2/10Haute sécurité - Cycle 2 : Les nouveaux maîtres - Tome 2

/ Critique - écrit par riffhifi, le 05/02/2009
Notre verdict : 2/10 - Prison berk (Fiche technique)

Tags : tome haute securite callede gihef nouveaux maitres

Callède empile toujours cliché sur cliché avec un soin tel qu'on se demande dans quelle mesure il ne le fait pas exprès. L'intérêt du résultat reste proche du néant.

Deuxième volet d'une série commerciale et sans conviction... on ressort donc la critique du tome précédent, en changeant simplement quelques mots (en rouge).

En août 2008, Callède et Gihef sortaient simultanément les deux premiers tomes de Haute sécurité, un titre d'une originalité redoutable pour une série carcérale (et puis au moins, Stallone ne l'a pas utilisé avant eux). Sans perdre de temps, ils font chauffer le troisième tome pour début avril 2008, commençant ainsi un nouveau cycle de deux albums. Il faut dire que le scénario ne doit pas être bien long à écrire... La conclusion de ce cycle vient de sortir en janvier 2009.


A la prison de Templeton Bay, on s'amuse toujours autant. Les prisonniers semblent s'être mis en tête de se suicider les uns après les autres, au grand dam du gentil Aleks Wojda, qui essaie de résoudre ce mystère. Reeves, en revanche, s'en tamponne complètement parce qu'il est très méchant. Pendant ce temps, un prisonnier se plaint de l'élargissement intempestif de son trou de balle par son voisin de cellule.

Le lecteur moyen de ce genre de série incontestablement commerciale est généralement équipé d'une télévision. S'il est possible qu'il ait raté Oz dans les années 90, il est néanmoins peu probable qu'il ait raté Prison Break. Difficile de ne pas faire pâle figure à côté d'un tel carton qui, malgré ses défauts, contient tout de même son lot d'innovations scénaristiques. Haute sécurité, pourtant, se contente de dévider sur 46 pages les pires clichetons associés aux histoires de prison : le « boss » à la tête d'un trafic de drogue interne, la sodomie forcée des faibles par les forts, le « gentil gardien » (humain, intelligent et sexy) opposé au « méchant gardien » (sadique, malhonnête et libidineux) (et roux, tant qu'à faire)... Surnageant au-dessus de cet océan de lieux communs platement alignés, l'histoire de ce nouvel opus peut être résumée en une courte phrase : pourquoi les prisonniers se suicident-ils ? En admettant que vous soyez intéressé par la réponse, on vous conseille de sauter directement aux dernières pages, constituées d'un rebondissement aussi usé que prévisible. Un peu de violence (mais pas trop), un peu de sexe (mais pas trop cru), quelques éléments sordides pour l'ambiance (une chaussette sale dans le décor, un peu
de vomi suggéré - pas trop non plus pour ne pas effaroucher le père de famille qui partage la lecture avec son fils de 13 ans), et hop ! le tour est joué. A croire que ce genre de scénario sort d'une machine, comme dans cet épisode de Chapeau melon et bottes de cuir où il suffisait de jouer quelques notes sur un piano (« rupture », « sexe sur la plage », « orchidée dans les cheveux ») pour qu'un roman à l'eau de rose de 300 pages tombe d'une trappe spécialement conçue. Littérature express : pas d'idée, pas d'envies personnelles, juste une formule déclinable à l'infini.

Le dessin de Gihef, par ailleurs, n'est pas en cause : dans son style réaliste, il assure le récit efficacement, et parvient même par moments à lui insuffler une gravité et une ampleur que le scénario seul était bien impuissant à fournir (voir la très belle page 19 avec son gaufrier au rendu étonnamment intense). Mais pas assez pour sauver l'album de la médiocrité. Le plus rageant est que Callède et Gihef ont visiblement le talent nécessaire à la réalisation d'une bande dessinée bien meilleure, mais qu'ils le sacrifient à la facilité dans le but de faire de meilleures ventes. A tout prendre, on préfère presque le Damoclès du même Callède, qui fait preuve d'une démarche un poil plus originale.