9/10X-Men - Noir - 2009 - Qui a tué Jean Grey ?

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 18/02/2010
Notre verdict : 9/10 - Un monde parfait... (Fiche technique)

Tags : men comics marvel jean noir eur grey

Les années 30 sont le fil conducteur de la collection Noir de Marvel. Ce sont les X-Men qui s'y collent cette fois-ci pour nous donner un très bon album. Un véritable hommage aux films des 30's et aux mutants les plus célèbres du monde.

Marvel dans son esprit de créativité (entre autre) a lancé une collection qu'elle a baptisée "Noir". Derrière cette appellation,  nous retrouvons nos héros préférés dans l'époque des années 30. Spider-man, Daredevil et Luke Cage se sont notamment prêtés au jeu. Ils combattent le crime avec leurs pouvoirs sur fond de prohibition, de ségrégation et de lutte des classes. Nous sommes dans les Incorruptibles version Marvel. Il serait dommage de ne pas soumettre les mutants les plus célèbres du monde à cet exercice. C'est pourquoi il incombe à Van Lente et Calero de relever le défi. On peut d'ores et déjà dire que ce duo a fait un excellent travail tant sur le fond que sur la forme. Ainsi, l'œuvre présentée est
vraiment originale tout en conservant les principes mêmes de la série X-men.

L'évolution façon 30's

Pour être clair et net, dans cet album, point de pouvoirs extraordinaires. Les X-men sont des individus qui se distinguent car ce sont des "sociopathes". Ils sont, pour faire simple, l'évolution. En effet, ils sont parfaitement insensibles et adaptés à la vie humaine. Ils se détachent de toute empathie et sont les prédateurs parfaits de cette jungle urbaine. Jean Grey est donc une manipulatrice, Iceman est fou du pic à glace et Cyclops... un borgne.

Le nombre de personnages du monde X est impressionnant puisque l'on croisera entre autres Unus, Black Tom, Xorn, ou même Puck. Personne n'aura donc de pouvoir et même Wolverine devra se construire des griffes tout seul (il a même le droit à son propre one-shot labellisé Noir). Dans cet univers, sur fond de crime organisé, d'eugénisme et de corruption, nous avons le droit à une enquête dans la tradition du genre.

Nous apprenons donc dès les premières pages que Jean Grey est morte. Rien de surprenant jusque là, mais les différents rebondissements feront la part belle au retour probable de la rouquine. Du côté du gentil détective, nous avons Tom Halloway dit Angel. Ce monsieur inconnu des jeunes générations est un héros du fameux Golden Age (comme Namor ou Captain America). Il va donc être le seul type en costume de l'album et nous le suivrons au cours de son enquête. Il va ainsi devoir trouver les X-men, Wolverine et l'énigmatique Malicia. Il va également mener sa propre quête pour prouver la noirceur du chef de la police (Magneto) et de sa confrérie.

Honneur et champ d'honneur


L'enquête est bien ficelée et nous oscillons entre action, manipulation et flashback. Le ton est toujours sérieux et rien ne saurait donner des couleurs à cette ville. Torture et injustice sont les fondements de cette cité dont le leitmotiv officiel est la survie du plus fort, du plus... pur. Les courants les plus discutables de l'époque se croisent et tissent habilement la toile de fond de l'intrigue. Le coup de crayon met en valeur tout cela avec brio et les émotions des personnages nous plongent directement dans les grands classiques de Bogart. Gambit est ainsi plus joueur que jamais tandis que la sorcière rouge interprète cette femme en quête de repères dans un monde qu'elle sait injuste car façonné par son père (l'héroïne en robe rouge, belle et fragile, c'est elle). Cette précarité de l'existence est également visible par les morts des protagonistes. Point de pouvoir, de régénération et de remèdes miracles. Une balle dans la tête tue instantanément et une rafale de mitraillette laisse le personnage inerte. L'album est suffisamment bien écrit pour que les morts se succèdent sans la moindre fausse note. Les propos de Tom Halloway habillent l'intrigue et les cases pour donner un sens à tout ça. On peut dire que X-Men Noir est une belle adaptation de l'univers X au monde des années 30. Cette saga joue vraiment le jeu du monde parallèle. Ainsi, nous assistons à la transposition des questions de l'époque avec celle de la "question mutante".

Le bonus indispensable


Au cours de l'album, une référence à un comics sur l'eugénisme et son super-héros est faite. Nous retrouvons donc ce comics en fin d'album. Si le point de départ est l'eugénisme et la supériorité de ces surhommes sur la société imparfaite, le texte glisse petit à petit un message sur la tolérance, la différence de point de vue et les qualités de la nature humaine. Le héros, parfait, comprend donc les enjeux qui se cachent derrière cette ville "vertueuse" et il comprend le véritable sens de tout ça. Ses choix vont donc influencer le monde car comme dirait un autre héros : « à grand pouvoir... blablabla... responsabilité ».

Ce bonus est donc le complément parfait d'un album qui sublime le fond des aventures des X-men. On est loin de la simple adaptation. Un album qui se lit avec le même plaisir à chaque lecture, que l'on soit un néophyte ou un expert des mutants. Nous espérons donc que le prochain tome intitulé Mark of Cain soit aussi délectable que son grand frère.