8/10Jour J - Tome 2 - Paris, secteur soviétique

/ Critique - écrit par plienard, le 25/06/2010
Notre verdict : 8/10 - Vodka à paris (Fiche technique)

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Une histoire d'espion et de sérial-killer dans un Paris du début des années 50 divisée en deux secteurs (Russe et Américain). Manipulation et guerre froide sont au rendez-vous.

Après l'échec du débarquement allié en Normandie, les Américains ont débarqué en méditerranée mais ont eu besoin de l'aide russe. La France est alors séparée en deux zones : la France (zone alliée) et la République Populaire de France (zone russe). Paris, devenue une ville d'espions, est divisée en deux secteurs où la Seine sert de frontière.


Nous sommes en 1951, le capitaine Saint-Elme, en qualité d'ancien flic de la brigade des mœurs,  va être envoyé du côté russe pour les aider à retrouver un tueur en série qui sévit chez les prostituées. Il sera aidé (« surveillé ») par le capitaine camarade Donadieu.

C'est le deuxième tome de la série d'uchronie Jour J. D'abord dubitatif sur la possibilité qu'une telle réalité puisse se passer, il faut bien avouer que l'on est vite dans l'intrigue et que l'on y croit. En même temps, la France coupée en deux, il faut être honnête, on a déjà avalé des couleuvres plus grosses que celle-là en bande dessinée. Mais ici, pas besoin de trop se triturer l'esprit.

On a toujours la même équipe de scénaristes que pour le premier album (et pour les trois suivants), mais ici le dessinateur s'appelle Gaël Séjourné. Il a notamment fait la série Tatanka (cinq albums de 2005 à 2009) thriller bactériologique chez Delcourt.
Il a un style très réaliste. Les personnages sont expressifs et l'atmosphère sombre et un peu ténue renforce l'idée que l'on est dans un monde d'espion où tout se fait à l'abri des regards indiscrets. On remarquera que le dessinateur s'est autorisé un petit hommage avec un policier russe qui a les traits de Lino Ventura. Pour le reste, tout est classique et agréable.

Concernant le scénario, le duo Duval - Pécau s'en est plutôt bien tiré avec une intrigue réaliste et un peu de suspens. On rentre rapidement dans l'histoire avec le meurtre de l'agent infiltré Louison. On ressent bien le conflit Est-Ouest et la guerre froide latente qui empêche tout traitement serein de l'enquête. L'introduction du docteur Petiot, de Camus et de Sartre entretient le réalisme voulu. Cependant, on a du mal à gober le besoin des russes à vouloir l'aide de Saint-Elme qui le dira d'ailleurs lui-même : « vous n'êtes même pas capables de retrouver un tueur de femmes ? ».

Nous avons là une bonne bande dessinée qui remplit son rôle de divertissement et qui met en scène, encore une fois, la guerre froide. Le format de 56 pages semble vraiment étriqué pour un sujet dont on imagine qu'il pourrait être approfondi.