Sous les étoiles
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 06/08/2017 (Tags : paris sous etoiles parc jardin patrimoine ville
Sexe, amour, humour et émotion
Peu connue en France, Laura Scarpa est pourtant une artiste réputée en Italie, plus proche cependant du roman graphique et de ce que l’on pourrait qualifier de bd d’auteur, notion difficilement définissable, mettant en avant des choix esthétiques propre et un certain regard personnel sur le monde, éloigné d’une conception purement divertissante. En ressort des récits directs, intimes et « vrais » que l’auteur nous livre sur quelques pages, toujours avec une cohérence narrative globale et un regard à la fois tendre et amusé sur les rapports amoureux.
L'Amour pour tous
Dix-sept histoires de sexe et d’amour sont rassemblées ici, auparavant imprimées indépendamment dans le magazine italien, Blue. Sans lien apparent, elles mettent en avant des moments de vie. Des relations homme/femme assez softs et touchantes. Des petits moments de grâce et d’étonnement dans la vie d’un couple ou d’une rencontre fortuite. Ce sont les petites histoires qui étaient juste assez décalées par rapport au quotidien pour que l’on s'en souvienne, s’en amuse ou s’en émeuve. Ce qui donne un album assez cohérent, empli de finesse, du moins en ce qui concerne le traitement des psychologies, car le trait, lui, est plutôt grossier.
C'est réglé
Non pas que le dessin soit mauvais, les clairs obscurs sont maîtrisés, la profondeur de la case et les reliefs également. C’est plutôt l’épaisseur des traits qui surprend et l’absence de lignes droites qui rappelle la bande dessinée underground française des années 80 avec une matière assez lourde et des techniques d’impression rudimentaires donnant un côté artisanal plus humain mais un peu brouillon parfois. On note tout de même des recherches graphiques intéressantes comme des planches sans dessin qui rappellent La bande pas dessinée de Navo ou des couleurs (une seule d’ailleurs dans tout l’album, le bleu) qui « dépassent » des traits, de grands aplats qui confèrent un dynamisme particulier tel que celui que l’on pouvait voir dans L’arabe du futur de Riad Sattouf. Au final, le dessin est assez surprenant et parfois rebutant mais riche de trouvailles graphiques.
Les histoires sont touchantes et l’on navigue entre l’humour et le tragique, deux éléments toujours liés. On fera la connaissance de Teodora qui perd sa virginité avec un beau marin inconnu, qui ne se gêne pas pour la pénétrer sans qu’elle ait le temps d’enlever son tampon, ce qui lui provoquera un blocage pendant dix ans. Ou alors ce doux salopard qui frustre volontairement sa maîtresse lors d’un weekend entre amis pour que celle-ci se venge en couchant avec son meilleur ami. Mais tout était prévu par les deux hommes…. Sans trop en dévoiler ces deux histoires donnent le ton d’ensemble de l’album qui reste assez agréable à lire et gentillet.
Il ne faut pas attendre de Sous les Etoiles une révolution mais un album touchant, et émouvant à défaut d’ être excitant, jouant de diverses techniques narratives et graphiques.