Les Schtroumpfs - Tome 25 - Un enfant chez les Schtroumpfs
Bande Dessinée / Critique - écrit , le 21/01/2007 (Que l'on aime ou pas, les Schtroumpfs ne vieillissent pas et continuent paisiblement leur chemin narratif sans encombres venant entacher leur principe. Aucun sombre nuage semble ne pointer à l'horizon.
Ce n'est plus une invasion planétaire, mais les Schtroumpfs sont toujours aussi présents dans les librairies. Leur petite peau bleuette n'a pas pris une ride depuis qu'ils sont apparus pour la première fois dans une aventure de Johan et Pirlouit
intitulée La flûte à six schtroumpfs. Elle semble loin l'époque où les petits lutins bleus n'étaient alors que des personnages secondaires guidant ces deux héros moyen-âgeux dans la forêt maudite. Elle semble loin l'époque où leur popularité grandissante les a rapidement mis au devant de la scène du journal de Spirou. La forêt maudite devient alors un Jardin d'Eden inaccessible menacé par le sorcier Gargamel. L'origine de cette trouvaille est le fruit d'un hasard salutaire. Peyo et son ami Franquin, qui l'avait aidé à intégrer la rédaction de Spirou dans le passé, déjeûnent ensemble. Lorsque le père de Gaston demande le sel, il cherche les mots "Passe-moi le .... "schtroumpf" ". S'ensuit alors une rigolade où débutera un trip collectif comme il n'en existe plus. On connaît la suite: succès phénoménal. La vague bleue s'échoue jusqu'aux côtes de l'Oncle Sam, développement du merchandising, réalisation de dessins animés... Ils sont partout.
Tous le monde aime les Schtroumpfs, même ceux qui prétendent le contraire et rêvent secrètement de les brûler vifs tels des fourmis exposées aux rayons du soleil concentrés par le verre d'une loupe. Pourquoi cet intérêt pour des petits lutins bleus ? Diverses raisons peuvent être évoquées. Tout d'abord, chaque schtroumpf a sa propre personnalité et l'enfant peut alors dégager des préférences. S'attacher à certains, en charrier d'autres. Les Schtroumpfs illustrent une joyeuse bande d'écoliers cultivant leurs propres qualités et exposants leurs défauts. Une palette d'activités les caractérisant chacun se mêlent pourtant avec succès dans une tribu uniforme. Avec les schtroumpfs, Peyo éduque les plus petits en valorisant principalement l'esprit d'entraide, le travail en groupe ou encore la tolérance (Schtroumpf vert et vert schtroumpf). Il fait découvrir des professions dans des albums attitrés (Le Schtroumpf docteur ou Le Schtroumpf financier...) sans pour autant valoriser le modèle humain, au contraire. A chaque fois qu'un Schtroumpf découvre par le biais de ses excursions une activité humaine qu'il pourrait instaurer dans son village, cette dernière est le plus souvent vouée à l'échec. Ainsi, les schtroumpfs ont une organisation qui leur est propre, Peyo préfère mettre en avant les valeurs humaines à travers ses petits lutins tout en extrayant tout système pouvant les corrompre. Mais si les Schtroumpfs ont trouvé une place particulière auprès de leur lectorat, la raison réside principalement dans leur langage. Uderzo et Goscinny ont multiplié les expressions gauloises, Hergé a rendu le capitaine Haddock célèbre par son répertoire de gros mots légendaires.... Les Schtroumpfs parlent simplement schtroumpf. Un dialecte qui leur donne une forte identité tout en restant accessible.
Dans ce dernier tome, tous ces ingrédients sont visibles. Les auteurs ayant succédé à Peyo auraient-il été sensibilisés à la tendance actuelle des jeunes ? Dans cette épisode, les Schtroumpfs se retrouvent face à un enfant terrible qui s'est égaré dans la forêt. Après une altercation avec le Schtroumpf cuisinier, ce dernier le ramène malgré lui au village. Commence alors une terrible galère arpentée de destruction et de colères répétées. Mais les schtroumpfs vont fort heureusement devenir des assistantes sociales averties. Leur but sera de remettre sur le droit chemin cet élément pertubateur par ses propres moyens. La méthode douce si vous voulez... Une utopie irréalisable dans la réalité.
Au fond, il n'y a rien à jeter dans ce volume prônant un politique de bonté envers l'autre. S'il y a une chose que nous ne pouvons pas reprocher aux auteurs, c'est sans doute d'être resté fidèle à l'univers de Peyo. La chance ayant voulu qu'ils héritent d'un concept où ils puissent jouer sur divers palettes tout en conservant une certaine crédibilité (le Schtroumpf cosmonaute), le scénariste désigné peut ainsi remettre en scène l'époque qu'il affectionne tout en rendant son récit intemporel.
Que l'on aime ou pas, les Schtroumpfs ne vieillissent pas et continuent paisiblement leur chemin narratif sans encombres venant entacher leur principe. Aucun sombre nuage semble ne pointer à l'horizon. Où est donc le problème ? Nulle part, et c'est très bien ainsi. Amen.