondage etc. (Fiche technique)

Tags : pour livres gwendoline willie course john gold

S’il existe bien une référence en matière de bondage et de fétichisme dessinés, il s’agit sans contexte de John Willie.

A la fois dessinateur et photographe, il est particulièrement connu du milieu SM et
Gwendoline au quotidien
fetish pour la publication de la revue Bizarre, lancée en 1946 et vendue par correspondance jusqu’en 1959. Il décédera deux ans après d’une tumeur du cerveau, complétement ruiné. Plus qu’un pornographe, Willie est pour la plupart des personnes qui s’intéressent à ces pratiques, un guide. En effet, la revue Bizarre, en plus de mettre en avant une esthétique, prodiguait des conseils pratiques et une mise en avant de déviances permettant  aux intéressés de mieux appréhender leurs envies et de mieux les comprendre.

En parallèle de cette œuvre majeure dans sa vie, John Willie donne naissance à une grande héroïne de la bande dessinée érotique, Gwendoline. Dans une première réédition chez Delcourt parue sous le titre de « La princesse perdue », on voyait déjà cette jeune fille naïve en prise avec son ennemi de toujours, Sir D’Arcy et se retrouvant dans des postures souvent en inadéquation totale avec son esprit de jeune vierge effarouchée, un peu dans le même style que Blanche Epiphanie, toujours dévêtue malgré elle.

Malgré le côté sadique à souhait, l’utilisation d’entraves et des contorsions douloureuses voire impossibles, on conserve une certaine pudeur. Pas de sang, pas d’organes génitaux, et surtout, pas de sexe. On ne verra jamais la belle héroïne dans un acte sexuel. Victime encordée et icône plus que réalité, Gwendoline est un
Comment éduquer sa soubrette
symbole intouchable et, à sa façon, pur. Willie est un fétichiste et toute la sensualité de son héroïne est intellectualisée. Les trois histoires (quatre si l’on compte Le Journal d’une femme de chambre française) ne sont que prétexte à situations burlesques et postures inconvenantes. On est proche du dessin humoristique façon Bill Ward mais avec une touche supplémentaire de sadisme soft et de plaisir pervers assumé.

L’album en lui-même vaut surtout pour sa qualité historique. En effet, en plus de l’absence de finesse dans le scénario, un méchant caricatural à souhait et des intrigues un peu ringardes, le dessin manque lui aussi de finitions. Il faut se rappeler qu’il s’agissait d’ouvrages vendus un peu en cachettes comme des bibles de Tijuana et la qualité d’impression n’est pas toujours au rendez-vous. Les éditeurs ont cependant eu la très bonne idée de proposer une galerie d’illustrations en fin d’ouvrage, une série de planches dessinées entre 1935 et 1958 dans lesquelles le talent de Willie est réellement mis en avant, laissant libre cours à son imagination débordante en terme de soumission.

Pour tout amateur de bande dessinée érotique, il est important de passer à un moment ou à un autre par John Willie, de comprendre une époque et de mieux saisir les bases du dessin SM actuel. Pour un novice, la qualité du trait peut être rebutante et le scénario un peu ringard mais tout cela conserve un certain charme élégant et désuet qu’il serait dommage de rater.