Dargaud : Les trois fruits, Trahie T1, La Banque T3

/ Critique - écrit par plienard, le 17/02/2015

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Trois nouveaux bons albums viennent enrichir la collection Dargaud.

Les trois fruits – note 8/10

Zidrou ne cesse de nous étonner d’album en album. Celui que l’on croyait viscéralement ancré dans la bande dessinée humoristique, nous montre une fois de plus qu’il a beaucoup d’autres cordes à son arc scénaristique et cela depuis 2009.

Avec Les 3 fruits, aux éditons Dargaud, Zidrou retrouve le dessinateur espagnol Oriol Hernandez après le succès de La peau de l’ours, déjà chez Dargaud en 2012.


©Dargaud édition 2015.

Ils mettent en scène cette fois un conte, reprenant les codes liés à ce type de narration notamment par la répétition cyclique de certains passages. Une mélodie presque tragique qui se joue devant nos yeux émerveillés. Les auteurs nous font retomber en enfance, celle à l’époque où nos parents nous lisaient des contes merveilleux mais pas mielleux !

Car, il faut bien le dire, ce conte n’a rien d’angélique. Si tout semble sourire au roi de l’histoire depuis quarante ans – 4 beaux enfants, une femme aimante et aimée, la paix dans son royaume – un mal obscur le ronge depuis peu : la peur de mourir. Et pour y échapper, il va accepter de vendre son âme au diable ce qu’il ne sait pas évidemment. Le diable agissant toujours à couvert ! Le voilà donc qui envoie ses fils à travers le monde afin qu’ils lui prouvent leur valeur. Et du plus valeureux il devra se nourrir !

Le conte commence comme celui d’un conte de Disney mais revient rapidement dans une cruauté assez anxiogène. Comment, un homme qui a tout pour être heureux parvient-il à perdre les pédales comme cela ? C’est incompréhensible.

On est captivé par le sort réservé aux fils, mais aussi à la fille. Car le conte de Zidrou va bien plus loin que le simple fait de vouloir échapper à la mort, il traite aussi du rôle de la femme dans cette époque médiévale et bien plus largement, dans le monde.

 

Trahie, tome 1 – note 7/10

Sylvain Runberg est L’adaptateur des romans et thriller suédois du moment. Alors qu’il est déjà au stylo pour l’adaptation de Millénium chez Dupuis (4 tomes déjà parus sur les 6 prévus), il met ici en scène Trahie, un thriller psychologique de Karin Alvtegen, maintes fois récompensées pour ces romans.


©Dargaud édition 2015.

Eva voit sa vie brisée lorsque son mari lui annonce qu’il n’a plus aucun sentiment pour elle. Elle n’avait pas vu le coup venir et le pire est à venir lorsqu’elle va découvrir avec qui il la trompe. Le pire ? Pas sûr car le jeune Jonas avec qui elle va passer une nuit semble avoir quelques soucis psychologiques.

Jonas Urgell est le dessinateur de ce diptyque annoncé. À l’image de ce qui a été fait dans la série BD Millénium au niveau des couleurs, on retrouve cette lumière des pays nordique, une lumière froide et intense.

La première partie de l’album est assez difficile à suivre – les auteurs mènent de front trois récits à des époques différentes – tant les transitions ne sont pas évidentes et que le lecteur n’a pas encore eu le temps d’appréhender tous les personnages. Une difficulté qui dure un bon tiers de l’album, puis la qualité du scénario, du découpage et du dessin font leur office et vous plongent dans le thriller psychologique à proprement parler.

 

La Banque, tome 3 – note : 7/10

Premier tome du deuxième diptyque, ce nouvel album de la série La Banque marque le retour de Charlotte de Saint-Hubert à Paris avec ses deux enfants, Odile et Jacques. Vieille et malade, elle compte bien reprendre la place qui était la sienne auparavant. Et cela avec l’aide de ses enfants. Christian de Saint-Hubert, son frère, déteste sa sœur depuis qu’elle l’a abandonné à Londres pour être jugé du crime qu’elle avait commis. Il a refait fortune depuis et voit d’un très mauvais œil son retour. Une partie de coups fourrés réciproques va alors s’organiser entre le frère et la sœur par enfants interposés.


©Dargaud édition 2015.

Ce troisième tome correspond au début de la deuxième génération de la saga qui va parcourir 200 ans d’histoire de la finance à travers l’existence d’une famille. Nous sommes ici en pleine période des travaux du baron Haussmann durant laquelle Paris est devenu un immense chantier. Pierre Boisserie et Philippe Guillaume, le duo de scénariste de Dantès (déjà le monde de la finance), se sont lancés dans une saga familiale qui peut rappeler dans une certaine mesure les maîtres de l’orge. Le procédé n’est pas nouveau et l’intérêt et la qualité sont au rendez-vous. Le contexte historique est parfaitement utilisé et remplit son office pour les non-initiés. On est dans le monde de la finance où le chantage et la spéculation font bon ménage (à l’époque, bien entendu car maintenant c’est tellement mieux !).  Là-dessus vient se greffer l’histoire d’une famille, les Saint-Hubert, Charlotte et Christian, qui vont lancer leur progéniture dans leurs luttes intestines. La haine s’entretient de parent à enfant et l’héritage est plutôt bien accepté au vue de la haine que les cousins et cousines se vouent. On frôle même parfois le sordide ou la pathologie.

Malo Kerfriden est le nouveau dessinateur de ce deuxième cycle. Après Quaterback, il a déjà travaillé avec Pierre Boisserie sur La Rage. Il signe, ici, un bel album où il lui a fallu imaginer les personnages de Christian et Charlotte vieillis, dans la lignée du premier cycle (dessiné par Julien Maffre).