4.5/10Les Bidochon - Casting Bidochon

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/10/2007
Notre verdict : 4.5/10 - Nous bidochons, vous bidochez, ils bidochent… (Fiche technique)

Inégal et incohérent, l'album ne dépasse pas le stade de la simple curiosité, et frôle même parfois l'imposture. Pour ceux qui aiment les vrais Bidochon, procurez-vous les rééditions...

Les Bidochon ont 27 ans. Robert et Raymonde, le couple le plus moyen de la bande dessinée française, menacent de prendre leur retraite pour de bon, laissant orphelins les lecteurs de leurs non-aventures narrées depuis 1980 par Binet avec un talent toujours renouvelé.
Pour leur succéder, il va falloir organiser un casting : tel est le concept de cet album-hommage, un format traditionnellement casse-gueule qui laisse un collectif d'auteurs s'exprimer sur un sujet qu'ils ne maîtrisent pas. Le résultat relève souvent du pur exercice de style, et remporte un succès commercial dû exclusivement à la popularité du titre.

Casting Bidochon n'échappe malheureusement pas à la règle, malgré quelques planches inspirées - les auteurs réunis représentent la force vive actuelle de Fluide Glacial, on n'est pas précisément devant un ramassis de manchots.

Les épisodes "casting"

Vus par Larcenet
Vus par Larcenet
Quelques rares auteurs ont compris l'idée de l'album : chercher des remplaçants à Robert et Raymonde. Leurs pages ne sont pas pour autant les plus réussies : Maëster propose une poignée de caricatures rigolotes, Achdé frise le hors-sujet, Hugot fait du Hugot sans conviction...

On notera pourtant un texte amusant de Léandri, prolongé par trois planches de Ferri et Larcenet qui sont sans doute les hommages les plus affectueux et ingénieux de tout l'album.

Les épisodes "à la manière de"

Vus par Charb
Vus par Charb
Certains prennent le principe de l'hommage au premier degré, en livrant leur propre vision d'un gag des Bidochon : c'est finalement ce qu'on attend de ce genre d'album, une déclinaison des mêmes personnages vus par l'œil de plusieurs auteurs.

Forcément inégales, les planches de Libon, Charb, Lefred-Thouron, Jannin & Dal, Lindingre s'effacent finalement devant ceux qui ont eu l'astuce de transcender le procédé : Riad Sattouf avec sa version parfumée au cannabis (bof quand même), Mo/CDM avec sa variante futuriste (un comble, alors que Cosmik Roger est de moins en moins teinté de SF), et surtout Gaudelette, qui s'en tire particulièrement bien avec sa mise en abîme qui lui permet à la fois de traiter le sujet et de faire du pur Gaudelette.

Les épisodes "déviants"

Vus par Edika
Vus par Edika
Certains ont carrément eu du mal à trouver l'inspiration. Goossens a trouvé la parade en livrant une version "Autant en emporte le vent" de ses personnages Georges et Fred (un peu hors sujet, quoi), tandis que Thiriet a laborieusement décliné les Bidochon sous forme de parodies nullos : Cyrano, Pulp Fiction, etc. Pas très convaincant.

Le vainqueur de la catégorie "autres", c'est probablement Edika, vétéran de Fluide au même titre que Binet, qui livre une confrontation entre ses propres personnages et les Bidochon, montrant au passage la seule imitation crédible du dessin de Binet.


Inégal et incohérent, l'album ne dépasse pas le stade de la simple curiosité, et frôle même l'imposture quand on voit que certains auteurs cités en couverture se fendent d'un seul dessin, voire d'une simple préface dans le cas de Gotlib. Pas vraiment une préface d'ailleurs, puisqu'elle atterrit au milieu du volume... disons une interface...
Si vous voulez fêter l'anniversaire des Bidochon, tournez-vous plutôt vers les rééditions en petit format que Fluide propose également ce mois-ci : les bourses plates y trouveront un moyen économique de se constituer une collection complète avec les 18 tomes signés du vrai papa de M. et Mme B. : Binet.