8/10L'Assassin Royal - Tome 2 - L'Art

/ Critique - écrit par athanagor, le 28/05/2009
Notre verdict : 8/10 - Fils 2 (Fiche technique)

Deuxième tome, toujours aussi épatant de l'adaptation en BD du roman de Robin Hobb. On y prend, peut-être un peu plus qu'avant, la mesure du talent des auteurs.

De retour à Castelcerf, Fitz rencontre Dame Patience, la femme légitime de feu son père. Choquée du sort que l'on réserve à cet enfant, quand bien même serait-il un bâtard, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour convaincre le Roi Subtil de permettre à Fitz d'être initié à l'Art. Discipline d'une noblesse rare, à laquelle il est dangereux de s'abandonner, et dont on découvrira l'essence au fur et à mesure de l'ouvrage, elle esNotre héros
Notre héros
t enseignée par Galen qui, s‘il portait un amour sans borne à Chevalerie, hait son bâtard de fils de toute la force de son âme noire et viciée... le salaud. S'accrochant de toutes ces forces au cours de l'Art, malgré les remontrances acides de Galen, pour honorer sa belle-mère et suivant les conseils du Fou, Fitz ne saura pourtant se départir du Vif. Cette faiblesse il la paiera de son amitié avec Burrich, bien qu'il finisse par y gagner la confiance de Vérité.

Gaudin et Sieurac continuent avec ce tome 2 la mise en image du roman de Robin Hobb et bizarrement, il faut un peu plus de temps pour ce plonger à corps perdu dans cet opus. Mais point d'inquiétude, l'ivresse est toujours au rendez-vous et la conclusion laisse toujours sur une envie immodérée d'en lire plus. Pourtant, et en effet, maintenant que l'on a été introduit à l'histoire et qu'on a vraiment attendu ce tome 2, on s'inquiète, en commençant l'album, du trait si particulier de Sieurac, que l'on ne se souvenait plus être si peu détaillé. Pourtant rigoureusement identique à celui du premier, le style graphique du monsieur gène dans les pages d'exposition, à se demander si le premier tome ressemblait bien à ça ? Plus qu'une critique, il faut y voir ici une marque de la forte impression que laisse l'ouvrage sur l'esprit du lecteur, qui sombre véritablement dans la réalité que propose cette histoire et se retrouve alors tout surpris de ne pas contempler des photos de Fitz et des animaux de la forêt quand il reprend le fil de l'aventure. Ainsi le plaisir de lire l'ouvrage est un peu nuancé et il faut quelque temps pour faire fi de toutes ces basses considérations esthétiques surannées, et se lancer avec une compassion effroyable dans les aventures de Fitz.

Diamétralement opposé au premier tome, celui-ci n'en laisse pas moins le lecteur Répète : 2 fois 1, 2 ; 2 fois 2...
Répète : 2 fois 1, 2 ; 2 fois 2...
ravi. Là où le tome 1 s'étalait sur plusieurs années, panel nécessaire à la présentation de Fitz de l'enfance à l'adolescence, le deuxième tome se concentre sur un période de temps relativement courte. L'unité d'espace, elle aussi, change aussi radicalement. Point de grand voyage et de transhumance interminables ici, mais un resserrement sur Castelcerf et ses hauteurs, théâtre des leçons de Galen. Ce changement narratif fait écho au changement dans la situation de Fitz. Il n'est plus seulement le bâtard familial, élevé à l'assassinat. Il devient, par l'intercession de sa "belle-mère", un être en quête d'une identité digne de son père. Cette période initiatique et nécessaire de recherche de soi, ingrate comme une adolescence boutonneuse, se traduit par les rigueurs que lui réserve le sédentarisme et ainsi la proximité de ses ennemis. Par opposition, la connaissance de sa vraie nature et la certitude de sa noblesse se conjuguent à l'errance et au nomadisme que lui réserve sa vie d'assassin.

Encore une fois, le talent des deux auteurs est là. Et il en faut un bien grand pour transposer un roman dans ce format, sans donner l'impression de passer à côté de choses essentielles, ni charger de textes interminables des pages devenue trop petites. L'illustration, le dialogue et l'explication se combinent à merveille pour retranscrire avec clarté l'histoire captivante de Hobb, avec ses codes et ses subtilités.