La Geste des Chevaliers Dragons - Tome 12 - Ellys
Bande Dessinée / Critique - écrit par Islara, le 23/12/2011 (
La Geste des Chevaliers croît lentement mais sûrement, presque comme le Veill, à cette différence près qu'elle n'a rien de maléfique. Et, avec le temps, on constate que si les différents tomes ne se suivent pas, ou peu, sauf par quelques clins d'oeil ou par personnages dérivés, il est parfois fait entorse à la règle.
Ouh il va être dur à tuer celui-là...Aveugles avait inauguré l'exception en nous offrant la suite bienvenue de Brisken. Ce tome 12 poursuit ce qui pourrait bien être une nouvelle tendance en nous livrant la suite du tome 1. Vous souvenez-vous ? La jeune écuyère Ellys avait cédé aux avances doucereuses du capitaine très manipulateur et sournois d'une garnison de soldats en poste avancé dans le Veill. Elle avait par-là, et en n'avouant sa faute que trop tard à Jaïna, causé indirectement la mort de celle-ci. Elle s'était partiellement rachetée en tuant le dragon (c'est peut-être bien la seule non-vierge qui y soit arrivé d'ailleurs), mais la culpabilité était une plaie béante dans son coeur et son âme.
15 ans plus tard, cette plaie s'est-elle refermée ? Qu'est finalement devenue la jeune Ellys ? Ce tome 12 nous donne les réponses à ces mystères en nous offrant une intéressante réflexion sur la culpabilité et le pardon, lequel passe peut-être d'abord par le pardon à soi-même. Il en profite au passage pour aborder aussi la question de la responsabilité. Jusqu'où est-on responsable des conséquences, même lointaines et indirectes, de ses actes ? Est-ce encore de notre faute si tel évènement s'est produit alors que d'autres facteurs sont intervenus pour en causer la réalisation ? L'approche de toutes ces thèmes est faite par ANGE, comme à chaque fois, de manière subtile, via l'émotion mais plus particulièrement ici par une approche miroir, à la fois dans la narration et dans l'organisation des planches qui font largement leur petit effet sur le lecteur.
Ellys est-elle toujours hantée
par la culpabilité ? Ce tome 12 est de ce fait plus léger que d'autres, il le sera peut-être même trop au goût de certains qui auraient préféré du lourd, comme Brisken ou Par-delà les montagnes. Néanmoins, ainsi que nous l'avons déjà constaté, une certaine légèreté et certaines pauses sont bienvenues dans La Geste des Chevaliers Dragons, qu'il faut voir avant tout comme un véritable ensemble logique. Alors, après les horreurs de Toutes les mille et une lune, une bouffée d'oxygène se savoure avec plaisir et puis on est quand même bien content de savoir ce qu'est devenue Ellys. L'absence de suite est parfois un peu frustrante.
On notera en prime que nos scénaristes préférés ont pris soin de demander à Alberto Varanda (dessinateur de Jaïna) de réaliser la couverture. Geste sympathique, même si Brice Cossu s'en sort remarquablement bien. Le travail qu'il a effectué sur les expressions de visage et en particulier des yeux est assez saisissant. Le combat avec le dragon, en final comme dans le tome 1, est également suffisamment bien travaillé pour envoûter le lecteur.
Bref, pari réussi pour ce "poème" supplémentaire de La Geste des Chevaliers Dragons. On ne se lasse décidément pas de la série même au bout de la douzième fois.