7.5/10Prométhée - Tome 1 - Atlantis

/ Critique - écrit par athanagor, le 03/01/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Y s'la tente (Fiche technique)

Tags : tome promethee bec christophe jeux atlantis album

Bec n'est pas un familier du travail en solitaire, et c'est dommage. Quand il s'y colle, on peut rester scotché.

On connaît Christophe Bec comme scénariste ou comme dessinateur, mais le plus souvent partageant l'affiche avec d'autres artistes, s'emparant du versant resté disponible. Cette propension à partager s'étend jusqu'à la participation à des albums collectifs ou à la direction de série d'albums collectifs, avec plus ou moins de bonheur. N'ayant tenté d'assumer l'intégralité d'un album qu'à une sThe look
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eule reprise, avec le premier tome de Le Temps des Loups en 2006, il reprend l'exercice, n'abandonnant que la couleur à Sébastien Gérard, et il faut reconnaître que cela lui réussit plutôt bien.

Suite à des fouilles archéologiques au large des côtes égyptiennes, une équipe repêche une statue représentant Thanatos, le gardien de la porte des enfers. Vu que ça se passe le 1er janvier 2019, on peut supposer que ça va être une année à chier. Et de fait, à peine dix mois plus tard, le 21 septembre, à la saint Mathieu, la navette Atlantis disparaît subitement des écrans à 13 heures 13. Serait-ce un hasard ? Mmh... c'est peu crédible, d'autant que se succèdent quotidiennement, à dater de ce jour et toujours à la même heure, des évènements tous plus incroyables les uns que les autres, et ce à l'échelle planétaire. You ask me ? Ça stinks !

C'est sur ce pitch que Christophe Bec arrive à nous entretenir un petit suspense des familles pas trop mal bricolé, en droite ligne et selon une inspiration cinématographique et télévisuelle assumée. On a véritablement le sentiment de lire l'épisode pilote d'une série fantastico-paranormale mystico-pandThe look 2
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émonique. La construction entière se réclame de cette influence visuelle, du prologue sis en plein 16e siècle au milieu de la jungle panaméenne conquistadorée, à la succession de saynètes introduisant chacun des personnages principaux, avec l'impression diffuse que tous finiront par se retrouver dans un prochain tome. On en rajoute une couche en installant l'intrigue par la narration en voix-off de Prométhée qui, racontant sa propre histoire, semble étrangement nous décrire ce qui se passe pour les personnages présents. Ce n'est bien sûr qu'une illusion provoquée par la superposition des récits, mais la pilule passe. S'il subsistait un doute vis-à-vis de la volonté de Bec de produire un travail visuel proche de l'univers audiovisuel en général, on pourrait le balayer d'un revers de la main par la simple observation du physique des personnages, évoquant tous des figures déjà vues, du genre dont on se souvient jamais du nom mais qu'on a vu... mais si, tu sais !... le truc avec le machin là... et puis y s'passe des trucs bizarres... bref, des acteurs. L'exemple le plus frappant étant le directeur de la NASA, dessiné à partir de photo-shoots professionnels de Fred Ward, quand le photographe lui dit « OK Fred ! Maintenant t'es directeur de la NASA ! Vas-y mon chou, donne-moi tout c'que t'as ! Ouahh super !.. J'adore !.. Tu es mondial ! » Enfin vous voyez le tableau.

De prime abord, une vive objection serait à formuler envers la profusion de textes. Franchement, ça papote énormément ! Mais cet excès de littérature s'avère nécessaire à l'installation de l'intrigue et à l'explication détaillée de ce qui se passe. Bec ne pouvait en effet décemment pas en faire l'économie pour asseoir son histoire, surtout qu'il parvient à conserver un bon éqThe look 4
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uilibre entre dessin et texte, et que cela permet de neutraliser, en les expliquant, des éléments qui aurait pu passer pour des incohérences ou des failles dans un scénario trop léger.

Ceci dit, dans cette histoire aux reflets de Rencontre du 3e type, Event Horizon, ou Surface, le style graphique de Bec, à mi-chemin entre photoréalisme appuyé et comics, qu'on l'apprécie ou pas, donne parfois une désagréable impression d'immobilité, aggravée par certains choix dans les couleurs, qui dénotent une incompatibilité assez inconfortable entre deux conceptions que sont celle de Bec et celle de Gérard. On est donc plutôt emballé par cet épisode d'exposition, mais il faudra peut-être changer de chef-op' pour le deuxième volet.