7.5/10Les Exploits de Poison Ivy - Tome 1 - Fleur de Bayou

/ Critique - écrit par iscarioth, le 26/10/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Poison qui vit (Fiche technique)

Poison Ivy s'annonce être une excellente série, pleine d'humour et de fraîcheur. Un hommage acidulé qui pourrait bien s'étaler sans essoufflement sur un grand nombre d'albums, vu la richesse et les possibilités de rétrospective de la période abordée.

Vous souvenez-vous de la bande dessinée d'après guerre ? Spirou, Pilote et surtout Tintin, le journal qui proposait à lire les aventures réalistes ou semi-réalistes d'héros chevaleresques, luttant pour la justice. Des bandes dessinées feuilletonesques, parfois très écrites. Sans nul doute, c'est à cette BD-là, que Yann et Berthet rendent hommage avec Poison Ivy.


L'hommage est surtout graphique, les auteurs évitant heureusement les lourdeurs et le manichéisme dont souffrent les albums des années cinquante ou soixante. A la première page, un encadré plante le décor : « A la fin des années trente, le monde est à feu et à sang. Paris tremble sous la botte nazie et les perfides japonais grignotent lentement l'Asie ». Les « perfides japonais »... Yann aurait il basculé du coté obscur de la force ? Bien évidemment que non. On relève des clins d'oeil à la propagande graphique déversée dans les cartoons et BD des années trente et quarante avec l'imagerie du « chink » jaune citron et diabolique (Tintin et le Lotus Bleu) ou encore les nazis comme des géants maléfiques (les cartoons de propagande anti-nazie Disney). L'hommage à la BD du milieu du 20ème siècle est apparent dès la couverture et la dernière page de l'album, un aperçu recto verso des prochaines aventures de Poison Ivy, un énorme clin d'oeil à la logique feuilletonesque d'antan.


Poison Ivy
, c'est le nom de cette jolie jeune femme que l'on peut voir se balancer en première de couverture. Ou plutôt son surnom, donné à cause d'un poison qu'elle libère à chacun de ses baisers, tuant ainsi les hommes qu'elle étreint. Découverte pour ce don, la jeune fille est recrutée par le gouvernement américain pour faire partie d'une troupe de guerrières d'élite, une sorte de
X-men au féminin, en costumes rouges des années trente et ayant pour but de se préparer à une guerre imminente contre les nazis et les japonais. En guise de professeur Xavier, on a Franklin Roosevelt, le président en chaise roulante, souvent retenu pour son New Deal. La première partie de l'album est plutôt laborieuse à lire. On est freiné dans sa lecture par des dialogues un peu lourds, car très portés sur le patois du bayou. L'introduction des personnages se ressent comme plus étirée, même si l'élément perturbateur ne tarde pas trop à arriver. La deuxième partie de l'album est bien plus réjouissante, avec une team d'héroïnes qui promet de francs moments de rigolade et un président Roosevelt déjà bien amusant.


Ce premier tome annonce une série référentielle mais pas inabordable, parodique sans être irrévérencieux. Le trait de Berthet, qui a déjà fait ses preuves sur cette période historique (Pin-up) se fait plus arrondi, même si le style est toujours aussi caractéristique et reconnaissable. La colorisation infographique, sans atteindre des monts et merveilles, est plutôt agréable à regarder.


Poison Ivy s'annonce être une excellente série, pleine d'humour et de fraîcheur. Un hommage acidulé qui pourrait bien s'étaler sans essoufflement sur un grand nombre d'albums, vu la richesse et les possibilités de rétrospective de la période abordée.