L'Assassin Royal - Tome 4 - Molly
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 17/10/2010 (Suite de l'adaptation du roman de Hobb, cette BD maintient son lecteur alerte et fortement réceptif, malgré une intrigue de fond qui semble calmer ses ardeurs et ménager son inspiration.
Plus posé dans son ensemble, cet ouvrage porte énormément d'intérêt à la vie de Fitz en Castelcerf, sa progressive reconnaissance comme membre de la famille royale et les devoirs que cela sous-entend, auxquels sera confrontée son idylle naissante avec Molly, pourtant seul élément qui puisse
Mais t'as toujours
pas de boulot...encore réjouir son cœur. On pourra aussi avoir une vue d'ensemble sur les différents complots qui, somme toute, semblent rythmer la vie coutumière du domaine et occuper le plus clair du temps des protagonistes. Bref, comme des tranches de vies banales dans le long fleuve tranquille de la monarchie et de la traîtrise destinée à tromper l'ennui. Heureusement qu'aux portes du royaume, les forgisés et les pirates rouges rôdent, attaquant et mutilant comme par réflexe, pour pimenter un peu le quotidien.
A la fin de la lecture, le sentiment prédominant est un contentement certain d'avoir pu comprendre l'intégralité du joyeux bordel que constitue la vie de Castelcerf. Entre les différents prétendants au trône, les liens familiaux enchevêtrés, les protagonistes qui gagnent en importance et en profondeurs, comme Patience et le fou, on pourrait se croire mis sur la touche et bon pour une seconde lecture. Pourtant il n'en est rien. Même à terminer sur quatre pages d'actions pures et quatre autres de romance, laissant loin derrière la vie mesquine d'une cour égocentrique, on garde en tête l'intégralité des éléments et, encore plus fort, les noms des personnages. Il faut sûrement voir dans ce petit miracle les effets de l'accalmie générale qui préside à toute la première partie de l'ouvrage. Concentré sur le quotidien du château
et de sa noblesse, et sur l'histoire d'amour entre Fitz et Molly, on prend finalement le temps de s'installer dans ses petits souliers, au coin d'une cheminée de Castelcerf.
Mais ne faut-il pas craindre une accalmie trop forte pour les ouvrages à venir et une baisse qualitative dans l'œuvre générale ? Une fois encore le contrat est rempli vis-à-vis du développement personnel de Fitz, ici plus sentimental et mondain que guerrier, agrémenté des intrigues politiques, intérieures comme extérieures, qui jouent aussi leur rôle dans son éducation. De plus, le tout est encore une fois servi par une adaptation entraînante de Gaudin et la ligne claire de Picaud (de plus en plus classique et rappelant parfois celle de Chaillet) qui offre une atmosphère en parfaite adéquation avec l'intrigue. Malgré tout on sent une certaine stagnation qu'on aura du mal à imputer aux auteurs d'une BD qui ne cherchent qu'à adapter le plus justement possible une saga littéraire.
Face à un quatrième opus, prolongeant certes la qualité de ses trois aînés, mais laissant apparaître des signes préoccupant, on n'en sera que plus impatient de la suite. Semblant perdre un peu de vitesse et s'appesantir sur des considérations très subtiles, l'œuvre de Hobb pourra-t-elle être sublimé par les choix narratifs et l'illustration d'un trio d'auteurs talentueux, qui parvient ici, malgré une baisse de tension, à maintenir le lecteur dans un état de veille prolongé ?