6/10Mortepierre - Tome 5 - Le carnaval funèbre

/ Critique - écrit par iscarioth, le 14/10/2005
Notre verdict : 6/10 - Nouveau Départ (Fiche technique)

Tags : tome mortepierre tarvel jeunesse prix soleil brice

Ce second cycle annonce des changements dans la série, qui prend une nouvelle direction. Le choc de la transition, avec ce cinquième tome, est tout de même surtout celui du graphisme.

L'histoire

Hiver 1318 à Paris. Florie vit désormais dans une vaste demeure, son compagnon Valère ayant fait fortune en découvrant comment changer le métal en or pur. La jeune rousse vit seule avec son enfant Nicolin. Elle découvre une nuit la chambre de son nourrisson infestée de rats et, dans le berceau, une dague. Florie va commencer une enquête qui va la mener dans les caves de sa lugubre maison...

Premières constatations

Dans les premières pages de ce cinquième tome, on est immergé dans un véritable cauchemar, avec des créatures monstrueuses aux formes à peine humaines (un nain horrible, des femmes très laides aux corps disproportionnés...). L'ambiance est à la fois très lugubre, horrifique et loufoque, ce qui augure une très belle transition avec le premier cycle. L'introduction livrée par Brice Tarvel dans ces quelques premières pages démontre un progrès du scénariste dans la façon d'amener ses histoires. On sent une présentation beaucoup plus fine des personnages, une entrée en matière plus lugubre encore que celle de La Chair et le Soufre et à des années lumière de celle du Peuple des Racines (premier tome de Sylve).

Scission graphique

En progressant d'encore quelques pages, on retrouve notre héroïne rousse, Florie, et il nous faut très peu de temps pour saisir à quel point celle-ci a changée en passant de la plume de Aouamri à celle de Garres. Un choc, pour les amateurs du premier cycle. Aouamri en rajoutait déjà énormément sur les formes de l'héroïne, mais les contours ici donnés à Florie par Garres sont carrément inhumains. On passe de Gina Lollobrigida à Lolo Ferrari. Les mensurations de l'héroïnes sont devenues tout simplement monstrueuses (voir les pages 17 et 32 par exemple). Le visage de Florie a aussi beaucoup changé : moins fin et détaillé, avec des lèvres ultra pulpeuses et des yeux ronds. Le dessin de Garres n'est pas stable, le visage de l'héroïne ne semble pas toujours être tout à fait le même, de vignette en vignette. Néanmoins, si le style de Garres choque pour les transformations apportées à Florie, il est parfaitement adapté pour dépeindre l'univers glauque et lugubre de Mortepierre. On retrouve dans ce cinquième tome comme dans les précédants, les fortes « gueules » moyenâgeuses, la monstruosité et la crasse.

Véritable second cycle

L'appellation de second cycle n'est pas usurpée. Mortepierre change complètement de cadre. Il y a scission graphique, comme on l'a dit plus haut, mais pas seulement. L'environnement n'est plus le même. On passe du cadre de la forêt et de la campagne à un univers plus urbain, ce qui permet aux auteurs de développer davantage des scènes d'intérieur très efficaces, avec ces couleurs rougies par le feu ou ténébreuses, dans la pénombre et le cloisonnement des murs glacés... Depuis l'an dernier avec le premier épisode des Contes de Mortepierre, Brice Tarvel semble avoir pris un tournant dans sa façon de concocter ses scénarios. Même s'il existe une trame scénaristique continue, avec des événements (départs et retours de personnages) s'étalant sur plusieurs tomes, les albums signés Tarvel forment maintenant toujours des histoires uniques, avec un début et une fin à chaque tome. Ce Carnaval Funèbre nous confirme ce parti pris scénaristique.


Vous l'aurez compris, ce second cycle annonce des changements dans la série, qui prend une nouvelle direction. Le choc de la transition, avec ce cinquième tome, est tout de même surtout celui du graphisme. Rafa Garres évolue dans un style tout autre que son prédécesseur Aouamri. Les amateurs du dessin de ce dernier ne doivent donc pas croire retrouver la série tout à fait au même point où ils l'ont laissé il y a trois ans.