Les aventures de Lucky Luke d'après Morris T9, Les Tuniques bleues T65

/ Critique - écrit par plienard, le 07/11/2020

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C"est peu dire qu'on est à l'heure américaine dans nos médias en ce moment. Alors on met aussi notre grain de sel, mais de manière beaucoup plus sympathique ! On vous concocte un Week-end spécial Western, avec, pour commencer, deux séries mythiques : Les tuniques bleues chez Dupuis, et Lucky Luke chez Dargaud.

Une aventure de Lucky Luke d'après Morris - Tome 9 : Un cow-boy dans le coton - note : 7/10

Lucky Luke hérite d'une immense plantation en Louisiane. Bien embêté de devoir gérer un tel domaine, il va décider de la léguer aux seules personnes méritantes et capables de s'en occuper : les fermiers noirs qui ne croient pas cela possible. Et les planteurs blancs ne comptent pas le laisser faire. Et le fait de tirer plus vite que son ombre, ne va pas s'avérer si utile que cela dans cet épisode.


© Dargaud 2020.

 

 

Comme il aime le faire avec ses autres séries, comme Silex and the city, Jul aime faire des parallèles avec l'actualité. Ici, le problème du racisme en Amérique. Un sujet grave et difficile auquel on n'est pas forcément habitué dans cette série humoristique.

Cela donne à cet album une aura particulière, dans lequel Lucky Luke apparait en décalage. Pas serein de devenir riche, il ne devra sa survie qu'à l'aide d'un personnage que certains connaissent peut-être pour avoir lu la série Marshal Bass (chez Delcourt) ainsi qu'à  la bêtise de quatre personnages bien connus des fans de la série. Mais surtout, pour une fois, Lucky Luke ne se confronte pas un homme, mais à des idées très ancrées. Une situation inhabituelle pour lui.

 

Les Tuniques bleues - Tome 65 : L'envoyé spécial - note : 7/10

Le nouvel album des Tuniques bleues est particulier pour deux raisons : la première sont ses auteurs. Le duo mythique Cauvin-Lambil laisse la place à un trio, Beka (Caroline et Bertrand) et José Luis Munuera. La seconde, découle de la première. C'est la 65ième aventure du sergent Chesterfield et du caporal Blutch, alors qu'il n'ont pas encore vécu la 64ième. La cause : Raoul Cauvin signe son dernier album. Une nouvelle qui a dû émouvoir le dessinateur Willy qui a pris son temps pour digérer la nouvelle. Une chose reste cependant certaine : le dessinateur continuera la série à plus de 80 ans !


© Dupuis 2020.

 

Le journaliste britannique William Howard Russel est envoyé en Amérique afin de raconter, pour le Times, le conflit fratricide entre les Nordistes et les Sudistes. Et c'est tout naturellement que le sergent Chesterfield et le caporal Blutch sont nommés pour l'escorter sur les champs de bataille. Mais pas sûr que le point de vue d'un journaliste indépendant plaise à l'état major.

Les nouveaux auteurs offrent une récréation aux lecteurs de la série. C'est l'occasion pour eux de voir s'ils pourront accepter d'autres auteurs que les emblématiques Cauvin et Lambil. Car si Beka et Munuera respectent l'univers de Tuniques bleues, ils n'en font pas pour autant une copie. On a bien le personnage historique ayant réellement existé, le journaliste William Howard Russel, considéré comme le premier correspondant de guerre de l'Histoire. On a aussi cette critique de la guerre qui est une des marques de fabrique de la série avec notamment cette remarque de Blutch, "une horreur pour en réparer une autre !? C'est idiot sergent" (p29), pour démontrer que si cette guerre est faite pour censer mettre fin à l'esclavage, elle fait aussi des orphelins. Si les codes de la série sont conservés, l'histoire est globalement plus complexe qu'un Tuniques bleues traditionnel. On a ici trois arcs scénaristiques qui finissent par se recouper à la fin. Le trio formé par Chesterfield-Blutch-Russel forme déjà un premier arc. Puis, lors de leur pérégrination, ils vont rencontrer la jeune Daisy qui s'occupe d'un orphelinat. Enfin, l'état-major ne va pas apprécier le point de vue du journaliste sur la guerre qui est menée.

Si le style de José-Luis Munuera est identifiable entre tous, il va, à l'image des scénaristes, faire un Tuniques bleues respectueux tout en gardant ses qualités graphiques personnelles. Le plus bel exemple est la représentation des chevaux qui sont dans la veine de ce que fait Willy Lambil. Pour autant, vous savez dire que c'est José-Luis Munuera qui est au dessin, et pas Willy Lambil, avec des mimiques de personnages caractéristiques.

Un album respectueux de l'univers et de la serie mais qui a aussi sa propre identité.  Les nouveaux auteurs s'autorisant à caricaturer Cauvin et Lambil voulant faire sauter un pont dans une sorte de remake de la 7eme compagnie.

 


Les couvertures des 2 albums - © Dupuis - © Dargaud 2020.