7/10Le Rêve de Jérusalem - Intégrale

/ Critique - écrit par plienard, le 24/12/2010
Notre verdict : 7/10 - un Live en noir et blanc (Fiche technique)

C'est l'histoire violente de deux personnages dotés de pouvoirs divins et d'une princesse cruelle qui partent faire la première croisade chrétienne jusqu'à Jérusalem. On y retrouve le 300 de Frank Miller.

Hermance Languedolce a un don. Il guérit les blessures, les maladies juste en positionnant ses mains et en présence de sa mère. Sa renommée fait rapidement tâche d'huile, et on vient de loin pour le voir. De nombreux malheureux viennent en profiter. Mais l'amant de sa mère, un illuminé, profite de sa renommée pour soulever une armée de paysan et de serfs pour détruire les propriétés des seigneurs. Malheureusement, la mère d'Hermance meurt et son don disparaît avec. Cette armée est exterminée et Hermance torturé sur la place publique. Il y fait son dernier miracle et est recueilli par des tziganes qui l'éduquent. Après avoir raconté son histoire à sa nouvelle famille, il perd tout souvenir de cette période.

Couverture de l'intégrale
Couverture de l'intégrale
Karlis est un simple chevalier. Mais sa fougue et son énergie au combat font rapidement de lui le chef d'une armée et sa renommée. Sans dieu et très violent, il pille et vole les villages pour soulager son armée entre deux campagnes de guerres. Lors de la destruction d'une église, un moine lui fait face. Provoqué par celui-ci qui le met au défi d'embrasser la sainte croix, il veut prouver qu'il n'a pas peur de le faire. Mais cet acte va être une révélation pour lui. Le don de reconnaître le bien du mal va lui être donné. Il va être le bras armé du christ, va accompagner le seigneur Bohémond de Talente jusqu'à Jérusalem.

Istvana est une princesse Tafur. Mais pas une princesse comme dans les contes pour enfants. Cette princesse-là est capable de tuer 40 hommes à elle seule. Car pour être à la tête d'une armée Tafur, il faut être bien plus fort et plus intégriste que ses soldats. Car ce sont de redoutables et de redoutés soldats, réputés immortels ! Istvana est leur chef et leur princesse !

Les éditions Dupuis sortent cette intégrale en noir et blanc avec un beau papier très épais qui donne une belle impression de qualité. Comme son nom l'indique, l'intégrale regroupe l'intégralité des albums de la série soit 4 albums.
Si le premier album (La milice sacrée) est celui de la présentation des trois personnages clés, il met aussi en avant le sujet qui va être violent. Dans le second tome (L'épreuve divine), on suit les personnages au début de la première croisade. On entrevoit que Karlis s'est épris de la princesse qui n'est pas femme à se laisser dominer par un homme. Tout ce qu'elle veut, c'est être libre, se battre et tuer. Karlis, par passion, va apprendre la langue des Tafur, que Languedolce connaît déjà. Pendant la première partie de leur périple vers Jérusalem, de nombreux incidents tragiques vont rapprocher ou éloigner nos trois personnages. Karlis voit en Languedolce tout le don qu'il possède et qu'il ne peut mettre en action que grâce au live. Languedolce, lui, ne croit pas en ce don malgré les choses extraordinaires qu'il a déjà faites. Mais les deux hommes vont découvrir qu'ils sont amoureux de la farouche princesse. Et si les rapports entre les deux hommes n'étaient pas franchement amicaux, cela ne va rien arranger. Dans le troisième tome (La blanche lance), la difficulté de la prise d'Antioche accapare une bonne partie de l'album. Si les rapports entre les personnages deviennent conflictuels, la série met en avant la part belle aux combats. Dans le quatrième tome (Ecce homo), les voilà enfin à Jérusalem.

La première croisade est le prétexte pour l'auteur Philippe Thirault de nous raconter une histoire épique et fantastique à la fois. Épique car elle met en scène des chevaliers. Fantastique par le côté incroyable d'une telle aventure : des hommes, au nom de leur foi, partent pendant trois ans dans un pays inconnu. Mais aussi par le côté irréel que Philippe Thirault a donné aux personnages Karlis et Languedolce. Ils sont dotés de pouvoirs surhumains, voir christiques.


Si dans cette histoire, il y ait beaucoup question de guerre de meurtres, il y ait aussi question d'amour. L'amour de Dieu en premier lieu, même si cela ressemble plus à de l'intégrisme qu'à autre chose. Mais aussi d'amour entre les trois personnages. Car ils ne sont rien l'un sans l'autre. Si l'on osait, on pourrait les comparer à la sainte trinité.

Et si tout cela est bien beau sur le papier, c'est aussi en partie grâce au dessin de Lionel Marty. Car si son talent de dessinateur est indéniable (les scènes de batailles sont incroyables), on applaudira aussi le découpage des albums. Certaines cases se tiennent sur deux pages, le tout dans une fluidité qui n'empêche jamais la lecture et la compréhension. Le noir et blanc de l'intégrale nous dévoile tout l'art de Lionel Marty. Mais ses nombreux traits, ses nombreux détails assombrissent le dessin qui en deviendrait presque surchargé. La couleur permet d'éclairer tout cela. Il n'en reste pas moins que c'est un bel ouvrage.