Dargaud : c’est tellement mieux à deux !

/ Critique - écrit par plienard, le 20/10/2014

Quatre albums qui ont la singularité d’être chacun un second tome ; Blue note, Les voleurs de Carthage, Les vieux fourneaux, et Alcyon

Les vieux fourneaux, tome 2 – note 8.5/10

Rarement un second album aura été aussi attendu. Le tome 1 avait été une bonne surprise, d’une drôlerie incomparable au point qu’il a reçu le prix des libraires de bande dessinée 2014.


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Six mois plus tard, le duo Wilfrid Lupano et Paul Cauuet remettent ça aux éditions Dargaud avec un second album qui n’a rien à envier au premier. Les dialogues sont toujours aussi drôles, les personnages de Milou, Antoine et Pierrot sont d’une vitalité hors-norme malgré leurs 250 ans au total. Et il y a Sophie qui va faire une sacrée connerie en offrant une fortune au collectif « Ni yeux, ni maître » de Pierrot. L’argent, ce n’est pas encore trop grave, mais elle a utilisé un nom d’emprunt pour ne pas qu’on connaisse la donatrice. Et prendre le nom de l’ancienne petite amie de Pierrot, censée être morte depuis 1963, ce n’est pas l’idée du siècle. Le pauvre vieux, le voilà tout bouleversé et il va vouloir la retrouver.

Question intrigue, Wilfrid Lupano ne s’est pas foulé. Après avoir fait péter les plombs à Antoine avec les révélations sur sa femme, voilà qu’il fait péter les plombs de Pierrot avec la femme de sa vie. Ce sera la seule critique de cet album car c’est un réel plaisir à voir ces vieux casser la gueule à de vieux rivaux. Mais tout ce qui donne le piment à tout cela, c’est bel et bien l’univers de quatrième âge réactionnaire dans lequel ils vivent. La présentation du collectif et de l’île de la tordue est un pur moment de bonheur. La bombe humaine, Jean-Childéric, en plein congrès UMP vaut son pesant de cacahuètes et la blague récurrente à la boulangerie est hilarante.

En lisant cette bande dessinée, c’est la seule fois où j’ai enfin envie d’être vieux, mais uniquement pour faire chier les cons !

Blue note, tome 2 – note 8/10

Dans une moindre mesure que les vieux fourneaux, mais avec une certaine envie, ce tome 2 de Blue note chez Dargaud était attendu. L’originalité de ce diptyque vient du fait que les deux tomes ne se suivent pas mais traitent de deux personnages différents pendant les 30 derniers jours de la prohibition. Deux personnages qui vont se croiser, que l’on va voir d’un album à l’autre, mais qui ont chacun leur destinée.


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Si le premier tome était consacré à un boxeur irlandais, il est ici question de RJ, un jeune black du Mississipi, qui débarque à New York pour jouer du Blues. C’est un véritable artiste. Sa musique est magique et envoutante. Il n’a aucun mal à se faire embaucher au Dante’s lodge. Mais il va devoir apprendre les règles du milieu et surtout à composer sa propre musique. Autant de talent provoque aussi beaucoup de jalousie.

Après le thème de la boxe, celui du blues dont les notes et la mélodie sont symbolisées par des effluves enivrantes. Sur un scénario de Mathieu Mariolle, Mikaël Bourgouin signe une superbe représentation, à la fois très dure dans les événements et très poétique dans la représentation de la musique. Il fait parler ici son talent de peintre.

 

Les voleurs de Carthage, tome 2 – note 6.5/10

On avait abandonné Horodamus le gaulois et Berkan le numide crucifiés le long des remparts de Carthage. Ils vont échappés à la mort grâce à l’armée romaine qui va les libérer car elle voit dans ces crucifiés une main d’œuvre supplémentaire pour détruire la cité. Tara, Antigone et Melqart sont, quant à eux, toujours à l’intérieur de la ville assiégée et n’ont pas abandonné l’idée de voler le trésor des carthaginois.


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Sur fond historique de la guerre de Rome contre Carthage, Appollo et Hervé Tanquerelle nous proposent un récit assez sombre cette fois, qui n’a plus, en tout cas, le côté franchement amusant du premier album. Il faut dire que les cinq complices sont complètement obnubilés par le désir de s’accaparer l’or de Carthage. Au point qu’ils en oublient presque que les romains sont là pour détruire la ville et qu’ils le font avec une férocité assez déconcertante. Mais s’il est moins drôle, il n’est pas moins passionnant. On s’est pris d’empathie pour ces personnages et les auteurs expriment bien l’horreur du massacre qui confine à quelques situations burlesques.

Un bon album, donc, pas aussi drôle que le premier, mais il est évident que ce n’était pas la volonté première des auteurs. Au final, ils réussissent un bon diptyque avec deux albums ayant chacun leur style.

 

Alcyon, tome 2 – note 6/10

Le scénariste du Complexe du chimpanzé ou du Protocole pélican chez Dargaud, Richard Marazano, est aussi capable de récit plus poétique et moins schizophrène tel que le merveilleux diptyque Le Monde de Milo toujours chez le même éditeur. C’est d’ailleurs avec le même dessinateur que pour Milo, Christophe Ferreira, qu’il réitère une histoire avec de jeunes héros embarqués dans ce qu’on pourrait appeler une odyssée.


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Alcyon est le nom d’un jeune garçon parti à la recherche du collier d’Harmonie en compagnie de Phoebe. Ils veulent mettre fin à une injustice contre leur tribu. Mais le chemin est long et semé d’embûches. Les premières de celles-ci sont les Harpies qui vont faire chavirer le bateau sur lequel ils ont réussi à embarquer avec le jeune spartiate Kyrillos. Ils vont alors échouer sur une plage où une étrange fille va les recueillir accompagnée d’un satyre.

Dans ce second épisode, il va être question du mythe du roi Midas qui transforme tout ce qu’il touche en or. La mythologie grecque sous le trait très manga de Christophe Ferreira apparaît sous une vision tout à fait originale.

Ça manque peut-être d’un réel suspens car jamais on ne doute que les trois jeunes gens vont réussir les épreuves qu’ils rencontrent dans leur quête qu’ils ont un peu oubliée dans cet album. Mais lentement, on voit que les auteurs mettent en place les pièces du puzzle avec l’arrivée de nouveau personnage d’un côté et les parents de l’autre qui veulent retrouver leurs enfants.