Dupuis : Marc Jaguar T2, Atom agency T1, Petit Poilu T22

/ Critique - écrit par plienard, le 10/12/2018

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Maurice Tillieux est à l'honneur avec deux albums : un premier qu'il aurait pu terminer s'il n'y avait pas eu ce satané accident. Et un second qui est en droite ligne de son génie.

Marc Jaguar - Tome 2 : Les camions du diable - note : 7/10

Il aura fallu attendre plus de 60 ans pour que les premiers lecteurs du second épisode des aventures de Marc Jaguar connaissent la suite et fin des camions du diable. Après l'interruption en 1956 du journal Risque-Tout dans lequel les sept premières planches ont été publiées, c'est le décès de l'auteur Maurice Tillieux dans un accident de voiture en 1978 qui stoppera définitivement l'espoir d'avoir une suite à cette aventure. Et laissera certains fans dans l'interrogation la plus complète et la plus cruelle : que contient cette valise ? Qu'est-ce qui a bien pu horrifier le trimard au point de la jeter au fond d'un lac ?


© Dupuis 2018.

 Ces question vont enfin trouver une réponse grâce à François Walthéry et Étienne Borgers. Le premier, fan incontesté de Maurice Tillieux, sera à l'initiative de cette suite inédite avec le second dans les années 2000. Mais qui pour reprendre le dessin ? Ce sera Jean-Luc Delvaux pour une réussite impressionnante.

Si les premières planches existantes ont été reprises afin de garder l'unité du trait final, bien malin serait celui qui pourrait dire qu'il y a une différence (sauf peut-être les spécialistes). Le lecteur lambda, lui, trouvera une histoire traditionnelle, avec des rebondissements à gogo, de l'action, de l'humour à l'image de ce que savait faire Tillieux. Les péripéties sans cesse renouvelées laissent même à penser un travail à l'ancienne où le scénario s'écrit chaque semaine pour la parution du prochain journal.

Au final, on a 64 pages à l'ancienne qui feront le bonheur de tous les lecteurs.

 

Petit Poilu - Tome 22 : Mic-mac chez monsieur Range-Tout - note : 8/10

Petit Poilu est de retour en cette fin d'année pour une vingt-deuxième aventure pleine de sens pour nos chères petites têtes blondes. Et comme dans toutes les aventures de Petit Poilu, cela commence par le réveil et le petit dej'. Mais cette fois, il y a quelques variantes et de nouveaux venus : comme le éveil en fanfare et un chat qui prend un peu de place.


© Dupuis 2018R

  Mais l'histoire n'est pas là. Car sur le chemin, Petit Poilu va s'amuser avec des flocons de neige, puis des nuages avant d'atterrir chez une sorte d'hurluberlu, un maniaque du rangement, Monsieur Range-Tout. Et alors que notre ami s'amuse à aider son nouveau camarade, un autre hurluberlu s'avance. C'est Mic-mac le singe qui va semer un sacré désordre.

Pierre Bailly et Céline Fraipont n'en finissent plus de faire réfléchir les jeunes lecteurs avec leurs belles histoires, drôles et sensibles.

 

Atom agency - note : 8,5/10

Yann et Schwartz nous offrent un retour dans les aventure old school de nos parents et grands-parents avec un trait et une intrigue digne des bandes dessinées des années 50. Ça tombe bien, le récit se déroule en 1949, où la Begum - la femme de l'homme le plus riche du monde - se fait braquer sur la route en direction de l'aéroport de Nice. Bilan : un vol de bijoux spectaculaire et sans indice pour la police. Mais Atom Vercorian voit là l'occasion de mettre enfin sur pied son agence de détective privé. D'autant que la police patauge un peu. Il le sait bien, c'est son père qui a récupéré l'enquête.


© Dupuis 2018.

 Et c'est un polar élégant que signe Yann et que dessine Schwartz. Le premier en est à son septième (!) album  en 2018 (Angel wings T5, Dent d'ours T6, Double 7, La jeunesse de Thorgal T6, Bob et Bobette, Sauvage T4). Celui-ci devrait ravir les amateurs du genre par ses dialogues et ses expressions imagées qui flirtent avec Audiard. Quant aux personnages, celui de Mimi est, à mon sens, le plus expressif. Les amateurs de bande dessinée devraient aussi y trouver leur compte et surtout leur plaisir tant de nombreuses références y sont présentes (et pas que du neuvième art d'ailleurs).

Le côté BD à l'ancienne est aussi renforcé par le dessin de Schwartz qui nous avait déjà ébloui avec son Spirou et Fantasio. Un style assumé qui donne toute son élégance à ce premier tome.

Un détective privé, une secrétaire au bagou certain, et un gros costaud en costard-cravate et chapeau sur la tête, cela ne vous rappelle rien ? Plus qu'un clin d'œil à la célèbre série de Maurice Tillieux, Gil Jourdan, Atom agency a quelques particularités spécifiques qui évitent qu'on crie au plagiat. Le côté arménien du héros en fait partie. Une très belle réussite.

 


Les couvertures des 3 albums - © Dupuis 2018.