4.5/10Damoclès - Tome 2 - La rançon impossible

/ Critique - écrit par riffhifi, le 10/04/2009
Notre verdict : 4.5/10 - Cette BD s’autodétruira dans cinq secondes (Fiche technique)

Tags : damocles tome callede henriet eur joel rancon

Ely revient avec sa tignasse rousse et ses gros nichons pour protéger ses clients des vilains terroristes. Les efforts d'injecter un soupçon de subtilité dans ce schéma tournent vite court au milieu d'une mare de clichés.

Le premier tome arrivait presque à faire illusion : un contexte futuriste intrigant, un postulat un peu trouble où les héros se voient obligés de batailler contre une cause qui paraît plutôt louable... Si ces éléments restent en suspension dans cette suite, le côté "clichés et gros sabots" prend nettement l'avantage. Le résultat est paresseux et commercial, un boulot de professionnel consciencieux mais peu impliqué. Un peu comme les personnages principaux, d'ailleurs.

Ely baba
Ely baba
Ely et ses sbires sont toujours chargés de la protection de Saïd El-Ahmad, le fils gâté-pourri d'un riche industriel victime des menaces du groupuscule terroriste Sherwood. Au-delà de cette trame, sur laquelle il y avait matière à tricoter de sérieux enjeux (les membres de Damoclès vont-il remettre en cause leurs convictions, les actions de Sherwood seront-elles expliquées en détail ...?), Joël Callède préfère mettre en avant de mesquines histoires personnelles : amourettes, coucheries, rien de bien méchant. Rien en tout cas qui puisse titiller l'esprit ou le cœur du lecteur entre deux scènes d'actions réglementaires, avec la giclée de sang de la page 19 et le nichon de la page 21, comme spécifié dans le cahier des charges. La narration se tient, elle est simplement d'une incommensurable paresse, refusant de proposer la moindre évolution réelle des personnages, reposant sur des rebondissements convenus prévisibles quinze pages à l'avance, et faisant usage de dialogues piochés sans vergogne dans la masse des pires feuilletons du samedi après-midi. « Nous ne sommes pas en vacances !! Nous avons une mission à remplir !! » « On t'emmène faire un petit tour avec nous !! » « Accroche-toi, connard ! ça va secouer !! »...

Le dessin d'Alain Henriet, dynamique et rigoureux, est efficacement servi par les couleurs d'Usagi ; leur collaboration est particulièrement percutante dans les grandes cases, malheureusement assez rares dans l'album. Mais le graphisme Restons poli !
Restons poli !
n'est pas de ceux qui pallient à un scénario flemmard. Ici, les personnages sont survolés, et leurs occasionnelles confrontations ne semblent pas suffisamment liées à l'intrigue pour qu'on y attache une réelle importance. Quant au twist des dernières pages, il n'élève pas le niveau dans une strate supérieure, il se contente de déplacer le problème. En évitant tout le potentiel de son histoire (le « Blitz » qui dope les agents de Damoclès, c'était pourtant une piste à explorer !), peut-être le scénariste se garde-t-il de la matière pour le tome 3... Mais comme l'intrigue du premier volume trouve ici sa conclusion, la promesse contenue dans la mention « à suivre » de la quatrième de couverture pourrait bien tourner court. Dommage, car les prémisses de la série promettaient mieux qu'un spectacle fadasse qui se regarde du même coin d'œil qu'une anonyme série d'action télévisée ; et il est plus facile de pardonner sa faiblesse à une série TV qui compte 22 épisodes par an qu'à une série BD qui n'en compte généralement (au mieux) qu'un seul...