Les Aventures de Lucky Luke d'après Morris - Tome 4 - Lucky Luke contre Pinkerton
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 03/11/2010 (Renouant avec les figures historiques, les nouveaux scénaristes livrent une histoire drôle mais pas burlesque, avec certains clichés : les réflexions de Jolly Jumper, la tranquillité de Luke, la bêtise de Rantanplan, les colères de Joe ou la gourmandise d'Averell.
Les Dalton sévissent une nouvelle fois. Ils dépouillent les pauvres gens à bord des trains. Et comme d'habitude, ils se font arrêter par... Alan Pinkerton ? C'est le nouveau justicier à la mode qui prend peu à peu la place de Lucky Luke dans le cœur de la population. Il a aussi le rôle de protéger le président des Etats-Unis. Alors Lucky Luke, has-been et nouveau retraité ?
Ciel, les Daltons !Après avoir laissé Lucky Luke entre les mains de l'humoriste Laurent Gerra pendant trois tomes, on retrouve les nouvelles histoires de notre pauvre cow-boy solitaire écrites par un duo de scénaristes, Tonino Benacquista et Daniel Pennac. Duo d'auteurs déjà connu dans le monde de la littérature, le premier a écrit La maldonne des sleepings, la comédia des ratés qui a été récompensé par 3 prix. On le connaît aussi dans le monde de la bande dessinée pour L'outremangeur (Gallimard, Futuropolis en 2000). Le second a eu le prix Renaudot pour Chagrin d'école en 2007. Côté dessin, pas de changement, Achdé en est à son quatrième album (si on ne tient pas compte du Cuisinier français, album promotionnel offert lors de l'achat d'une autre bande dessinée de Lucky Luke) avec toujours autant de plaisir.
Ainsi, pas grand chose à dire sur le dessin. Le trait incisif et précis de Achdé (Hervé Darmenton) est dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Ainsi graphiquement, on peut dire qu'il n'y a pas de révolution.
Et on ne s'en plaint pas. A l'inverse d'une série comme Spirou où chaque dessinateur a voulu y apporter sa griffe. Côté scénario, par contre, il y a eu un grand changement et notamment dans le fond. Si on a un peu touché le fond dans certains albums, il y a quelques temps, on était revenu à plus de cohérence et d'intérêt depuis que la nouvelle collection des aventures de Lucky Luke a démarré avec Laurent Gerra. Et avec les deux nouveaux auteurs, une autre étape est franchie. Si l'on garde l'humour habituel avec Rantanplan, les réflexions de Jolly Jumper ou encore les quatre Dalton, l'histoire est moins parodique que les trois précédents albums. L'histoire est un peu plus sérieuse et surtout fait le lien entre la vérité historique et l'univers de Lucky Luke. On retrouve un peu ce qui faisait le charme des albums de Goscinny. Le côté historique est illustré par le personnage de Alan Pinkerton qui a créé une agence de détectives en 1850 et qui a éradiqué le crime de Chicago. Il fut aussi chargé de la sécurité du président des Etats-Unis et l'histoire du président dans le train à bestiaux est véridique (je vous invite à lire l'album pout tout comprendre). A notre époque, son agence emploie 48 000 détectives.
Ainsi donc, on retrouve un personnage historique dans une histoire de Lucky Luke. Mais ce personnage est sans doute l'un des plus redoutables qu'il lui ait été d'affronter. Alan Pinkerton est là pour remplacer notre héros qui va devoir partir à la retraite. Il faut dire qu'il le mérite. En pleine réforme des retraites dans notre pays, Luke travaille depuis 1946, soit 64 années de bons et loyaux services. Et pour une fois, il va débuter un album en looser. Et si dans les précédents albums, de nombreuses caricatures et allusions étaient parsemées, ici à part l'allusion à la série Les experts, rien de tout cela. Une volonté des auteurs qui n'ont pas voulu dater l'album dans le temps, pour que l'album puisse être lu de la même manière dans quelques années. Auraient-ils aussi le désir de renouveler l'expérience ? Peut-être, si l'album a du succès. Et il en aura, à n'en pas douter.