8/10Canardo - Tome 21 - Piège de Miel

/ Critique - écrit par plienard, le 26/11/2012
Notre verdict : 8/10 - Comte de fée (Fiche technique)

Tags : canardo sokal tome casterman benoit inspecteur piege

Une nouvelle aventure – la vingt-et-unième – pour Canardo, ce privé au look de Colombo et au faciès de canard, vient de paraître aux éditions Casterman. Le héros de Benoit Sokal est embarqué dans une affaire pas très morale. Il participe à un complot contre le ministre belgambourgeois Burt Boverpick pour l’impliquer dans une histoire d’adultère. Il faut dire que le ministre ne résiste pas au sexe faible et a des mœurs légères et les idées larges. Et c’est avec l’aide de Betty, une pute de luxe, que Canardo va mettre à exécution son plan. Mais le temps va se mettre de la partie. Et bloqué par la neige, tout ce petit monde va se retrouver dans le château d’une famille noble désargentée, dans une ambiance à la Agatha Christie.


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Ce nouvel album est un petit bijou d’expressions imaginées qui ne sont sans rappeler les dialogues de Michel Audiard. Si dans un premier temps, les « métaphores piscicoles » sont légion (« la poiscaille est dans la bourriche », « le poisson a mordu », « la truite est dans le torrent »), les dialogues prennent vite une tournure beaucoup plus libertine et les allusions sexuelles imagées prennent le pas : « il m’a défrisée le dindon en deux coups de cuillère à pot ... », « m’a inauguré le vestibule.. si ça vous dit de me besogner ».

Si les dialogues sont assez rutilants, les personnages sont, eux aussi, hauts en couleurs avec en premier lieu, le ministre Burt Bovenpick (Boverpick ?). Personnage changeant de nom au cours de l’album (suite à une faute de frappe ?), il a un physique bedonnant et une sexualité débridée. De par son physique et son exigence sexuelle, il n’est pas sans rappeler un homme politique français récemment apparu dans les médias à la suite de quelques escapades américaines et lilloises. Dans un autre genre, la famille de de La Sapinière est pas mal dérangée, elle-aussi. Entre le petit frère, Godefroid, surnommé « Gode » par sa sœur, qui se nourrit exclusivement de Nutella et qui a un ricanement pervers à chaque allusion sexuelle, et sa sœur Amélie, irrésistible quand elle fait ses yeux de biche, qui va se dévouer corps et âme pour la cause belgambourgeoise.

Dans une ambiance glauque et totalement dévoyée, Canardo participe à cette débauche de luxure. Un monde pourri qui n’est pas sans apporter une certaine culpabilité à notre privé cynique. Au travers de cet album, une réelle critique de la société belge (et ses problèmes d’unité nationale) ainsi que des politiques en tout genre est à remarquer.


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