La Geste des Chevaliers Dragons - Tome 9 - Aveugles
Bande Dessinée / Critique - écrit par Islara, le 12/12/2011 (La geste des chevaliers dragons narre les aventures de chevaliers d'exception, toujours différentes. Toujours ? Non, pas exactement, les scénaristes ANGE rappellent pour la troisième fois leur chevalier (fétiche ?), Oris, pour une histoire qui enrichit un peu plus encore la mythologie de la geste.
10 ans après Brisken, on retrouve Alia et Oris...Ô Oris ! Tu es le seul Chevalier Dragons à apparaître trois fois dans la Geste narrée par ANGE et son armée de dessinateurs. Dans Akanah (tome 2), tu disais devant tes novices incrédules : "J'étais à la passe de Brisken". Et elles de se moquer en se demandant pourquoi, avec quatre dragons à ton actif, bientôt cinq, tu n'étais pas encore matriarche et jouais les petites messagères. Dans Brisken (tome 4) où en effet tu étais, tu es arrivée à temps pour sauver Alia, ta soeur d'armes et d'âme, ainsi que 14 autres survivantes de l'Ordre de Messara.
Ô mystérieuse Oris, avec ton étrange tatouage sur le front, dont on découvre enfin la signification dans Toutes les mille et une lunes, serais-tu une choisie des scénaristes en plus d'être touchée des dieux ?
Toujours accompagnée d'Alia, on te trouve dans ce tome 9, dix années après le massacre de Brisken, non sous les beaux traits de Briones, mais sous ceux tout aussi réussis, presque plus même, de Francisco Ruizgé. Des traits aussi clairs que ceux de ton âme, aussi précis que ceux de ton épée et aussi vifs que ceux de ton tempérament. A travers une intrigue pour la première fois non linéaire, subdivisée en trois tableaux alternatifs, s'incarne ainsi la sage comptine que l'on apprend aux petites filles de l'école de l'Ordre : "Il était une très vieille femme confite dans ses rêves de vengeance, et la haine lui avait cousu les yeux d'amertume et de toiles d'insectes..." Oris, tu vas malheureusement y vivre une des plus redoutables épreuves de ta vie, laquelle explique probablement pourquoi tu n'as jamais voulu du poste de matriarche.
...pour une de leur plus dure épreuve.Ô ami(e) lecteur(trice), ce tome 9 est la suite bienvenue de Brisken. Après tant de sang, on attendait plus qu'un simple "Notre Ordre ne se mêle pas de politique" et ANGE nous l'offrent enfin, de manière sublime. Les trois tableaux de ce tome, alternant et se juxtaposant pour ne se réunir qu'à la page 45, offrent un rythme et un suspense peu égalés dans la série, sauf peut-être par les tomes 6 et 11. Les émotions et passions s'accumulent tout doucement et éclatent comme une bombe à retardement lors de la conclusion finale. Nos deux scénaristes préférés, ANGE, ont décidément le don de narrer une histoire avec génie : mélange de simplicité et profondeur, touche de poésie et d'innocence, figures paradoxales et intriguantes, personnages nombreux et surprenants. Oui, surprenants, car les fauteurs de troubles ne sont pour une fois pas ceux que l'on pourrait croire, parce que pour une fois, on voit des femmes qui trouvent une liberté ailleurs que sur les bancs des Chevaliers et parce qu'on n'imaginait pas un empereur rongé par la culpabilité.
On sera toujours sidéré par la variété de tonalité narrative dont ANGE sont capables d'un tome à l'autre, à croire qu'un autre scénariste tiendrait la plume dans certains autres volumes. Leur talent n'en est que d'autant plus respectable.
En somme, Aveugles est la preuve de ce que l'on soupçonne depuis longtemps : la longue épopée de la Geste des Chevaliers Dragons a été construite et prévue bien avant sa narration. Tous les détails y semblent fixés depuis l'origine et ANGE prennent un malin plaisir, et nous avec, à les révéler petit à petit, dans le désordre le plus total, histoire de tester notre sagacité, et de manière vivante au travers d'histoires personnelles et de figures attachantes.
PS : pour les nostalgiques de l’orgueilleuse Snejana (tome 5), sachez qu'on y trouve dans ce tome 9 un petit clin d'oeil.