Le Scorpion - Tome 8 - L'ombre de l'Ange
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 12/12/2008 (Huitième partie de la saga d'Armando le Scorpion... Desberg et Marini connaissent leur affaire, et fournissent généreusement la dose escomptée de cape, d'épée, d'intrigue et de romance. Classe et divertissant.
Depuis le premier tome en 2000, le Scorpion revenait chaque année dans un nouvel épisode, toujours plus bondissant et valeureux. En 2007 pourtant, les fans furent laissés sur leur faim, puisque les auteurs ne leur proposèrent qu'un hors-série (Le procès Scorpion) composé d'illustrations superbes mais peu narratives ; heureusement, 2008 rime avec tome huit, scorpion avec champion, cardinal avec Mal, gitane avec banane, pape avec soupape et aventure avec biture.
Le Scorpion aime les potinsUn album du Scorpion, c'est aussi prévisible qu'un film avec Terence Hill : que vous matiez Trinita ou les Super-flics de Miami, vous savez que le mec va écarquiller ses yeux bleus, coller des baffes à quelques affreux, balancer deux-trois vannes pour faire bonne mesure, et s'accordera une pause pour manger des fayots avec Bud Spencer. Ici, avant même de soulever la couverture, on sait qu'Armando le Scorpion et Méjaï la gitane vont se tourner autour (mais sans la langue), que le premier va en découdre avec une demi-douzaine de reitres à la solde du cardinal/pape Trebaldi, et que le tout va se terminer dans un suspense insoutenable qui donnera envie de se projeter fin 2009 pour lire le tome 9. Entre-temps, le Scorpion se sera déguisé plusieurs fois, aura rencontré un ou deux nouveaux personnages (généralement des traîtres), et aura fait une vague découverte sensationnelle sur son passé, ses origines, les plans de Trebaldi ou le cours de la betterave en Mandchourie du sud.
Mis à l'épreuve de l'expérience, l'hypothèse se vérifie parfaitement : le paragraphe ci-dessus contient l'exact résumé du tome 8, dont le joli titre L'ombre de l'ange ne correspond qu'à une sorte de licence poétique (en rapport sans doute avec la faiseuse d'anges que l'on croise vers le début). Armando entreprend de faire évader son pote le hussard (on n'en attendait pas moins de lui), et se retrouve à nouveau au cœur d'une machination destinée à l'attirer dans un piège mortel. Qu'on se rassure, le bondissant héros n'est pas près de se faire découper en rondelles : équivalent papier du Douglas Fairbanks des années 20, de l'Errol Flynn des années 40 ou du Jean Marais des années 60, il traverse sans heurt les
... et il les alimentepéripéties les plus invraisemblables, et peut défaire une escouade de quinze hommes surentraînés tout en passant en revue la liste des courses qu'il doit faire en rentrant chez lui. Mais encore une fois, c'est ce qui fait le charme du genre, et de la série. Car on ne demande pas au Scorpion d'être un personnage complexe, alambiqué, en proie au doute et à l'introspection ; on lui demande d'avoir la classe internationale, de faire gigoter son fleuret et d'emballer comme un dingue les gonzesses du coin (sauf Méjaï, avec qui il doit conserver une interminable tension sexuelle). Sur le classicisme du scénario (Desberg ne chôme pas en cette fin d'année 2008, puisqu'il signe également les six tomes de la série Empire USA), le dessin de Marini apporte une nouvelle fois au Scorpion la dimension iconique qui le fait sortir du lot, avec son élégance, sa sensualité et le soin qu'il porte à la reconstitution historique.
Une nouvelle page se tourne dans l'une des sagas les plus divertissantes des années 2000, et le tome 9 promet une fois encore son lot de rebondissements et de panache. Le Scorpion n'est pas encore prêt de perdre son piquant.