9/10Spider-man - 1971-1973 - La mort de Gwen Stacy

/ Critique - écrit par riffhifi, le 21/01/2008
Notre verdict : 9/10 - Parker Lewis ne perd jamais. Peter Parker, si. (Fiche technique)

Tags : man spider marvel amazing integrale comics integrales

Un classique absolu, passage de relais de Stan Lee et inspiration officielle de Sam Raimi. Gwen Stacy n'est pas morte en vain.

Sam Raimi, interrogé alors qu'il préparait le premier Spider-man, déclarait que son histoire préférée dans les quarante ans d'aventure du héros était celle de la mort de Gwen Stacy. La fin du film en est d'ailleurs directement adaptée, en version ramollie puisque le Bouffon Vert n'y tue personne avant son affrontement avec le héros. En 1973, les numéros 121 et 122 de The amazing Spider-man marquaient non seulement la fin tragique d'un personnage que les lecteurs avaient appris à aimer autant que Peter Parker, mais aussi la fin d'un arc commencé en 1971, qui montrait Harry Osborn aux prises avec la drogue.

Peter Parker est mal : sa copine Gwen Stacy est partie à Londres, son ami Harry lui reproche de vouloir lui piquer sa propre copine Mary-Jane, et le père de Harry est susceptible de redevenir à tout instant le fou furieux appelé le Bouffon Vert. Il y a de quoi craquer...

Au début des années 70, Spider-man reste une série à la ligne temporelle à peu près cohérente : après avoir été lycéen pendant quelques années, Peter est devenu étudiant et a réussi à améliorer sa vie sociale et sentimentale. Il porte A découvert
A découvert...
désormais des chemises à franges ultra-tendances, a fait la paix avec son ancien persécuteur Flash Thompson, et habite en colocation avec Harry Osborn. Côté super-héroïque, tout est calme ; si calme d'ailleurs, qu'aucune véritable scène d'action ne traverse le numéro 96 de Amazing Spider-man, axé entièrement sur les personnages et leurs relations. Stan Lee, jamais en retard sur l'actualité et malin dans la construction de ses histoires, y introduit également la question de la drogue en montrant un jeune sous LSD qui se jette du haut d'un immeuble. La scène lui valut une embrouille avec le Comics Code Authority, entité de régulation chargée de contrôler la teneur des bandes dessinées depuis le procès des années 50 sur la prétendue immoralité des super-héros. Stan Lee, en publiant le numéro sans le sceau du CCA, gagne le bras de fer, et prouve dès 1971 l'assise que Marvel a déjà atteint.
Par la suite, Stan Lee devait affecter le problème de la drogue au personnage de Harry Osborn, individu faible et angoissé qui désirait fuir la réalité plutôt que d'affronter ses problèmes. C'est la même faiblesse qui le conduira plus tard à endosser le costume du Bouffon Vert, marchant ainsi dans les bottes de son père au lieu de bâtir sa propre personnalité.

Le vrai choc, pourtant, ne viendra pas du stylo de Stan Lee mais de celui de Gerry Conway : en 1973, alors que Peter et Gwen Stacy se sont retrouvés et filent le parfait amour, le scénariste décide de supprimer la jeune fille. Dans l'affrontement ... ou masqués, le conflit est sensiblement identique
... ou masqués, le conflit
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entre Spider-man et le Bouffon Vert, l'élément humain a toujours été présent : Parker a toujours maîtrisé sa violence pour ne pas risquer de faire du mal à l'homme sous le masque, qui est à la fois son mentor et le père de son meilleur ami. Mais cette fois, un individu innocent, sans implication dans la moindre aventure super-héroïque, fait les frais d'une bataille qui ne la concerne pas. Et d'un seul coup, il n'est plus question de sauter d'un building à l'autre, de ramper sur les murs ou de porter du lycra rouge et bleu. Il est question de la mort, de la perte irrémédiable d'un être proche. On quitte les eaux de la bande dessinée de divertissement pour entrer dans la description aride de sentiments humains qu'on aimerait ne pas avoir à reconnaître. La colère, la tristesse, le sentiment d'impuissance. Et si la dernière page est belle, elle donne quand même envie de pleurer.

Contrairement à nombre de personnages de ce type de littérature, Gwen Stacy n'a jamais ressuscité.


The amazing Spider-man #96 - ... and now, the Goblin!
(mai 1971)
The amazing Spider-man #97 - In the grip of the Goblin (juin 1971)
The amazing Spider-man #98 - The Goblin's last gasp (juillet 1971
The amazing Spider-man #121 - The night Gwen Stacy died (juin 1973)
The amazing Spider-man #122 - The Goblin's last stand (juillet 1973)