Dupuis : Bloche, Texas cowboys, les brigades du temps et une intégrale des schtroumpfs
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 17/09/2014Tags : albums integrale aut spirou histoire comics monde
Le retour inattendu de Texas cowboys, ceux attendus d’un nouveau Jérôme K Jérôme Bloche et des Brigades du temps et enfin celui espéré des Schtroumpfs sous forme d’intégrale.
Jérôme K. Jérôme Bloche, Tome 24 – note 7/10.
Le détective privé le plus sympathique de la bande dessinée revient avec une vingt-quatrième aventure. Chargé de remettre une lettre à un vieil homme dans un village abandonné, Jérôme K Jérôme Bloche va rouvrir des blessures d’un passé encore à vif. Accusé du meurtre de sa femme et de son amant, Antoine Oliveira est un ancien garagiste qui vit maintenant en ermite à Villard le vieux, un village abandonné à la suite de la mise en eau du barrage tout proche il y a de nombreuses années. Une enquête que seul Jérôme peut avoir et est à même de réaliser.
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Née en 1985, la série Jérôme K. Jérôme Bloche nous emmène à suivre les enquêtes et les aventures d’un détective privé qui voudrait ressembler à Humphrey Bogart mais dont la maladresse et l’étourderie rappelle plutôt M Hulot. Il n’en est cependant pas moins efficace et a un réel talent pour faire parler les gens.
Le trio Makyo, Serge Le Tendre et Alain Dodier est à l’initiative de cette série que Dodier va reprendre en tant qu’auteur complet dès l’album n°6 (Zelda) en 1989. Il n’a plus quitté son héros depuis et périodiquement, tous les 18 mois en moyenne, on retrouve cette ambiance si particulière de policier.
Dans cet album, Dodier nous emmène à suivre en parallèle la tragédie du passé avec les événements du présent. Une page du passé répondant à une page du présent et apportant des éléments de compréhensions supplémentaires. Si le rythme peut apparaître lent et l’ambiance pas vraiment oppressante, le suspens est quand même bien présent – Jérôme et Babette vont-ils être les prochaines victimes de l’ermite ? – et la fin est particulièrement émouvante et marquante.
Une belle histoire comme seul peut les résoudre Jérôme et peut les écrire Alain Dodier. Les fans seront ravis, et si vous ne connaissez pas encore la série, il n’est pas trop tard.
Texas cowboys, tome 2 – note 7.5/10 : Des bons, des brutes et des truands
Voila un retour inattendu. Initialement prévu pour n’être qu’un one-shot, Texas Cowboys en est maintenant à son deuxième tome et ce n’est peut-être pas fini.
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Le journaliste Drinkwater a gardé contact avec Fort Worth, un coin malfamé du Texas, par l’intermédiaire d’Ivy Forest. Il peut ainsi continuer à fournir des histoires pour la rubrique sur Fort Worth dans le quotidien Delpozzo et qui remporte un certain succès. Mais voilà qu’Ivy lui demande de revenir au Texas. Et il va y croiser pas mal de monde, de Wyatt Earp à une brute sympathique surnommée la Framboise, de celui qui raconte des dizaines de fois différemment comment il a perdu son bras en échange d’un verre de whisky à la jolie fille d’un cow-boy qui recherche le bon mari.
Après le premier album, les auteurs Lewis Trondheim et Mathieu Bonhomme se sont rendus compte qu’il y avait encore matière à faire rêver et rire le lecteur. Attention, l’album ne déclenchera pas des crises de fou-rires, mais il y a une réelle bonne humeur qui s’en dégage avec encore des personnages hauts en couleurs. Butch la Framboise est le premier de ceux-ci. Il cherche des noises à tout le monde et veut se battre sans cesse. Dans le genre qui a du caractère, on a Mme Cooper qui emmène son troupeau de vache jusqu’à Fort Worth pour les vendre à Johnson qui veut lui racheter 20% moins chers. Bien mal lui en prendra. Et il y en a encore plein d’autres pour vous régalez. Allez-y sans souci.
Les brigades du temps, tome 3 – note : 7/10
Une série de science-fiction avec un titre faisant appel à USS Enterprise, et ça y est notre imagination la plus folle peut croire à une adaptation de Star Trek en bande dessinée. Ce n’est pourtant rien de tout cela. Nous avons ici la troisième aventure des agents Montcalm et Kalaghan qui parcourent l’univers à travers l’espace-temps (pour plus d’explications sur cette notion, je vous invite à visionner les exposés de Doc à Marty McFly dans les Retour vers le futur I, II et III) pour empêcher les manipulateurs de modifier le passé.
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On retrouve nos deux gardiens du temps, en décembre 1941, en plein Pacifique en train d’abattre un avion américain et d’éviter ainsi que les manipulateurs ne fassent échouer l’attaque japonaise contre Pearl Harbour.
On comprend dès lors mieux le sous-titre du quatrième de couverture « nous protégeons l’histoire pour le meilleur ... ou pas ». Elle prend ici tout son sens quand on sait toutes les horreurs qui se sont déroulées durant la seconde guerre mondiale. En plus des relations intimes qui se nouent entre les différents personnages (depuis les trois albums) et qui influent sur leurs décisions, des choix cornéliens sont donc posés, entre leur conscience professionnelle, leur éthique et leurs raisons personnelles. Faut-il laisser faire l’horreur alors qu’on pourrait l’empêcher ?
La série et les personnages s’étoffent. Kriss et Duhamel, scénario et dessin, continuent de donner plus d’épaisseur à l’univers et aux personnages. On reste cependant sur notre fin avec les manipulateurs et les réelles motivations de ceux-ci. Le lecteur se trouve alors en plein désarroi. Qui a raison ? Les manipulateurs ? Les gardiens du temps ? Mais peut-être que les auteurs veulent cette situation désagréable pour le lecteur, pour qu’il aille plus loin que la lecture d’un bon album de BD.
Les schtroumpfs, intégrale 2 – note 8/10
Et dire que l’on a raté le premier tome de l’intégrale des schtroumpfs chez Dupuis ! On se rattrape en partie avec le deuxième qui est sorti en Aout 2014. Reprenant la période entre 1967 et 1969, il est constitué d’un habituel dossier, signé Hugues Dayez, un journaliste belge notamment spécialiste de Spirou.
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On y découvre un Peyo (Pierre Culliford) qui se retrouve vite submergé par la vague du succès des schtroumpfs et qui s’adjoint par la force des choses des assistants comme Gos (Roland Goossens) et Yvan Delporte. Une étude sur les relations humaines offre une vision plus claire des hommes et de cette époque.
Outre le traditionnel et excellent dossier qui reprend les années 1967 à 1969, l’intégrale est aussi l’occasion de retrouver les histoires dans leur ordre chronologique ainsi que les contes de schtroumpfs qui ont fait rêver les enfants dans le journal de Spirou. 6 contes à la manière des contes d’Andersen – Le schtroumpf métamorphosé, Le schtroumpf et la fée distraite, Le schtroumpf et la rosée matinale, Le schtroumpf et le géant du marais, Le schtroumpf et le jeune sphinx, Le schtroumpf et la cloche à l’envers – dans lesquels on retrouve des schtroumpfs emblématiques comme le schtroumpf costaud, le bêta, le moralisateur qui deviendra à lunettes ....
Quant aux albums des schtroumpfs, ils ont ceci de particulier qu’il y a rarement une seule histoire. Tiré de mini-récits parus dans les années précédentes, de quelques mini-aventures, les histoires sont à l’image de leurs personnages, petites. Voici rapidement la liste des aventures que vous retrouverez dans l’intégrale.
Le faux schtroumpf, initialement mini-récit en 1961, il est redessiné et publié en 1967 dans le Journal de Spirou et une première édition en album en 1968 (L’œuf et les schtroumpfs).
Gargamel a une idée géniale et terrible, il va se transformer en schtroumpf ! Heureusement, il va y avoir une anomalie. Il lui manque une petite queue.
Le centième schtroumpf fut un mini-récit en 1962 puis imprimé dans l’album L’oeuf et les schtroumpfs en 1968.
Parmi tous les schtroumpfs qui existent (ils sont 99 !), il y en a un qui est plus coquet que les autres. Il passe son temps à s’admirer. Et lors d’un orage, alors qu’il se promène avec son miroir en forêt, la foudre va le frapper. Son image est née !
Pâques schtroumpfantes, parue en 1968 dans le Journal de Spirou et dans l’album les schtroumpfs olympiques en 1983, est une mini-histoire de 4 planches ou il est question du premier schtroumpf qui offrira son œuf au grand schtroumpf.
Pièges à schtroumpfs, parue en 1968 avant la parution dans l’album l’apprenti schtroumpf en 1971, est une mini-histoire de 8 planches dans laquelle Gargamel a semé des pièges aux quatre coins de la forêt et dans lesquels les schtroumpfs tombent un peu naïvement.
Les schtroumpfs et le cracoucass est paru dans le journal de Spirou en 1968 avant une parution en album en 1969. Il y est question d’une expérience du grand schtroumpf qui tourne mal. Il a créé une potion qui transforme les plantes et les animaux en monstre. Un pauvre petit oisillon va en ingurgiter quelques gouttes et va devenir terriblement méchant. Comment les schtroumpfs vont-ils réussir à l’arrêter ?
Un schtroumpf pas comme les autres, paru dans le journal en 1969 et dans l’album Les schtroumpfs et la cracoucass, nous raconte la mélancolie d’un schtroumpf qui veut parcourir le monde. Il réalisera son souhait mais n’ira pas plus loin que la ferme de Gargamel.
Le cosmoschtroumpf paru dans le journal de Spirou en 1969 et en album en 1970, revient sur le thème des envies d’indépendance et de découvertes des petits hommes bleus. Cette fois-ci, il est question d’espace et de planète. Tous les schtroumpfs vont s’unir pour qu’il réalise son rêve et atterrissent sur la planète des Schlips.
Le schtroumpfeur de pluie est paru en 1970 dans le journal de Spirou avant d’être repris dans l’album Le cosmoschtroumpf. Le schtroumpf bricoleur a une idée géniale. Il va construire une machine qui va commander le temps. Si les matériaux semblent un peu fantasques, le résultat est cependant probant. Mais alors que le schtroumpf poète veut faire une ode au soleil, le schtroumpf paysan a besoin de pluie pour arroser ses salades.
Si les historiettes de schtroumpf sont plaisantes, elles peuvent aussi avoir un certain côté éducatif et amènent à réfléchir sur les conséquences de ses actes. On en aura même certaines avec une morale à la fin. Peyo, c’est un peu le Molière de la bande dessinée.