Delcourt : Jour J T17, Je François Villon T2, Métropolis T2
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 03/11/2014Tags : delcourt albums tome comics jeunesse manga paris
Jour J, tome 17 – note 8/10
Les sujets uchroniques sont inépuisables. Et l’Histoire en est sa source d’idée première. Le « délire » des conteurs de bande dessinée peut s’exprimer à volonté. La série JOUR J en est la preuve évidente. Les rois de l’uchronie sont sans nul doute Jean-Pierre Pécau et David Chauvel. Ils ont, cette fois, imaginé que le père de Napoléon fuit la Corse pour éviter une vendetta contre lui. Dès lors, Napoléon Bonaparte ne pourra plus conquérir, ni la France, ni l’Europe. Il sera par contre le fils adoptif du père de Georges Washington et va acquérir sa légende au travers de nombreuses batailles sur le continent américain, notamment en chassant les anglais et les français d’Amérique. Son prochain objectif : chasser l’Espagne du Mexique.
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Jean-Pierre Pécau et David Chauvel réinventent l’histoire et elle n’en est pas moins extraordinaire. Ils ont gardé l’essence de ce qui fait la légende du petit caporal et la transpose en Amérique – les grognard, ces soldats fidèles jusqu’au boutisme, les trahisons qui lui seront fatales -.
En terme de récit uchronique, Jour J est sans doute la plus belle réussite et la plus prolifique.
Je, François Villon, tome 2 – Note 5.5/10
Après un premier tome où on découvrait le personnage de François Villon – rien à voir avec un homme politique de droite qui aurait modifié son nom – devenir poète, on continue avec une seconde partie de sa vie plutôt sombre. Le sous-titre, bienvenue parmi les ignobles est particulièrement explicite tant l’homme, pour devenir un coquillard, va accepter et assister aux pires crimes qui soient. Le récit est ici très dur. Et si la vue des horreurs est tout à fait soutenable – les dessins ne vont pas exprimer la réalité crûment et vont la sous-entendre – les sentiments qui en découlent restent très forts.
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Le parcours de cet homme est en effet intéressant mais on a du mal à discerner s’il agit pour sauver sa vie, par ambition ou par opportunisme. L’album est ici une adaptation du roman de Jean Teulé par l’italien Luigi Critone. Après deux tomes de La rose et la croix chez Soleil et 7 missionnaires chez Delcourt, il nous montre tout son talent dans cette biographie qu’il a découpée en trois albums. Jean Teulé n’en est pas à son premier roman adapté chez Delcourt après Le Montespan et Le Magasin des suicides et le très remarqué Charly 9 par Richard Guérineau.
Métropolis, tome 2 – note 7/10
Serge Lehman nous offre le meilleur de lui-même avec sa série Métropolis. La couverture du tome 2 avec sa tête de mort auréolée au-dessus du building (à l’inverse de la couverture du tome 1) impressionne d’emblée et annonce une plongée dans les méandres de la ville et la noirceur de l’âme humaine.
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La ville franco-allemande, Métropolis, est en plein émoi. Le monument de la Réconciliation a été l’objet d’un attentat qui a fragilisé ses fondations. C’est au cours de son inspection qu’une chose bien plus extraordinaire a été découverte : une crypte contenant trois corps de femme. Gabriel Faune, le citoyen n°1 de la ville et l’inspecteur Lohmann enquêtent sur le lien possible entre les deux affaires.
Il y a un côté Gotham city dans le Métropolis de Serge Lehman qui aime des super-héros et le prouve avec Masqué chez Delcourt (4 tomes). Mais il apporte un côté made in France qui marche plutôt bien. Ici, le côté psychologique des personnages est très important au point qu’il utilise le docteur Freud, en personne, pour suivre les deux inspecteurs.
Quant à leur enquête, elle avance vers un côté qu’ils n’imaginaient pas et chacun doit faire avec ses obsessions : Loulou la petite amie de Lohmann qui obsède Faune et Lohmann doit cohabiter avec sa double personnalité.
Le mode narratif utilisé – les sentiments de Fauve sont exprimés dans des phylactères rythmant l’album et l’enquête – apportent un peu plus de tension. Le dessin de Stéphane De Caneva finissant de faire monter la pression avec un dessin sombre et jouant sur l’aspect lisse des visages et la complexité de leurs sentiments. Un thriller névrotique de grande classe.