Delcourt : Lignes de front T1&2, Jour J T16, Le combat des justes, Détectives

/ Critique - écrit par plienard, le 15/08/2014

Deux nouvelles séries (Lignes de front et Détectives), une série déjà bien installée (Jour J) et une série émouvante (le Combat des justes), c'est le cocktail rafraichissant de cet été que je vous propose chez Delcourt.

Lignes de front, tome 1 & 2 – note 7/10

Lignes de front de est une nouvelle série chez Delcourt, annoncée en huit albums pour six destins qui se croisent et s’entrecroisent. Six personnages – le français Emile Berger, l’anglais Tim Page, l’allemand Joachim Klein-Combourg, l’australien Peter Yates, l’allemande Magdalena Kopps et l’américaine Cheryl Matthew – vont se rencontrer lors des JO à Berlin en 1936 et sympathiser après une course-poursuite avec les schupos (les policiers nazis).


© Delcourt.

Une série Delcourt dans sa collection série B, dans un univers historique – la seconde guerre mondiale – beaucoup d’entre vous ne seront pas étonnés d’y voir la patte de Jean-Pierre Pécau, l’auteur des séries comme L’Histoire secrète, Jour J, Les 30 deniers ou Paris maléfices. Le premier album est l’œuvre de Brada, un auteur de l’ex-Yougoslavie qui a signe la série L’expert avec Frank Giroud (chez Glénat). Le deuxième tome est l’œuvre de Benoît Dellac. Ce dessinateur a déjà collaboré avec Jean-Pierre Pécau pour L’Homme de l’année – 1871 et a travaillé sur des séries comme Missi Dominici ou Les princes d’Ambre chez Soleil.

Deux styles réalistes assez proche l’un de l’autre ce qui permet de reconnaître les personnages qui reviennent entre chaque album. Focalisé sur le français Émile Berger, le premier album introduit tout les personnages avant de démarrer la première ligne de front avec le français à bord de son char. Il va tenter de s’opposer à l’avancée des allemands et quelques belles oppositions de chars vont nous être proposées.

Le deuxième album est consacré à Tim Page et à la bataille d’Angleterre. Si le dessin est parfait, on est cependant déçu du peu de batailles aériennes qui nous sont accordées. Une bataille d’Angleterre un peu minimaliste.

 

Détectives, tome 1 – note 8.5/10

Miss Crumble est peut-être un nom qui ne vous est pas inconnu. Elle n’a rien à voir avec le gâteau anglo-saxon du même nom. Elle n’apprécie d’ailleurs pas vraiment l’allusion. Si vous êtes fan de bande dessinée, que vous êtes un lecteur des albums Delcourt, que vous suivez la série thématique 7 et que vous êtes un fidèle de Krinein – ça commence à faire beaucoup de paramètres – vous avez surement déjà rencontré ce personnage.


© Delcourt.

Miss Crumble est l’un des personnages de 7 détectives, par Herik Hanna (dessiné par Eric Canete). Il reprend ici son personnage pour une nouvelle aventure, ou plutôt, une nouvelle enquête sur une série de meurtres spectaculaires à Sweet Cove, une charmante bourgade anglaise. Des assassinats qui coïncident avec le retour improbable du comte John Crackersmith, déclaré mort à la guerre. Une enquête toute britannique avec une miss Crumble qui est à l’image des célèbres détectives que sont Holmes, Poirot ou encore Jessica Fletcher avec (beaucoup) plus de sensualité et ce petit air pincé et sexy que seules les britanniques savent avoir.

Le dessin est ici signé Sylvain Guinebaud, dans la lignée d’Eric Canete.

Ayant tiré ce personnage de 7 détectives, Herik Hanna va continuer cet essai transformé avec six autres one-shot consacré à chacun des autres personnages. Si la qualité est toujours au rendez-vous, cela en fera une série incontournable et ouvre de nombreuses perspectives à d'autres albums.

Élémentaire mes chers lecteurs !

 

Le combat des justes – note 6.5/10

Après Les enfants sauvés (huit récits sur le sauvetage d’enfants pendant la seconde guerre mondiale), les éditions Delcourt reprennent le même thème avec le Combat des justes. Initié par Philippe Thirault, on va découvrir six récits centrés sur des « justes ». Mais qu’est-ce qu’un juste ? C’est le titre honorifique accordé à des personnes qui ont fait preuve de courage et ont sauvé des personnes persécutées pendant la seconde guerre mondiale. Six beaux récits qui, s’ils manquent un peu de suspens et de profondeurs, ont un réel impact émotionnel. Des hommes et des femmes, des villages même, qui en ont aidé d’autres au mépris de leur propre sécurité. Ce sont des courageux comme l’abbé Glasberg, les habitants de Chambon sur Lignon, le consul du Portugal, Shatta et Bouli Simon, Félix Chevrier, ou encore mère Francia. Des hommes et des femmes que peu d’entre nous connaissent.


© Delcourt.

Heureusement cet album leur rend hommage en toute simplicité, en rappelant leur action. Six dessinateurs pour six histoires qui font passer une réelle émotion. Chloé Cruchaudet (Groenland Manhattan), Albert Pagliaro (La mano), Hervé Duphot (Les combattants), Lionel Marty (Le rêve de Jérusalem) et Aude Soleilhac (La guerre des boutons) sont les artistes qui ont participé à cet album.

 

Jour J, tome 16 – note 8/10


© Delcourt.

Et si le Brésil avait gagné la coupe du monde de football chez eux ? Le monde en aurait-il été différent ? Sans doute pas. Mais au travers de cette question inutile se cache le thème de la série Jour J : l’uchronie ou cette manière de changer l’histoire après avoir changer le cours d’un événement.

Lorsque Jean-Pierre Pécau et Fred Duval imaginent le contraire d’un événement historique, ils en détricotent les conséquences. Ici, le naufrage du Titanic n’aura pas lieu. Un jeune homme, Maxime Waterson, va faire éviter de justesse la collision en prévenant l’équipage qu’il a vu un iceberg au travers de sa lunette astronomique alors qu'il était sur le pont. Cet événement va être considérable car à partir de ce moment, tout ce qui devait arriver au cours du vingtième siècle va être chamboulé.

Cet album est peut-être le meilleur de la série. C’est en tout cas celui qui va le plus loin. Souvent, au gré des albums de la série, on peut voir que si un événement ne se réalise pas, le destin reprend le dessus au final. Ici, il n’en est pas question. Pour maxime Waterson – celui par qui le malheur ne va pas arriver – 'le destin n’existe pas' (page 16). Avec cette philosophie, il va façonner le monde pour en faire un monde idéal plus juste, sans frontière, avec l’eau et la nourriture accessible à tous. Tout cela parce qu’il a évité le naufrage du Titanic ! Mais un monde idéal impose une intransigeance qui a des conséquences. Je vous laisse découvrir le 20ème siècle dessiné de main de maître par Damien, le dessinateur du tome 8 de Jour J, Paris brûle encore et de la série Arcane majeur et d’une brève histoire de l’avenir dont on retrouve un peu l’ambiance.