Dupuis : Dent d’ours T3, Manuel de la jungle, Yoko Tsuno T27

/ Critique - écrit par plienard, le 10/06/2015

Le retour de l’électronicienne japonaise, un récit d’amitié sur fond de guerre mondiale et les aventures rocambolesques de deux auteurs de BD en Guyane.

Dent d’ours – Tome 3 : Werner – note : 7/10

Si vous êtes intéressés par cet article sur le troisième tome de Dent d’ours, c’est peut-être que vous connaissez et appréciez la série. Vous serez alors ravis d’apprendre que ce tome n’est la fin que du premier cycle. Un second devrait paraître prochainement.


©Dupuis édition 2015.

Dent d’ours, c’est l’histoire de trois amis que la guerre va séparer : Max le juif et Werner et Hanna les allemands, tous les deux engagés dans les jeunesses hitlériennes. Nous sommes maintenant à quelques jours de la capitulation allemande. Hanna est devenue une as de la Luftwaffe et va être chargée de sauver le troisième Reich avec une wunderwaffe, une aile volante, véritable arme secrète, capable de porter un coup brutal aux alliés pour les faire réfléchir. Son copilote devra être sélectionné parmi différents pilotes et parmi eux, Werner, son ami d’enfance mais aussi espion américain chargé de l’éliminer.

Trois albums, un par ami. Après Max et Hanna, il est question de Werner. On découvre enfin comment il s’est fait passer pour Max. Quant à sa mission, elle lui pose un problème de conscience : tuer une fanatique allemande c’est aussi tuer son amie. Doit-il faire preuve d’humanité et prendre en compte son amitié ? Dans le même cas, Hanna doit-elle suivre aveuglément les ordres ou doit-elle enfin ouvrir les yeux sur les nazis ? Deux jeunes gens, dans le même cas de figure, que la machine militaire va broyer impitoyablement. Vont-ils résister à la pression ?

Yann, le scénariste, et Henriet, le dessinateur, signent un troisième tome bien équilibré, malgré un fond historique qui prend beaucoup de place et dans lequel les personnages d’Hanna et de Werner tentent d’exister. La fin brutale nous laisse un goût amer dans la bouche, bien évidemment. Mais c’est voulu et on espère qu’il y aura bien un second cycle, ne serait-ce que pour revoir le dessin impeccable d’Henriet.

 

Manuel de la jungle – note : 7/10

Que sont partis faire deux auteurs de bande dessinée en pleine jungle guyanaise ? Retrouver leur racine ? S’entrainer à Koh-Lanta ? Pas vraiment. C’est la "fantastique et véritable aventure" de Joub et Nicoby, les auteurs de Dans l’atelier de Fournier, qui vont partir camper en forêt avec deux potes baroudeurs.


©Dupuis édition 2015.

Manuel de la jungle, ce n’est pas le nom d’un nouvel héros de bande dessinée, mais bel et bien un petit livre expliquant toutes les richesses de la jungle, avec quelques conseils pratiques pour ne plus appréhender l’endroit. Joub et Nicoby racontent leur aventure au pays des caïmans, araignées, serpents et autres animaux pas forcément rassurants. Pourtant leurs deux amis baroudeurs, Olivier Copin et son beau-frère Jérôme, vont leur apprendre à construire un carbet de fortune et à leur rendre la forêt moins anxiogène. Et si côté nature le pari est réussi, côté humain, ce n’est pas la même chose. La présence des orpailleurs faisant planer un sentiment d’insécurité permanent pour les deux auteurs.

Un album drôle, qui réussit à nous donner envie de bivouaquer en forêt amazonienne, mais loin des orpailleurs. L’autodérision des auteurs apportent son lot d’humour, et désamorce les quelques situations chaudes. Le côté « je n’ai peur de rien » et « j’ai tout fait » des deux baroudeurs n’est pas mal non plus et rend l’inexpérience de Joub et Nicoby encore plus flagrante et drôle. Pas sûr pourtant que vous sachiez survivre en forêt rien qu’avec ce manuel.

 

Yoko Tsuno – Tome 27 : Le secret de Khâny – note 6.5/10

C’est avec l’inquiétant titre de secret de Khâny que l’on débute la lecture du 27ème album de Yoko Tsuno. Et, en couverture, Yoko regarde, suspicieuse, son ami Khâny. Quel peut donc être ce mystérieux secret ? C’est ce suspens qui va rythmer tout l’album.


©Dupuis édition 2015.

Roger Leloup est aux commandes de cette série depuis plus de quarante ans (sortie du premier album en 1972) avec une certaine réussite. Dans ce nouvel album, la planète Terre est menacée. Par qui ? Par quoi ? Leur vieil ennemi Karpan, maintenant disparu, avait pour but de purifier la Terre de toutes ses bactéries et microbes, afin de permettre aux vinéens de conquérir la planète bleue. Mais une surdouée a gardé le projet dans sa mémoire et pourrait être utilisée pour mettre le projet à exécution. Il va falloir accompagner Khâny jusque sur Mars pour une mission hautement dangereuse d’autant qu’elle ne dit pas toute la vérité.

Suspens à gogo pour la nouvelle aventure de Yoko. On embarque avec tous ses amis – humains, vinéens, robots, ange .. – qui acceptent de l’accompagner : Emilia, Lâthy, Rosée, Poky, Pol, Balbok, Angela, Zhyttâ, Myna ... –. C’est dire qu’il faut être au point dans la série Yoko pour savoir de qui on parle. Car Roger Leloup n’est pas avare en personnages ni en explications – on retrouve la patte de Jacques Martin dont Roger Leloup fut un assistant –, même si celle du secret de Khâny va se faire attendre. Mais tout ceci reste confus et demande une concentration parfois toute vinéenne pour comprendre les subtilités, notamment physiologique, de ce secret.

On a donc un bon suspens, assez prenant – on craint pour l’intégrité de certains personnages – jusqu’au bout, mais tout cela est alourdit par la complexité de l’univers imaginé par Roger Leloup. Et à plus de 80 ans, on peut tirer un coup de chapeau à autant d’imagination.