Delcourt : Wonderball T2, Jour J T20, Homme de l’année 1848, USA über alles T1

/ Critique - écrit par plienard, le 04/06/2015

Pécau et Delcourt, c’est une histoire d’amour qui marche plutôt bien. J’ai pas moins que 4 séries à vous proposer avec le tome 20 de Jour J, le tome 2 de Wonderball, le tome 8 de l’Homme de l’année et le tome 1 de USA über alles.

Wonderball – Tome 2 : Le fantôme – note : 7.5/10

Fred Duval et Jean-Pierre Pécau sont de grands pourvoyeurs du label Série B chez Delcourt. On n’est donc pas étonné de les retrouver à la signature de cette nouvelle série, Wonderball, qui entame son deuxième tome. Et comme l’a très bien résumé le communiqué de presse, on est à la croisée de XIII et de l’inspecteur Harry.


©Delcourt édition 2015.

On est dans le début des années 80 et l’inspecteur Spadaccini aux méthodes toutes personnelles, surnommé Wonderball à cause de sa propension à bouffer des chocolats de ce nom, vient de se faire débarquer de son enquête sur un tueur de masse. Tous les témoins qu’il a pu rencontrer sont morts les uns après les autres. Notamment l’assistant du procureur, Bob Archer, son ami et surtout le compagnon de son ex-femme. Et c’est en assistant aux funérailles que Wonderball va rencontrer le fantôme, un mystérieux personnage qui va lui révéler l’existence d’une drôle d’organisation, le collège invisible, et lui rappeler une partie de l’enfance de l’inspecteur.

L’intrigue de cette nouvelle série est de plus en plus prenante. Peu à peu des pans se dévoilent et complexifient le récit, notamment sur ce qui lie, à son insu, Wonderball avec cette organisation qui semble toute puissante. Un nouveau personnage apparaît en la personne de l’inspecteur Maggie Osterberg, aux méthodes parfaitement antagonistes à celles de Spadaccini. On ressent parfaitement la fracture entre deux mondes, celui du passé et celui de l’avenir. Colin Wilson est toujours le dessinateur de cette série qui promet encore de belles choses à découvrir. Lui qui a déjà dessiné cinq albums de La jeunesse de Blueberry (tome 4 à 9) continue avec ce trait sombre qui convient parfaitement au label Série B.

 

Jour J – Tome 20 : Dragon rouge – note : 8/10

Dans la série des albums Pécau-Duval, je demande le tome 20 de Jour J. La série a maintenant 5 ans et va déjà entamer la vingtaine d’albums. Et à l’heure où j’écris ces quelques lignes, deux autres tomes sont déjà annoncés.

L’uchronie permet de réécrire l’histoire à volonté. Pour un prof d’histoire comme JP Pécau, c’est du pain béni. Il en use, voir il en abuse. Mais il est vrai qu’il réussit à chaque fois à en tirer de bons albums et ce (petit-)vingtième tome est encore d’un bon acabit.


©Delcourt édition 2015.

En 1954, la France est embourbée en Indochine, à Dien Bien Phu. Sans l’aide inespérée des Etats-Unis d’Amérique, on connaitrait déjà la suite de l’histoire. Mais dans l’histoire de Pécau et Duval, les américains lancent une frappe nucléaire sur les Viêt-Congs et cela débouche sur une troisième guerre mondiale.

Et c’est là que les auteurs réussissent à nous surprendre. Car loin de vouloir refaire entièrement l’Histoire, Pécau & Duval préfèrent utiliser ce contexte faussement historique pour nous raconter un simple polar à l’américaine.

Un privé est contacté par une superbe et riche chinoise pour retrouver son père disparu, M Wu. Cela va emmener Lawrence S. Ivory sur les chemins de politicards un peu véreux et qu’on connaît très bien.

Avec le dessin de Denys, qu’on a récemment vu dans Le Casse – Soul man en 2010, on a un récit efficace avec des personnages désabusés et désabusants, et des dialogues énergiques. On se croirait dans la polar à la Dick Tracy dans un monde parallèle.

 

L’Homme de l’année – Tome 8 : 1848 – note : 7.5/10

Une série Delcourt du label Série B, doublée d’une série historique, il n’est pas étonnant de trouver la signature de JP Pécau. Accompagné de Benoit Della au dessin, il est question ici du huitième tome de l’Homme de l’année, pour l’année 1848 plus exactement.


©Delcourt édition 2015.

Les velléités de démocratie émergent un peu partout en Europe. Karl Marx va faire éditer son manifeste mais il a besoin d’argent. Un mystérieux mécène va l’y aider, lui qui a déjà mis en pratique cette idée de société communiste, n’en déplaise à Marx. Il s’appelle Jean Lafitte, un ancien corsaire.

Et si Karl Marx n’avait pas été l’ « inventeur » du communisme. Et si avant lui, d’autres hommes avait réussit à mettre en pratique cette idée où chacun est libre de décider.

Avec un dessin qui rappelle celui de Jean-Yves Delitte ou ses récits historiques que l’on trouvait dans le journal de Spirou, on plonge dans un dix-neuvième siècle effervescent, où certaines idées – de liberté, d’égalité, de démocratie – prennent forme et consistance. Dans cet environnement, on découvre quelques épisodes de la vie de Jean Lafitte. Et finalement, il sera plus question du passé du corsaire plutôt que de l’année 1848 où il viendra sauver Karl Marx en France.

 

 

USA über alles – Tome 1 : Projet Aurora – note 5.5/10

Une série Delcourt du label Série B, une série uchronique en pleine seconde guerre mondiale, vous savez de qui il est question au scénario ! Côté dessinateur, ce n’est pas non plus un inconnu pour les lecteurs de Krinein. Maza est le dessinateur de la série Wunderwaffen aux éditions Soleil, une série uchronique en pleine seconde mondiale ! Tiens, tiens ! C’est peu dire qu’il retrouve ici un univers qu’il connaît bien avec toujours un as de l’aviation, français cette fois, avec un côté fantastique et science-fiction en moins.


©Delcourt édition 2015.

Bref, un air de déjà-vu, renforcé par l’étrange idée de faire une couverture qui rappelle celle de la série Jour J. Sachant qu’il était prévu que le récit intègre réellement la fameuse série uchronique  qui entame son vingtième album, on n’en sera pas plus étonné que cela. Le problème est que, du coup, on a envie de dire : encore une uchronie !

Côté scénario, c’est du classique mais efficace de chez Pécau. Les allemands et les américains son devenus des alliés contre la Russie à la suite de l’attentat réussi contre Hitler. Mais la guerre risque de s’éterniser et côté « nouvelles forces alliées », on veut utiliser un nouveau modèle d’avion pour « mettre Staline à genoux en moins d’une semaine ». Ils vont avoir besoin d’un as de l’aviation, le français Nicolas Charlier, retenu prisonnier par les anciens amis russes.

Si on se gratte la tête pour savoir si on n’a pas déjà vu tout cela quelque part, il convient aussi de dire que le récit est assez prenant tout de même. Cela vaut surtout pour le récit des mésaventures de l’aviateur français plutôt que pour la partie géopolitique qui nous est exposée. Elle est en effet nécessaire pour comprendre les nouvelles oppositions en présence. Mais elles demandent beaucoup de place avec des explications par forcément très digestes. Le talent de Maza est de réussir à faire passer la pilule.

Au final, on se perd un peu sur la finalité de cette série. Entre les références à Jour J et Wunderwaffen, cette histoire prévue en trois tomes va avoir besoin des autres albums pour pouvoir s’émanciper et devenir peut-être une autre référence.