Le Scorpion
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 15/06/2005 (Tags : scorpion signe marini enrico scorpions horoscope desberg
Le Scorpion baigne dans les codes du genre de cape et d'épée. Les codes : certains s'en délectent, d'autres les détestent.
Les auteurs
Stephen Desberg et Enrico Marini ont des carrières plutôt associables. Ils percent tout deux dans le métier à l'aube des années quatre-vingt-dix. Desberg avec sa grande série pour enfant Billy the Cat et Marini avec Olivier Varèse. Tous deux ont oeuvré pour des séries ayant récolté un grand succès public. Le scénariste Desberg compte une belle réussite commerciale dans sa bibliographie : I.R.S., la série-polar dont un nouvel épisode parait annuellement depuis 1999. Marini, de son côté, n'est pas en reste, avec Rapaces et Gipsy.
Scorpion la Tulipe
Tome 1, La marque du diableLe Scorpion, c'est de l'aventure avec un grand A. N'essayez pas de savoir si les moines guerriers ont bien existé, si un pape a bien été assassiné dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle et si un certain cardinal Trébaldi n'a pas été derrière tout cela... Avec Le Scorpion, l'histoire avec un grand H est un décor, pas un parti pris. Pour cela et pour sa dimension rocambolesque et spectaculaire, Le Scorpion renvoie aux films de cape et d'épée. Qu'est ce que le film de cape et d'épée sinon un sous-genre bâtard du film historique et du film d'aventure ? Au fond, peu importent les origines du Scorpion, peu importe la papauté, seule compte l'aventure.
Simpliste...
Tome 4, Le démon au VaticanAlors, évidemment, pas un album ne se passe sans au moins une scène de course-poursuite et une autre de combat à l'arme blanche. Quand l'aventure est là, elle laisse rarement de la place à la profondeur. Les personnages du Scorpion sont tous d'indécrottables stéréotypes. Le Scorpion s'inscrit dans les canons des héros du genre chevaleresque : beau, gracieux, musclé, avec une mâchoire élégamment dessinée et un sourire ravageur. Il présente les qualités habituelles : un caractère fort et gouailleur, des dons pour croiser le fer et pour balancer les phrases qui "tombent à pic". Joueur, chasseur, mais toujours courageux et loyal. Bien évidemment, notre bellâtre est secondé par un Sancho Pancha tout en bonhomie. Le balourd ne pense qu'à son poulailler, et c'est déjà pas mal pour sa condition d'écuyer. Gravitent autour de l'étalon Scorpion une ribambelle de femelles toutes plus prévisibles les unes que les autres. Garces ou putains, toutes sont du type 90-60-90, avec une peau satinée agrémentée de quelques grains de beauté bien placés et habillées avec de la dentelle et des tissus soyeux. Au premier rang de ces dames, la bohémienne Méjaï qui cache bien mal ses sentiments derrière son caractère. La boucle ne serait pas bouclée sans un ennemi digne de ce nom : le cardinal Trébaldi, sa mine patibulaire et ses projets machiavéliques.
Prévisible...
Tome 6, Le trésor du templeScorpion le hussard virevolte sur les toits de Rome, passe d'un cheval à un autre par-dessus les palissades, s'échappe des situations les plus emberlificotées. Scorpion passe toujours à deux doigts de la mort, sans jamais la rencontrer. Le bel animal échappe à tous les tirs de fusil, même ceux donnés à bout portant, et embroche par lots de quatre avec son épée. Le plus drôle, c'est peut-être cette relation conflictuelle entre Scorpion et Méjaï. Dès les premières pages du premier tome, une majorité de lecteurs est déjà convaincue que la belle gitane finira tôt ou tard dans le lit de Scorpion... Le coup classique.
Et pourtant...
Et pourtant, malgré ce simplisme, malgré cette prévisibilité, malgré ce manichéisme flagrant, malgré cette non-profondeur, on prend beaucoup de plaisir à lire les aventures du Scorpion. La raison est essentiellement technique. Le scénario est peut-être typé, mais son découpage et sa mise en cadre frisent la perfection. Grâce à un choix de plans judicieux, Marini donne beaucoup de mouvement aux scènes de combat et d'action. Enrico Marini envoûte nos yeux avec ses couleurs chaudes. On s'extasie devant les planches de Marini comme devant le gigantisme d'un tableau néoclassique.
Le Scorpion baigne dans les codes du genre de cape et d'épée. Les codes : certains s'en délectent, d'autres les détestent.
Liste des albums (mise à jour 20 septembre 2008) :
Tome 1 - La Marque du Diable (2000)
Tome 2 - Le Secret du pape (2001)
Tome 3 - La croix de Pierre (2002)
Tome 4 - Le Démon au Vatican (2004)
Tome 5 - La vallée sacrée (2004)
Tome 6 - Le trésor du temple (2005)
Tome 7 - Au nom du père (2006)
Tome 8 - L'ombre de l'ange (2008)
Hors-série : Le procès Scorpion (2007)