Sillage - Tome 6 - Artifices
Bande Dessinée / Critique - écrit par Evan, le 17/10/2007 (Tags : tome sillage artifices buchet philippe navis morvan
Un album qui n'est pas à la hauteur de la saga. On attend forcément ce qui suivra cet intermède un peu fade. A suivre, donc !
Si la plume de Morvan et les crayons de Buchet savent à la fois concocter des mondes nouveaux, originaux, riches et complexes, et nous y conduire selon des axes de narration toujours plus originaux, force est de constater que pour une fois le style se tasse. Alors, ce tome 6, une erreur de parcours ?
Jeune femme en perdition
Premier contactAlors que Nävis s'apprête à rendre visite à Rib'wund, une avarie causée vraisemblablement par une bombe placée à bord la contraint de se trouver rapidement une planète où se poser en catastrophe. Suivant les conseils de Snivel, elle réussit à gagner la surface de ARR-SO1 et se crashe dans les ruines de ce qui semble être une ancienne vaste cité où se déroulent désormais des affrontements sans merci entre les autochtones et les Mekkas. Les soldats Gunjinn qui la recueillent la mettent rapidement en lieu sûr, tandis que Snivel est abandonné à son sort, piégé dans la carcasse du vaisseau. Très vite, il va faire la connaissance des Mekkas, qui décident d'embarquer le vaisseau et lui avec. Commence alors pour nos deux héros une double exploration parallèle, l'une dans la monde des Gunjinn et l'autre dans celui des Mekkas. Quels secrets cache donc cette planète?
Oui, mais...
Si le pitch paraît alléchant, c'est néanmoins avec une certaine déception au ventre qu'on tourne la dernière page de ce nouvel opus des aventures de Nävis. Non que la narration ne soit pas efficace : il faut encore une fois reconnaître les qualités de scénariste de Morvan qui parvient à créer de bons moments et quelques surprises au milieu de cette aventure plutôt linéaire. Non plus que les planches subissent une quelconque baisse de niveau : tout est encore de qualité, même si pour les besoins de ce monde, les Gunjinn vivent dans les couleurs Sable et les Mekkas dans le Vert. Ce démarquage binaire, s'il saute aux yeux, n'est pas nouveau. Il est juste plus remarquable parce qu'on ne cotoie que ces deux mondes durant toute l'aventure.
Quand Nävis fâchée...Ainsi, on suit tour à tour Snivel et Nävis, perdus dans des mondes qui les dominent. Et c'est d'ailleurs à la fois l'intérêt et le défaut de ce volume. Un défaut parce que l'essentiel du mystère de cette planète nous est raconté lors des courtes parenthèses centrées sur Snivel. Et un intérêt puisque ce découpage permet aux auteurs de placer Nävis dans une situation nouvelle où le combat qu'elle devra mener sera celui d'une... femme libre et active ! dans un monde machiste à souhait. Sur ARR-SO1, les femmes (les Hembras) sont chargées des travaux domestiques de la base : le ménage, la couture, l'éducation des enfants, etc. Et Nävis est donc casée là, faute de mieux. Il lui faudra beaucoup de patience et de diplomatie pour tenir le rôle de femme de ménage, voire pire, auprès des soldats qui défendent leur base. Connaissant la fougueuse Nävis, ce manège ne va pas durer longtemps !
Peu de péripéties au final, peu de réflexion, quelques dénonciations sommaires du machisme en société, voire en temps de guerre (répartition systématique des tâches, chose acceptée par tous), un Gunjinn un peu plus réfléchi que les autres qui finira par épauler Nävis dans une tentative de soulèvement, contre les hommes d'abord, puis contre les Mekkas. Bref, le savoureux des précédents volumes semble s'être envolé. Le dessert final n'étant qu'à peine à la hauteur de l'attente. Vraiment, on referme la dernière page sur une impression bizarre : celle d'avoir lu un intermède. Et c'est bien dommage. Il n'en reste pas moins que ce petit détour implique un sabotage et qu'il sera plus judicieux d'oublier rapidement ce volume pour se consacrer au suivant !