Futuropolis : L’indivision, Grandes oreilles et bras cassés

/ Critique - écrit par plienard, le 05/10/2015

L’Indivision – note : 6.5/10

Les éditions Futuropolis présente L’indivision, la seconde collaboration entre Zidrou et Benoit Springer après Le Beau voyage chez Dargaud.

Il est question cette fois d’un sujet tabou, d’une relation amoureuse entre un frère et une sœur. Virginie et Martin ont une relation passionnée, mais incestueuse. Elle veut y mettre fin et cela le rend dingue.


© Futuropolis 2015.

J’ai longtemps hésité avant de demander à lire cet album. Le sujet de l’inceste n’est pas le sujet le plus emballant qui soit et qui pourrait vite dériver dans le graveleux ou le trash. Et puis, j’ai vu le nom de Zidrou, et là j’ai commencé à changer d’avis. Outre ses séries humoristiques (Ducobu, Tamara ...), il a aussi signé ces dernières années quelques albums dit « sérieux » très intéressants (Tourne-disque, le montreur d’histoires, les 3 fruits, Lydie, le Client). Plusieurs points communs à toutes ses séries, la qualité des scénarii et surtout de l’émotion et des sentiments parfaitement exprimés. Enfin, il y a l’éditeur, Futuropolis, gage d’une certaine qualité dans les sujets difficiles.

Tous ces a-prioris positifs ont eu raison de mon inquiétude, et c’est avec une certaine curiosité que j’ai lu ce livre. Bien m’en a pris. Il y est bien question de sentiments (interdits, certes) et de personnages sur la corde raide, perdus dans leur passion qu’ils savent vouée à l’échec ce que Martin a le plus de mal à accepter.

Je ne connaissais le dessin de Benoit Springer. Il ne pouvait donc pas faire partie de mes « a-prioris positifs ». Mais si cet album est réussi, c’est aussi grâce à lui. Un dessin juste, tout en retenu, sans fioritures. L’élément indispensable à cette histoire.

 

Grandes oreilles et bras cassés – note : 4/10

Le sujet de cet album est on ne peut plus d’actualité. S’il revient sur le scandale d’une société française qui aurait fourni un système d’interception des communications électroniques – entendez par là de la téléphonie jusqu’à l’internet – à la Lybie, il pose aussi le problème de la possible surveillance de masse dont celle du téléphone d’Angela Merkel où de l’Elysée par nos « amis » américains sont le parfait exemple.


© Futuropolis 2015.

Jean-Marc Manach est journaliste spécialisé dans l’investigation sur Internet et le « data journalisme ». Il est l’auteur de cette enquête que Nicoby met en image. Le dessinateur de Dans l’atelier de Fournier et Manuel de la jungle tente de mettre en scène tant bien que mal cette histoire.

Si les faits sont aberrants, parfois atroces dans leurs conséquences (avec la torture et la mort d’opposants), voire abracadabrantesques par certains côtés – avec ces cracks de l’espionnage sur Internet qui ne prennent même pas la peine de se protéger sur la toile et pire s’en vantent presque – on a là une exposition de faits, façon enquête journalistique qui vous abreuve d’informations, de coïncidences étranges et qui laissent supposer que certains homme politiques français sont plus ou moins impliqués.

Le problème avec ce livre, c’est que le journaliste ne cesse de vouloir justifier sa compétence. On insiste un peu trop sur le côté « j’avais raison depuis le début ». Question mise en scène, c’est commentaire sur commentaire qui assènent des vérités qu’il est difficile de confronter avec la réalité pour un lecteur lambda. La somme d’information fournie indique que la surveillance est massive mais on a du mal a réellement comprendre l’ampleur de la situation. La complexité des réseaux (de connivence et pas d’internet !) est tel qu’on a du mal à prendre la mesure de tout cela.

Un album à charge qui rate son objectif celui de démontrer une vaste complicité jusqu’au plus haut sommet de l’état – mais qui réussit à nous montrer que la surveillance de masse est en route. Et ça ne date pas d’hier. Il intéressera et convaincra sans doute les spécialistes du sujet. Pour les amateurs de BD, il n’est pas forcément nécessaire.