Dupuis : Millénium T4, Tuniques bleues T58 et Les chemins de Compostelle

/ Critique - écrit par plienard, le 19/11/2014

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De la violence froide, de la rigolade et de la spiritualité.

Millénium, tome 4 – note 7/10

Adapté des célèbres romans de Stieg Larsson, la série de bande dessinée éponyme, Millénium, est une vraie réussite. Signé Sylvain Runberg, cette adaptation a aussi l’avantage de bénéficier de la qualité graphique de Man, dans une ambiance froide et violente qui caractérise complètement les romans.

Lisbeth est maintenant recherchée par la police pour trois homicides. Bien que tout soit contre elle, Mikaël lui garde son soutien. Persuadé de son innocence contre l’avis général, il va reprendre l’enquête. Ses découvertes vont être choquantes et lui montrer les horreurs qu’a subi la pauvre jeune femme dans son enfance. Pendant ce temps, elle cherche à retrouver son « salaud » de père. Et la réunion de famille s’annonce musclée.

La série de six albums (deux par romans, les 5 et 6 étant prévus pour l’année 2015) n’est pas à mettre entre toutes les mains. Clairement, il convient d’éloigner les très jeunes lecteurs même s’il n’y a pas vraiment de grandes scènes choquantes et crues. C’est plutôt l’ambiance de violence latente qui s’exprime qui peut être dérangeante. Ceux qui connaissent les romans devraient retrouver ce qu’ils y ont aimés.

 

Tuniques bleues, tome 58 – note 7/10

Le duo Raoul Cauvin et Willy Lambil revient depuis de nombreuses années en automne avec son traditionnel album des tuniques bleues. Si la saison actuelle est grise et froide (quoique avec ces changements climatiques..) l’album est lui immuablement plein de bonne humeur et de promesses.

Humour, dépaysement, pacifisme, il sera toujours un beau cadeau de fin d’année pour les collectionneurs, le fan ou pour découvrir la bande dessinée.

Cette fois encore, le caporal Blutch et le sergent Chesterfield sont envoyés en mission de la plus haute importance : trouver des fruits et légumes frais pour endiguer une épidémie de scorbut qui menace. Et lors de leurs recherches, ils vont retrouver un ennemi qu’ils connaissent bien.

Les tuniques bleues sont maintenant devenues un classique de la bande dessinée. Il n’y a plus vraiment de surprises lors de la découverte d’un nouvel album. Les aventures des deux personnages suivent un cadre maintenant bien défini : l’exposition d’un problème – ici le maladie du scorbut –, l’état-major qui réfléchit à comment résoudre le problème et qui arrive toujours à la même conclusion, celui d’envoyer le sergent et le caporal en mission, qu’ils foirent invariablement.

Et si l’album est toujours aussi virulent contre la guerre, on découvre aussi un petit historique sur les débuts du service dentaire dans l’armée. Quand on vous dit que les auteurs ont une dent contre l'armée ! Un peu d’humour et de culture historique dans votre prochain panier de noël, c’est une bonne idée. Si vous pouvez attendre jusque là.

 

Les chemins de Compostelle, tome 1 – note 6/10

Un nouvel album de Jean-Claude Servais s’accueille toujours avec plaisir tant on sait que l’auteur aime nous raconter des histoires de qualité avec simplicité, dans des lieux toujours chargés d’histoire où l’homme a la part belle. On est à peine étonné que l’auteur belge se penche sur les mythique chemins de Compostelle et on s’enthousiasme d’ors et déjà  que sept albums sont prévus.

Quatre destins croisés vont parsemer ce long récit. Il y a Céline, la novice de l’abbaye du Mont Saint-Michel, Alexandre un guide de haute montagne, Dominique un sans-emploi et Blanche que son grand-père a bercé durant son enfance avec les secrets des alchimistes et leur recherche de la pierre philosophale.

Ce premier album, s’il met en place les quatre personnages, est principalement axé sur la relation de Blanche avec son grand-père et cette recherche incessante de tous les détails qui pourraient avoir un lien ou un sens avec les alchimistes au travers des siècles. Une fantastique relation de complicité entre une petite-fille et son grand-père qui va être cassée par le père pour des raisons bassement économique.

Servais aime son pays et il nous le montre à chaque fois (Orval, Godefroid de Bouillon). Nous allons avoir droit à une visite guidée de la capitale belge qui va nous donner l’eau à la bouche. L’architecture, la gastronomie et ses friandises (les cuberdons) sont une invitation plus que convaincante pour nous donner envie de (re-)découvrir ce plat pays. Avant de nous donner envie de parcourir les chemins de Compostelle sans doute. Et comme toujours, dans ce cadre merveilleux, il fait évoluer des personnages énigmatiques, sympathiques ou désagréables. On s’amusera de l’autosatisfaction de l’auteur à faire allusion à une autre de ses séries, Tendre Violette (chez Casterman) en en utilisant quelques vignettes. On pourrait prendre cela pour de la vanité, mais cela sert le récit et plante un peu plus la psychologie du personnage de Blanche et l’ambiance générale. Et mine de rien, cela donne envie de lire cette autre série.