7/10Canardo - Tome 19 - Le voyage des cendres

/ Critique - écrit par plienard, le 29/05/2010
Notre verdict : 7/10 - ça est la Belgique, une fois (Fiche technique)

Tags : canardo sokal tome inspecteur eur benoit casterman

Canardo va devenir, par la force des choses, l'exécutant testamentaire du parrain Hector Van Bollewinkel, en emmenant les deux jeunes héritiers à travers la Belgique. Un road-movie haletant dans le plat pays.

Hector Van Bollewinkel, le parrain de la mafia belge, se suicide d'une balle de magnum 357 pour échapper au supplice d'un cancer généralisé. Particulièrement lucide sur son entourage, il lègue à ses deux petits enfants, son immense fortune à la seule condition qu'ils acceptent de jeter ses cendres dans un endroit précis de son pays natal. Mais cela ne ravit pas spécialement ses associés qui le font savoir : la voiture et le chauffeur du parrain sont victimes d'une explosion à la suite de la lecture du testament. Les dernières volontés du défunt vont être difficiles à remplir ! On fait alors appel au cousin de la famille, Canardo !

Le parrain
Le parrain
Dans une ambiance grise et presque irréelle, nous allons vivre un road-movie rappelant par ses dialogues (quelquefois crus) et ses coups de flingue le Pulp fiction de Quentin Tarantino. On part à la découverte d'un pays, la Belgique, version Sokal (Pas sûr que cela plaira à tous les Belges !). L'aventure de Canardo va consister à emmener Harry et Monica, les deux garnements, à travers la Belgique, au gré des lettres que le parrain a parsemées à chaque étape dans des endroits parfois étonnants.

La première destination est Zeebrugge, son port, ses moules-frites, son café particulièrement glauque, où ses habitués commandent une moule-frite plutôt pour le jus au vin blanc que pour les moules, le tout accompagné de bière. Après cette escale, direction Charleroi, ville minière, afin de faire découvrir les difficultés de la vie à la mine aux deux gosses de riches. La suite du voyage sera particulièrement épique avec l'arrivée de la nounou flamande - sorte de grue plantureuse coincée du c?l (en apparence seulement) - le couple de pédophile, l'Atomium de Bruxelles, le village habité de demeurés consanguins. Bref, un rapide raccourci de la Belgique et de ses clichés, un descriptif un peu grossier du pays fait par Sokal, qui est surtout un moyen comique plutôt efficace.

Car soyons honnêtes, même si on ne croit pas vraiment à ce genre de description, c'est tout à fait le genre de plaisanterie (de mauvais goût, je vous l'accorde) que l'on peut faire du plat pays.

Le regard vif, c'est canardo
Le regard vif, c'est canardo
On plonge aussi dans le cynisme total durant tout l'album. Les personnages sont particulièrement bien rendus. Ils ont le physique de l'emploi : le parrain, version canard de Marlon Brando (gros et hautain) ; les deux enfants, Harry et Monica, gosses de riches jurant à toutes les occasions ; la nounou, rappelant la regrettée Super-Nanny de M6, se donnant à 100% (au propre comme au figuré) pour l'éducation et la protection des deux avortons ; le couple de pédophiles, particulièrement bien réussi (au premier coup d'œil, vous avez compris sur qui vous êtes tombés) ; et bien d'autres encore... Et enfin Canardo, peu actif (sauf avec la nounou) qui est plus spectateur des événements.

Une bonne histoire avec des dialogues particulièrement expressifs, Canardo est de retour, avec l'imperméable à la Columbo et la voiture décapotable. Indispensable pour connaître les clichés sur la Belgique et ses habitants.