Dargaud : Ladies with guns, Harlem T1, Aristophania T4, Yojimbot T2

/ Critique - écrit par plienard, le 18/02/2022

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Harlem - Tome 1 - note : 8/10

Mikaël revient avec un nouveau diptyque new-yorkais après Giant et Bootblack. Direction le quartier de Harlem, dans les années 30, où Madame Queen, une française, noire de peau, est devenue la femme la plus influente et la plus riche grâce à son jeu des nombres. Une réussite et un pouvoir qui génèrent bien des convoitises chez ses concurrents qui voient d'un mauvais œil qu'une femme noire leur fasse de l'ombre.


© Dargaud 2022.

 

Encore un bel album de Mikaël qui nous régale de son coup de crayon et de sa singulière aisance à raconter "la grosse pomme" des années trente comme personne d'autre ne l'a fait avant lui. Un univers de violence, mais aussi de plaisir ou la liberté se paie à coup de dollars et de compromis. Et Mikaël nous offre un personnage énigmatique au passé qui la ronge et qui a forgé son caractère. À notre époque de #Balancetonporc et de Black Lives Matter, ce personnage féminin, français et noir dans cette Amérique des années 30 a quelque chose d'iconoclaste voire d'incroyable. Comment a-t-elle pu réussir à arriver à la position qu'elle occupe ? On est intrigué par cette femme libre et forte, capable de dire non dans cette époque machiste et raciste.

 

Aristophania - Tome 4 : La montagne rouge - note : 8/10

Le made in France est à la mode en ce moment. Et c'est peut-être le qualificatif qui convient à cette série de fantasy de Xavier Dorison et Joël Parnotte chez Dargaud. Un qualificatif derrière lequel se cache la notion de compétence, mais surtout de qualité et de plaisir.


© Dargaud 2022.

 

Basile a maintenant rejoint les rangs du Roi banni pour une belle orpheline. Callixte et Victor doivent à tout prix trouver la source Aurore pour empêcher Gédéon, le Roi banni, de parvenir à ses fins : provoquer un drame et mettre le monde à feu et à sang. Mais Aristophania n'est plus en mesure de contrer les pouvoirs de Gédéon.

Xavier Dorison revisite l'histoire de la Commune et des luttes sociales du XIXème siècle à la sauce fantasy ce qui offre beaucoup d'originalité. Sous couvert de l'opposition entre le bien et le mal, se cache aussi le sentiment de la vengeance et de l'amour. Un secret se cache entre Gédéon et Aristophania qui les oppose et surtout les lie.

Ce dernier tome est le tome de l'affrontement final, et des révélations par un Joël Parnotte en grande forme avec un superbe travail dans le découpage et dans les visages qui donne au récit un côté cinématographique.

 

Yojimbot - Tome 2 : Nuits de rouille - note : 7,5/10

Sylvain Repos revient avec la suite de Yojimbot, un récit post-apocalyptique, entre récit initiatique et saga de science-fiction, aux éditions Dargaud. Et l'auteur ne s'est pas "reposé" sur ses lauriers (désolé je n'ai pas pu m'empêcher de la faire, celle-là !), bien au contraire..


© Dargaud 2022.

 

Après l'affrontement du premier tome, Hiro se cache et répare en cachette les Yojimbot qui doivent le protéger et lui permettre de quitter l'ile sur laquelle ils sont. Mais il faut échapper à Topu et ses drones.

Parfaite alchimie entre le manga, le comics et la BD franco-belge, l'album est comme scindé en deux parties. Une première plutôt calme, avec Hiro et ses robots passant de doux moments de vie et de tendresse, et une seconde partie plus remuante ou la vie de Hiro va se jouer.

Une drôle d'histoire qui laisse encore quelques interrogations, mais qui offre ici pas mal de révélations pour le lecteur mais aussi pour les personnages sur la réelle situation du monde. Et il est intéressant de se rendre compte que les robots deviennent des êtres à part entière, comme doués d'une certaine sensibilité.

 

Ladies with guns - Tome 1 - note : 8,5/10

C'est un western pas commun que nous propose le scénariste Olivier Bocquet (La Colère de Fantomas, FRNCK, Le Transperceneige - Terminus) et la dessinatrice Anlor (Camp Poutine, Amère Russie, A coucher dehors).


© Dargaud 2022.

 

Dans cet univers par définition machiste et masculin, le rôle des femmes s'est souvent résumé à celui de la prostituée gouailleuse, de l'institutrice timorée, de la fermière peureuse ou à l'indienne sans jugeotte. Force est de constatée que tous ces personnages sont bien présents, mais qu'elles sont quelque peu éloignées de leurs caricatures, devenant maîtresses de leur destin.

C'est ainsi que cinq femmes - une esclave évadée, une indienne sans tribu, une citadine veuve, une fille de joie et une fermière irlandaise - vont montrer aux hommes que l'union fait la force. Soumise à toute les frustrations, vexations, humiliations, elles vont décider qu'elles n'accepteront plus le diktat masculin. Et ça va faire mal !

Un récit haletant avec un dessin impeccable, on plonge pleinement dans cette ambiance de Far West qui va partir en vrille. Les personnages sont particulièrement bien développés : chacune a sa particularité mais avec un point commun, être traitées comme des sous-hommes. Les filles sont badass, les hommes sont d'une assurance crasse et bête. Et malgré l'horreur des situations et des histoires personnelles, les auteurs parviennent à instaurer des moments d'humour et de repos. Ajoutez à cela une mise en scène efficace où les flash-backs finissent d'éclairer sur le passé de chacune et on frôle la BD parfaite.

 


Les couvertures des 4 albums - © Dargaud 2022.