Pico Bogue - Tome 1 - La vie et moi
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 14/05/2008 (Tags : bogue pico ana vie tome roques dominique
Le petit Nicolas nouveau serait-il arrivé ? Pas exactement, mais on trouve chez Pico Bogue le même type de fraîcheur rajeunissante et de candeur dépourvue de mièvrerie.
Les fratries qui travaillent de concert, on en connaît quelques-unes, aussi bien en bande dessinée qu'en musique et au cinéma. En revanche, un fiston qui travaille avec sa maman, c'est plus rare. C'est pourtant le cas de Alexis Dormal, qui dessine les histoires de Pico Bogue sur des scénarios écrits par sa mère Dominique Roques. Si le premier a aujourd'hui 31 ans et la deuxième 60, on peut tout de même supposer que les tribulationnettes de Pico fleurent bon le vécu...
Qui est Pico Bogue ? Un garçonnet à la chevelure décomplexée, entouré de ses parents, de sa petite sœur Ana Ana et de ses copains d'école. Ses interrogations d'enfant, parfois naïves, laissent occasionnellement la place à un sens de l'argumentation étonnant.
Recueil de gags en une demi-page ou une page (plus rarement en deux pages), l'album fait fortement penser au Petit Nicolas de Sempé et Goscinny, tant pour ses décors à base de petits traits que pour sa capture judicieuse du monde de l'enfance. Sidérant les adultes régulièrement les adultes par une sagacité inattendue, il peut aussi bien user de son verbe pour justifier le plus inutile des caprices ou une tricherie à l'école. On appréciera ainsi l'histoire où, accusé d'avoir remis exactement le même devoir que son voisin, Pico rétorque qu'il a agi de la même manière que les peintres copiant les tableaux de maîtres : il a reproduit le devoir, en plus petit.
Tout n'est pas forcément mignon dans Pico Bogue, on y parle de la vieillesse, de capotes et de soldats découpés en tranches. Mais bien plus souvent, on y fait mousser de bons sentiments un peu fatigants, comme dans cette planche où Pico vient se coller à sa mère qui vient de le réprimander, et lui déclare qu'il est attiré par son vide d'amour. Mais ce n'est pas forcément mièvre à proprement parler, et ce n'est sans doute pas la seule raison pour laquelle on hésite à décerner à Roques et Dormal le statut de successeurs de Sempé et Goscinny. C'est le poids de la référence qui pèse sans doute trop sur leurs épaules, de même que l'influence de Mafalda, dont l'humour se retrouve régulièrement aussi au cours de l'album.
Joli et rigolo, Pico Bogue passe sans doute à côté de l'opportunité d'être beau et drôle. Ce n'est pas pour autant une raison de le bouder, bien qu'on puisse regretter qu'il vise autant le public des Triplés du Figaro Madame que celui du Petit Nicolas. Tout ça pour dire qu'à être trop référencé, on perd parfois les moyens de s'épanouir.