Dargaud : XIII mystery T13, Shi T3, Double 7, Renaissance T1, Ira dei T2

/ Critique - écrit par plienard, le 30/11/2018

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Une programmation sans faute chez Dargaud.

XIII mystery - Tome 13 : Judith Warner - note : 7/10

Ce treizième tome est doublement un événement dans la bibliographie XIII. Premièrement, c'est le dernier album du spin off XIII mystery. Deuxièmement, c'est le retour du scénariste belge, celui par qui tout a commencé, Jean Van Hamme, créateur du célèbre personnage tatoué.


© Dargaud 2018.

 

Il délaisse cette fois les héros masculins pour terminer sur une note beaucoup plus féminine avec le personnage de Judith Warner (voir tome 6 & 7 de la série XIII). Celle-ci s'est retirée du côté de Santa Barbara où elle tient une pharmacie. Mais sa vie réglée sur le mode boulot-télé-dodo va une nouvelle fois être perturbée par l'arrivée d'une mystérieuse jeune femme qui cherche visiblement à se faire oublier. Et elles ont un point commun : le tatoué à la mèche blanche.

Jean Van Hamme nous propose une chasse aux femmes dans ce dernier tome (après nous avoir fait suivre une chasse à l'homme sur presque deux dizaines d'albums). Et qui mieux qu'Olivier Grenson, le dessinateur de Niklos Koda, pour dessiner des femmes sexys et actives dans un univers hostile, prêtes à tout pour gagner leur liberté.

Si on passe outre le fait que Judith fait preuve d'un certain laxisme et d'une certaine inattention quant aux personnes qu'elle héberge chez elle, alors qu'après le passage de XIII, elle semblait vouloir définitivement changer de vie, on se laisse prendre peu à peu par ce road-movie où Judith partage la vedette avec un autre personnage secondaire de la série mère.

 

Shi - Tome 3 : Revenge ! - note : 8/10

C'est le temps de la revanche pour Jay et Kita, et plusieurs membres de l'establishment britannique vont en faire les frais.

Jay Winterfield est morte brûlée et c'est à contre cœur que son père l'enterre dans le caveau familial. Mais c'est pourtant bel et bien Jay qui va revenir se venger avec son amie japonaise Kita. Et dans la noblesse britannique l'hécatombe a démarré : entre les suicides, réels ou provoqués, et les chantages, les deux jeunes femmes font souffler un vent de panique et de justice.


© Dargaud 2018.

 

Si on avait pu penser que Zidrou et Homs allaient nous emmener sur le chemin de l'émancipation et la revendication des femmes avec leurs deux héroïnes, ils ne s'arrêteront visiblement pas là. On se retrouve ainsi avec une belle histoire de complot politique en sus de la révolte féminine.

Le barcelonais José Homs - qu'on avait notamment découvert dans la série du regretté Franck Giroud Secrets avec le diptyque l'Angélus - nous régale toujours autant avec son dessin spectaculaire. Il nous offre un final sexy avec quelques trahisons inattendues.

Et si la fin est annoncée dans le quatrième tome, on peut déjà se réjouir qu'il ne s'agira que de la fin du premier cycle.

 

Ira dei - Tome 2 : La part du diable - note : 7,5/10

Le duo Brugeas - Toulhoat s'est fait remarqué avec son album Le roi de ribauds et la  série Block 109. Si la critique a largement été élogieuse pour leur nouvelle collaboration sur le premier tome d'Ira dei chez Dargaud, le tome 2 vient confirmer tout le bien qu'on pense d'eux.


© Dargaud 2018.

 

Chacun y a bien son rôle : Vincent Brugeas concocte des intrigues complexes et Ronan Toulhoat se met au diapason de son scénariste pour dessiner des planches denses et enlevées. Les affrontements sont ici très explicites avec des couleurs irradiantes ce qui marquent leur intensité et leur férocité. Un jeu avec les couleurs d'ailleurs qui permet au lecteur de suivre l'intrigue dans ses allers-retours temporels.

Robert Tancrède n'a pas tué le moine Etienne. Bien mal lui en a pris car celui-ci n'hésite pas à distiller son venin et est en train de retourner l'allié de Robert, le normand Guillaume. Cet homme qui n'aime pas l'inaction se laisse séduire et enrage de ne pas pouvoir continuer les pillages des villes siciliennes. Mais Robert et Harald l'impitoyable doivent attendre l'arrivée des armées de Maniakès qui se fait attendre.

Vincent Brugeas n'épargne pas son lecteur avec des intrigues particulièrement difficiles à suivre et dont les intérêts des uns se mêlent à ceux des autres.

 

Double 7 - note : 8/10

Après leur album Mezek dans la collection Signé des éditions du Lombard, le duo Yann-Juillard revient avec une nouvelle histoire d'amour et d'aviateurs, dans un environnement de guerre. Ici, l'Espagne à remplacer Israël, le russe Roman remplace le suédois Björn et les éditions Dargaud se substitue au Lombard.


© Dargaud 2018.

 

Nous sommes en pleine guerre civile d'Espagne. Les russes sont présents pour aider les Républicains contre les fascistes de Franco soutenus par l'Allemagne et l'Italie. C'est en tout cas le mot d'ordre car en réalité ils se font payer leur soutien. Du côté du Kremlin on a du mal à ne pas s'étouffer en aidant des Républicains et surtout tout mouvement anarchiste indépendant contraire à ses plans. Dans cet univers de guerre, le russe Roman, le yankee Ajax et le français Dary sont tous les trois aviateurs-mercenaires et soulagent les espagnols républicains dans les airs.

Dans cet univers de lutte, les intérêts des peuples ne rencontrent pas forcément ceux des politiques et les trahisons ne sont pas loin et peuvent être particulièrement cruelles. Yann et Juillard expriment bien le conflit espagnol mais aussi les différentes oppositions qui peuvent exister dans un même camp. Et dans cet environnement hostile, le meilleur peut surgir comme cette histoire d'amour entre Roman et une belle espagnole républicaine.

 

Renaissance - Tome 1 : Les déracinés - note : 9/10

C'est une nouvelle série de science-fiction que les éditions Dargaud et les auteurs Fred Duval, Emem et Fred Blanchard nous proposent de découvrir avec le premier tome de Renaissance. Un genre récurrent qu'on retrouve assez largement dans la bande dessinée et auquel les auteurs se sont déjà essayés : Fred Duval avec Carmen Mc Callum (tomes chez Delcourt) ou encore Travis (13 tomes chez delcourt) ; Emem a dessiné la série Idoles avant de rejoindre la série Carmen Mc Callum à partir du tome 10 (en 2010) ; Fred Blanchard, quant à lui, s'occupe du design de la série et on le retrouve aussi sur Carmen Mc Callum, mais aussi sur Aquablue.


© Dargaud 2018.

 

Si le trio a déjà prouvé par le passé tout son savoir-faire sur les récits de science-fiction, ils montrent ici une grande originalité scénaristique mais aussi graphique. Ils ont tout simplement renversé les préceptes habituels d'une bande dessinée de science-fiction classique à savoir une invasion non pas pour coloniser mais bel et bien pour protéger et sauver. Et une fois n'est pas coutume, ce ne sont pas les terriens qui viennent en sauveur intersidéraux, mais les extraterrestres qui viennent sauver l'humanité. Des ET qui apportent la bonne parole tels des onusiens de l'espace qui viendraient imposer la paix. Comment réagirions-nous face à eux ?

Au-delà du fait que les auteurs renversent l'échelle des valeurs, le graphisme général est tout bonnement à couper le souffle. Sorte de mélange entre Aquablue, Sillage et Aâma (dans certains graphismes et couleurs), cette série se permet de faire renaître le genre SF dans la bande dessinée. D'où son titre !

 


Les couvertures des 5 albums - © Dargaud 2018.