8/10Magus : série magique

/ Critique - écrit par athanagor, le 26/05/2011
Notre verdict : 8/10 - L'insoumise pour voir (Fiche technique)

Tags : ancient bride magus manga tome fantastique magie

Avec ce troisième et dernier tome, la série Magus se termine avec le même talent qu’elle a su démontrer précédemment et donne tous les gages de devenir une future référence.

Sullivan a éprouvé les pouvoirs de Stan. Il en est sûr maintenant, il s’agit bien d’un magus, capable de recueillir les mots de magie d’autres magiciens pour les transmettre ensuite. Ses pouvoirs, il ne peut les exercer que sur des magiciens morts depuis peu, mais cela reste une capacité hors norme, qu’on croyait disparue depuis des décennies. Conscient de la valeur de sa découverte, Sullivan va vouloir s’en servir comme monnaie d’échange contre sa liberté. Membre du clan des Catalons, il ne peut le quitter que les pieds devant, tant que Brunehaut le tient sous l’emprise de sa marque. Parallèlement, Eloïse a trouvé une nouvelle famille à la forge des Argonnes. Toutes les femmes qui y vivent ont été ostracisées, selon qu’on les croyait folles ou sorcières. Et
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de fait, certaines sont bel et bien capables de prouesses, comme de guérir la langue coupée d’Eloïse. Celle-ci, retrouvant Martin, va obtenir de lui de savoir où elle peut trouver le père Aristide.

Troisième et dernier tome de cette série fort bien fichue, qui se termine ici sans chercher à en faire des caisses, ni à prolonger son intrigue dans l’espoir de vendre quelques albums supplémentaires. Sur le même rythme impeccable qu’on lui connaissait lors des deux premiers tomes, cet opus boucle toutes ses intrigues, dans un parfait équilibre entre souci du détail et concision. Rien d’inutile ni de superflu, sans pourtant rien oublier, avec un enchaînement des situations dosé dans les strictes limites de l’attention du lecteur. On apprend donc dans quelles circonstances Stan et Eloïse sont devenus les parias de leur village, les motivations profondes de Sullivan et le fonctionnement de son clan qui, au final et sans en avoir eu l’air jusque là, tirait toute l’intrigue vers son dénouement. On aura également un léger frisson à la conclusion du tome, qui témoigne d’un très bon travail d’écriture. C’est avec un peu de tristesse qu’on découvrira cette fin, tristesse redoublée par le fait de savoir exactement ce qui va suivre et comment Stan va le vivre. Toute cette intuition est préparée par le monologue final qui, non seulement nous enseigne la portée de son pouvoir sur sa conscience, mais reste en complète logique avec tout ce qu’on
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vient de lire. On est loin des conclusions de séries élaborées à l’arrache, qui se dépêchent de finir avant d’être à cours de papier, et où les auteurs donnent l’impression de ne s’être cassé la tête que pour le développement, sans penser à leur chute.

Toujours avec la même classe, le dessin d’Annabel porte les découpages scénaristiques de Debois et Cyrus avec une énergie et un naturel envoûtant, traduisant à merveille toute l’ambiance qui enveloppe l’histoire, mélange d’invention pure et de référence solide. Les derniers moments, dans l’enceinte d’Albi, puis au sommet de sa cathédrale s’avèrent essentiels à l’ancrage du lecteur dans une probable réalité, dans un possible fantasmé. Ce principe de fantastique enchâssé dans des références réelles, présidant à l’ensemble de la série, lui confère une saveur toute particulière, qui trouve encore une fois une très belle expression dans ce tome.

Concluant leur trilogie de cette belle manière, le trio d’auteur a su mener sa barque de bout en bout, sans jamais se vautrer dans des évidences, ni banaliser son récit. Se tenant à ce triptyque ferme, n’allant pas chercher à diluer leur narration pour offrir plus d’album, ils tiennent leur histoire et son déroulement dans une suite captivante qui devrait à coup sur trouver sa place dans nombre de bédéthèques.