1, 2, 3, 4, 5 ... Soleil !

/ Critique - écrit par plienard, le 30/06/2014

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5 albums à découvrir ou à suivre chez Soleil avec Lady Liberty, Oracle, les seigneurs de Cornwall, Hannibal Meriadec et Wunderwaffen.

Lady Liberty, tome 1 – note 7/10


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Lady Liberty est le titre d’une nouvelle série chez Soleil de Jean-Luc Sala et Aurore, respectivement scénariste et dessinatrice. Le premier est désormais un habitué des éditions Soleil avec Plonéïs l’incertain, Questor et surtout Cross fire qui marque son retour dans la bande dessinée en 2002.

Aurore, elle, nous est moins connue, bien qu’elle ait déjà à son actif des albums comme Pixies (chez Delcourt), le collectif Sweety sorcellery, un tome de Kookaburra universe (tome 10) et  Elinor Jones (chez Soleil). Elle prouve en tout cas son savoir-faire avec ce bel album qui montre ses influences manga pour un récit en pleine histoire française, pendant le siècle des lumières et précédant la révolution française.

Les auteurs utilisent d’ailleurs de nombreux personnages historiques comme l’espion(ne) Éon (très connue des cruciverbistes), Beaumarchais, Thomas Gage et Margareth Kemble Gage ou encore Paul Revere ainsi que des faits avérés comme la bataille de Lexington.

En mai 1774, le secret du roi – le réseau d’espionnage initié par louis XV – est en Angleterre et prépare les plans de son invasion. Mais la guerre de 7 ans entre la France et la perfide Albion ont pratiquement ruiné les deux états. L’heure est donc à une pause diplomatique et l’arrivée de Louis XVI sur le trône de France va sonner le glas de ce réseau. Lya de Beaumont, l’héroïne, et sa mère adoptive, la chevalière d’Éon sont donc devenues persona non-grata. Beaumarchais est chargé de mettre fin à leurs activités et de récupérer les plans compromettant la paix actuelle.

De l’histoire, de la comédie, quelques dialogues sulfureux, une aventure de cape et d’épée, ce premier album est plutôt une réussite. Il introduit parfaitement son héroïne, Lya de Beaumont, avant un deuxième album qui devrait rentrer dans le vif du sujet.

 

Oracle, tome 2 – note 7/10


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On retrouve le vieil aveugle et conteur d’histoire, l’oracle, pour ce second tome de la série chez Soleil. On a aussi, d’ailleurs, un personnage du premier tome, l’enfant qui écoutait le vieil homme raconter l’histoire de la pythie. L’enfant a maintenant grandi et est devenu poète et voyageur. Et n’est autre que le futur Homère (!). Ça c’est pour l’anecdote. Le vieil homme, lui, n’a pas changé et Homère le reconnaît au premier coup d’œil (?). Il va, cette fois, raconté le récit d’Akilon, fils de roi, devenu bandit après avoir été chasé par son père et qui va finir esclave d’un prince d’Argos qu’il doit former à la lutte pour les jeux olympiques.

Second récit de la série concept, ce tome est signé Ronan Le Breton pour le scénario et Bertrand Benoît pour le dessin. Certains d’entre-nous connaissent le premier pour sa participation aux collectifs les contes de l’Ankou, les contes de Korrigan (http://bd.krinein.com/contes-korrigan-9-colline-ahna/) et les légendes de la table ronde. Il est aussi l’auteur d’Arawn (http://bd.krinein.com/arawn-1-bran-maudit/), la célèbre série de dark-fantasy

On retrouve d’ailleurs dans ce récit la narration et l’influence de cette dernière. Le dessin, par son graphisme et ses couleurs, nous y font irrémédiablement penser. Noirceur, vengeance d’un fils, utilisation des enfers, femmes vénéneuses, le récit est violent et le calme y est une denrée rare.

 

Les seigneurs de Cornwall, tome 3 – note 4,5/10


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Le tome 3 des seigneurs de Cornwall vient de paraître aux éditions Soleil. Il met fin à la série avec le drame de Tristan et Yseut, victimes des complots de la reine Gloredell contre le roi Mark. Le retour de Tristan va permettre à la reine maléfique de compromettre l’épouse du roi Mark. Mais Yseult sait, elle aussi, utiliser la magie.

On retrouve donc la légende de Tristan et Yseult, deux êtres qui se détestent, avant qu’une force magique ne les attire l’un vers l’autre. Dans cet environnement de légendes arthuriennes, Sylvain Cordurié et Éric Nieudan signent un récit un peu convenu mais pour lequel les lecteurs de la première heure trouveront une finalité.

Le point le plus négatif revient sans doute au dessin de Giuseppe Quattrochi. Si les premières pages sont dignes d’intérêt, avec de belles cases détaillées, la fin de l’album est loin d’être du même niveau. L’affrontement final entre les différentes parties manque de détails. Dès qu’il y a de nombreux personnages, le trait se fait fuyant et est moins assuré. Le sentiment d’avoir voulu finir vite effleure l’esprit du lecteur. C’est dommageable, cela ternit le travail du début.

 

Hannibal Meriadec, tome 4 – note 7/10


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Hannibal Meriadec est à la recherche des larmes d’Odin, 7 diamants qui permettront de faire renaître Selina dont l’âme est abrité dans un corps qui n’est pas le sien. Pour cela, il faut récupérer le manuscrit de Karlsen au nez et à la barbe de l’ordre des cendres, puis libérer le capitaine Alamendez. De dernier jouit d’une réputation de cannibale. Il doit d’ailleurs être pendu pour avoir chasser le cousin du roi du Portugal et surtout en avoir croqué un morceau.

Voici don un nouveau personnage dans l’aventure du pirate Hannibal digne d’intérêt. Si au premier abord, il est assez effrayant, les apparences sont souvent trompeuses. Et c’est sensiblement le plus gros intérêt du livre qui part du mystique avant de tomber dans un suspens hollywoodien un peu banal type Lost.

On est un peu déçu par l’intrigue de Jean-Luc Istin bien qu’elle nous réserve quelques surprises. La trajectoire d’Hannibal est un peu trop rectiligne. Le pirate est sûr de son fait, ne doute jamais. Il semble déjà tout savoir ce qui a pour effet d’atténuer grandement le suspens. Une interrogation concerne l’ordre des cendres. Il en est question dans la première partie de l’album pour un affrontement succinct avec l’une des trois sorcières. Mais vraiment Hannibal écrase tout sur son passage. Mais on pressent une accumulation d’ennuis dans les prochains tomes.

Stéphane Crêty est toujours aux pinceaux de cette série pour notre plus grand plaisir et quelques belles pages de fin. Si on peut regretter l’option cinématographique prise par cette série de la collection Celtic, on ne reste pas moins happer par le récit.

 

Wunderwaffen, tome 5 – note 6.5/10


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Petite pause dans le déroulement de la vision uchronique de la seconde guerre mondiale par Richard D Nolane et dessinée par Maza. Depuis quatre albums, on suivait l’aviateur allemand Murnau et son incroyable chance, que l’on peut qualifier de divine. Sorti miraculeusement vivant de plusieurs crashs, il était devenu l’icône parfaite pour la propagande nazie. Un homme béni des dieux en quelque sorte. Et cette propagande démarre après le D Day – Disaster Day –, le 06 juin 1944.

C’est sur ce jour désastreux pour les allés que ce cinquième album se focalise. On abandonne Murnau pour un temps – bien qu’il soit présent dans les batailles – ainsi que les armes merveilleuses allemandes pour découvrir ce qu’il s’est réellement passé ce jour là.

Cet album arrive évidemment à point (l’album est sorti le 14 mai 2014), quelques jours avant la célébration des 70 ans du débarquement des alliés en Normandie (le vrai). Il revient en arrière par rapport aux autres albums, mais continue aussi de tourner autour du pot. Où veut aller Richard D Nolane? Cherche-t-il à faire une uchronie mystique ? Y a-t-il réellement une intervention divine ? Il y a aussi un petit point gênant à faire gagner la barbarie. Le scénariste réinvente l’histoire dans son côté sombre. Mais peut-il encore continuer ? Le lecteur a besoin d’espoir, de justice et pour l’instant, ce n’est pas le cas.

Et c’est Maza qui donne en partie du bonheur au lecteur. Le dessinateur bosniaque nous enchante à chaque album et donne pour l’instant le change. Son trait réaliste ne cache pas le cynisme des vainqueurs mais on espère bientôt avoir une explication sur les événements.