Dargaud : Ana Ana, Silex and the city, Les aventures de Philip et Francis, La Banque, Périco

/ Critique - écrit par plienard, le 03/10/2014

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De l’enfance à l’âge adulte, de la préhistoire jusqu’à notre époque, les éditions Dargaud nous font traverser toutes les époques avec un certain bonheur

Ana Ana, tome 4 – note 7/10

Petit format pour ce petit bout de fille bien sympathique, les albums d’Ana Ana sont au format italien (la hauteur plus petite que la longueur) et nous racontent les aventures extraordinaires de la petite sœur de Pico Bogue. Tout naturellement elle a les mêmes parents (artistiques), Alexis Dormal et Dominique Roques pour des aventures toutes en douceur d’une petite fille dans son imaginaire. Les doudous parlent et ensemble ils font des bêtises. Ici, ils vont prendre la chambre d’Ana ana pour une plage car dehors il pleut à drache !


Ambiance bon enfant.

28 pages d’un gentil bonheur qui fleure bon la poésie de l’enfance. Pour amuser les enfants et rappeler des souvenirs aux grands qui, après cette lecture, ne pourront plus disputer comme avant leurs enfants pour qu’ils rangent leur chambre.

 

Silex and the city, tome 5 – note 6/10

Silex and the city est une série qui marche aux éditions Dargaud. 340 000 albums écoulés rien que pour les quatre premiers tomes, une série télévisée sur Arte (programme court de 3 mn à 20h45) qui entame sa troisième saison en Novembre 2014 et qui peut s’enorgueillir d’avoir jusqu’à 1.4 millions de spectateurs, le monde primaire de Jul est une belle réussite commerciale.


Ambiance paléolithique.

Débutée en 2009, Silex and the city raconte l’histoire de la famille Dotcom, des homo-sapiens, en plein paléolithique. Rien de bien rigolo à priori, sauf qu’on est plus proche de la famille Pierrafeu clonée avec les Simpsons que d’une réelle BD sur la préhistoire. L’auteur, Jul, est un dessinateur de presse bien connu (Le Nouvel Observateur, Marianne, L’humanité ...) depuis 1998. En 2005, il signe sa première bande dessinée Il faut tuer José Bové et ne cesse depuis de nous faire rire au travers de son trait satirique.

Cet album numéro cinq est dans la lignée des quatre précédents. Déclinaison de notre société dans un univers préhistorique, Jul pointe nos vicissitudes dans tous les domaines : politiques, sport, économiques, sociétale. C’est drôle, mais c’est très vite de trop. Vous n’êtes jamais au repos. On a l’impression que l’auteur veut en faire le maximum. Chaque case doit avoir son trait d’humour. Comme si chaque case était un dessin de presse. C’est donc très dense. Et même s’il y a bien une réelle continuité dans l’histoire – l’album n’est pas une série de gags en une page – vous sortez épuisé à la fin de la lecture. À lire sans aucun doute, mais à petite dose.

 

Les aventures de Philip et Francis, tome 3 – note 8.5/10

Les aventures de Blake et Mortimer, bien qu’elles soient d’une qualité indéniable, n’en sont pas moins très sérieuses. Elles ont désormais leur équivalent dans le thème de l’humour et de la caricature avec Les aventures de Philip et Francis de Nicolas Barral et Pierre Veys. Le duo en est déjà à son troisième album et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils réussissent une excellente parodie.


Ambiance so british.

Philip est un gentil, sans l’once d’une méchanceté. Une qualité dont ses amis et autres connaissances ont tendance à abuser. C’est ainsi que son compère Francis vient s’installer chez lui après s’être disputé avec sa mère et qu’il profite de ce fantastique moment de liberté pour prendre ses aises. Plutôt que de s’énerver, Philip préfère prendre l’air et faire ses courses au marché. Mal lui en prend car il rencontre Spencer, tout droit sortir du film Orange mécanique, et sa bande qui prennent un malin plaisir à le malmener. Une dernière réflexion de Francis à son retour, et c’est la goutte qui fait déborder le vase. Philip part préparer une potion qui va totalement changer son attitude, ainsi que son physique. Docteur Mortimer et Mister Hyde vient de naitre.

Si le second album était une parodie évidente du piège machiavélique, ce troisième album reprend lui aussi la trame d’un autre album de la série d’Edgard P Jacobs, S.O.S. Météores. Mais il a ceci de différent que maintenant Philip et Francis ont leur univers bien à eux et que cet album n’est pas totalement un pastiche d’un autre album. Cela le rend donc plus riche et plus intéressant. Bourré d’humour, n’hésitant pas à être politiquement incorrect avec les gallois et même les français, faisant tourner au ridicule les personnages, cet album est une somme de rigolades conséquentes. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire ouvertement à sa lecture et je crois que je ne serais pas le seul.

 

La banque, tome 2 – note 6.5/10

Ce tome 2 clôt le diptyque consacré à la première génération des Saint-Hubert. Charlotte est revenue en France et vend maintenant son corps. Elle va avoir l’occasion de récupérer sa fortune grâce à l’indemnisation que Charles X va proposer aux victimes de la révolution française. Mais un fantôme va revenir du passé. Son frère, qu’elle croyait mort pendu en Angleterre, est devenu banquier et veut se venger de sa sœur qui l’a abandonné.


Ambiance parisienne.

Pierre Boisserie est le père de La Croix de Cazenac (avec Éric Stalner), de Flor de Luna ou encore de Dantès. Avec Philippe Guillaume, ils signent ici un scénario qui s’appuie sur de nombreuses vérités historiques – le milliard des émigrés, la création du palais Brongniart, le développement du chemin de fer français, le ministre Teste). En plus des personnages complexes et de la saga familiale, le récit offre donc un petit cours d’histoire tout à fait sympathique qui devrait plaire aux férus d’Histoire. Un récit complet donc qui nous invite aussi à continuer pour le prochain cycle et avec les enfants de Charlotte.

 

Perico, tome 2 – note 7/10

La ligne noire est une nouvelle collection chez Dargaud qui va rassembler les albums dédiés au polar. Chose originale, elle sera dessinée par Philippe Berthet que l’on connaît pour ses séries à succès comme Pin up (10 tomes), les exploits de Poison Ivy (3 titres) et la dernière en date, Nico (trois titres).


Ambiance Bagdad café.

Régis Hautière est le scénariste du premier polar de la collection décliné en diptyque. Le tout nouveau scénariste d’Aquablue (depuis 2011 et le tome 11) – remarqué dernièrement avec la guerre des Lulus, une fresque historique et sociale – nous raconte le road-movie dans ce second tome de deux jeunes cubains qui ont fuit leur pays avec une valise appartenant à la maffia. Joaquim travaillait au sans-souci. Livia était la maitresse de Santo Trafficante. Lorsque Joaquim récupère une valise pleine de dollars volée par son frère à Trafficante, il voit le moyen de sortir de sa pauvre condition de serveur avec Livia, la femme dont il est tombé amoureux. La belle cubaine, quant à elle, voit l’occasion inespérée de devenir enfin libre. Trafficante, quant à lui, ne va pas les laisser partir comme cela et va leur envoyer un groupe de tueurs à leurs trousses.

Cet album est une réelle descente aux enfers pour nos deux amis. Joaquim et Livia vont-ils réussir à échapper à leurs poursuivants ? C’est la question car les pauvres jeunes gens paraissent bien crédules pour pouvoir s’en sortir. On va alors découvrir une facette de leur personnalité face à l’adversité. Livia dévoile sa vraie nature et  n’est pas foncièrement honnête avec Joaquim qui montre sa capacité d’adaptation.

Un vrai road-movie à travers l’Amérique du début des années 60 avec des personnages qui plongent petit à petit dans l’extrême. La route est sans issue, mais ils vont aller jusqu’au bout.