Les Tuniques bleues - Tome 52 - Des bleus dans le brouillard
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 01/09/2008 (Blutch et Chesterfield se perdent dans le brouillard. Mais on ne se fait pas de bile : avec un bon GPS, ils trouveront sans peine le chemin du 53ème tome.
Faut-il expliquer par l'occurrence récente des Jeux Olympiques le succès public de ce nouveau tome des Tuniques bleues ? Y aurait-il eu confusion entre "nos" Bleus et ceux de l'Amérique nordiste de la guerre de Sécession ? Toujours est-il que les héros de Cauvin et Lambil (le dessinateur d'origine, Salvérius, s'est éteint en 1972) tiennent bon depuis maintenant quarante ans et 52 albums ! Peu de personnages de bande dessinée peuvent se vanter d'une telle longévité sous l'égide d'un même scénariste. Blutch et Chesterfield, frères ennemis ballottés d'une mission à l'autre par leur commandement ou les évènements, traversent la Guerre de Sécession avec humour et désinvolture... On se demande même comment il est possible de traiter autant de faits guerriers sans jamais mettre l'accent sur l'horreur des cadavres qu'ils engrangent ! Et surtout combien de temps encore le filon pourra être exploité : le vivier d'anecdotes et de situations historiques de la période commence à se tarir, sans parler du nombre de gags applicables à un duo dont le fonctionnement est finalement assez simple...
L'album ne précise pas la date des évènements, mais on peut vous la fournir sans
Les lecteurs qui décoderont ce rébus
gagneront un exemplaire gratuit des
Tuniques bleues n°63, à paraître en 2019peine : c'est en novembre 1863 que la « Bataille des nuages » a été menée à Lookout Mountain. Le général Joseph Hooker, présenté ici comme un fou furieux habitué à jeter son chapeau à terre pour le piétiner, était chargé de prendre la montagne occupée par les confédérés. La tâche semblait impossible, mais il fut aidé par l'arrivée d'un épais brouillard... qui, on le verra dans l'album, peut s'avérer autant une gêne qu'un atout.
Pas de révolution dans ce nouvel opus, qui maintient sans heurt l'aspect graphique auquel on s'est habitué depuis plusieurs décennies. Blutch et Chesterfield parviennent toujours à s'envoyer leur quota réglementaire de vannes tout en vivant une page de l'Histoire avec un grand H. C'est toujours mieux que la curieuse histoire de cœur offerte par le tome précédent, mais on peut néanmoins trouver léger le développement qu'offre Cauvin, limité à trois péripéties et deux gags étirés mollement sur les 44 pages d'usage. Hooker est caractériel, certes, il piétine son chapeau, ok, mais un album de bande dessinée peut-il se réduire à si peu ? La réponse est apparemment oui, au vu des ventes de la chose. Force est d'avouer qu'on lit toujours sans déplaisir ces historiettes légères pleines d'humour de papa. Familiales et finalement pas trop ringardes, les aventures des Tuniques Bleues
Quoi, le tome 53 ?gardent un niveau à peu près constant au cours des années, l'intérêt ne se diluant que dans le nombre d'albums. Reprenez pour voir les cinquante-deux albums en cachant leur numéro, et tentez de mettre une date sur chacun d'entre eux, vous allez rire.
Si l'on tient absolument à chercher de la nouveauté et de la variété dans ce nouvel album, on se raccrochera tant bien que mal aux diverses imprécations proférées par Hooker sous forme picturale (rien de bien original dans le principe, mais les têtes de cochon ou de vache ont toujours quelque chose de comique), aux scènes de brouillard qui permettent d'utiliser moins d'encre bleue pour la colorisation, et à cette case de la planche 39 qui semble trahir un fugitif retour d'un dessin semi-réaliste sous les doigts de Lambil. Pas de quoi s'emballer. Alors plutôt que d'attendre une dizaine de tomes supplémentaires, on va casser le suspense tout de suite : ce sont bien les Nordistes qui ont gagné la guerre.