L'Assassin Royal - Tome 3 - Kettricken
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 25/12/2009 (Nouvelle étape dans le développement de Fitz, petit-fils bâtard du Roi d'un monde imaginaire et magique, dont la personnalité se forge entre sauvagerie, conventions et meurtres.
Gaudin et Alquier, associés ici à Picaud, poursuivent leur petit bonhomme de chemin dans l'adaptation de la saga de Robin Hobb, avec ce talent sûr qu'on leur reconnaissait déjà dans les deux premiers tomes. Comme c'était déjà le cas pour Sieurac, on est un peu surpris dans les premières pages, par le style de Picaud, rond et à la limite d'une ligne claire, qui cadre assez mal avec les souvenirs que l'on gardait des précédents tomes. Pourtant, la même magie s'opère et le dessin ne se fait, à la longue, plus que le véhicule discret d'une intrigue grandement servie par le travail de synthèse. Les quelques 48 pages suffisent donc à nous faire avancer dans la découverte des imbroglios politiques et autres affaires de succession qui tiraillent la famille royale, alors qu'un mal étrange touche la population et que les pirates rouges se rapprochent chaque jour.
Cet album s'ouvre sur la cérémonie de mariage de Vérité et de Kettricken de Jhaampe. Vérité, trop occupé à artiser pour maintenir les pirates rouges loin du royaume n'a pu se rendre à son propre mariage. Il y a donc envoyé son frère, Royal, pour le représenter. Fitzchevalerie est également présent, mais pas pour les mêmes raisons. Sa mission sera d'empoisonner le prince Rurisk, frère de Kettricken. Rien de personnel à cela, il s'agit juste de simplifier l'ordre de succession qui va maintenant prévaloir dans les deux royaumes. Démasqué, Fitz est convaincu de l'inutilité de sa mission et tente d'en référer à Vérité. Mais ne sachant artiser il ne peut s'en remettre qu'à des intermédiaires, dont Royal qui lui ordonne de ne rien changer. Piégé dans l'accomplissement de son office (comme cela arrive généralement aux justes qui se mettent en travers de la volonté politique des salauds), il en déduit un complot contre Vérité. Réussissant à réunir suffisamment de force et de concentration, il parviendra à le prévenir, lui permettant de déjouer son attentat. Malgré tout, le mal est fait et Rurisk est mort. Mais les convenances étant ce qu'elles sont, Kettricken, après une période de deuil, rejoindra son époux au côté de son beau-frère, Royal.
Entre la vie
Trouve du
boulot d'abord ! et la mort, Fitz se reposera au royaume de Jhaampe avant de regagner Castelcerf par la petite porte, en compagnie de Burrich. Il y retrouvera Vérité, Kettricken et Royal, qui en tant que prince et favori de Subtil, ne sera pas inquiété pour ses méfaits. Au milieu de tous ces faux-semblants, Fitz va retrouver une âme simple pour qui son cœur s'échauffe : Molly. Pourtant, malgré son humble statut de servante, elle aussi sera l'objet d'un jeu : celui de la séduction.
C'est par un certain désespoir face à toutes ces conventions, tous ces jeux et toutes ces postures qu'il convient de prendre, que Fitz cherchera un certain réconfort dans la compagnie d'un loup sauvage, avec qui il communique par le biais du vif. Cette compagnie simple et sans détour lui offrira le repos d'esprit que la vie à Castelcerf lui interdit. Ce fait marque aussi le passage vers un état plus sombre de sa personnalité. Avant, l'aspect animal et rebelle du vif ne trouvait d'écho que chez les animaux de la forêt (principalement des lapereaux et des ratons-laveurs) et le brave Fouinot. Dorénavant, cette capacité prendra une apparence plus dangereuse qui en dit long sur le devenir de Fitz. En ce sens, ce tome respecte le contrat de nous faire, à chaque fois, découvrir un palier dans l'évolution du héros.
S'arrangeant de sa nouvelle vie, vécue sur scène et en coulisse, Fitz continue d'officier pour le roi et semble reprendre une vie "normale". Il faudra pourtant bientôt agir, car Royal manifeste par son comportement une réelle envie de se débarrasser de Kettricken.
Peut-être n'aurez-vous rien compris à cette tentative de résumé agrémenté de quelques commentaires. C'est qu'il en faut du talent pour synthétiser et véhiculer tout ce qui sous-tend l'intrigue ! Et à défaut d'en trouver dans cette critique, soyez sûr d'en trouver dans la BD, et suffisamment pour deux.