6.5/10Le Complexe du chimpanzé - Tome 1 - Paradoxe

/ Critique - écrit par iscarioth, le 03/05/2007
Notre verdict : 6.5/10 - Bombe ou pétard mouillé ? (Fiche technique)

Pour convaincre, Le complexe du chimpanzé devra se mettre à la hauteur des mystères qu'il se plait à cultiver. Le dénouement doit faire autant de bruit que le long roulement de tambours qui le précède. Bombe ou pétard mouillé, on attend de savoir...

Cuervos : l'un des rares titres phares des éditions Glénat ces dernières années. Une série que l'on doit au scénariste Richard Marazano. A l'évidence, ce nouveau projet chez Dargaud était attendu.


Le complexe du chimpanzé
est un récit de science-fiction qui doit se raconter en trois albums. L'histoire est celle d'Hélène Freeman, astronaute brillante, difficilement partagée entre sa passion pour l'espace et sa fille qui souffre intensément de ses absences répétées. Un héros partagé entre raisons professionnelles et passions familiales, une base connue, voire rabâchée par le cinéma grand public américain. Marazano parvient tout de même à passionner, par son sens des concoctions mystérieuses. Nous sommes en 2035 et un porte-avion militaire américain repêche une capsule spatiale, avec à son bord deux hommes prétendant être Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Le complexe du chimpanzé est une histoire qui cultive le mystère, au point de se donner des airs de thriller. Dans la mise en scène de leur histoire, le choix des plans, Marazano et Ponzio appuient le mystère et la tension par des gros plans et effets d'ombre qui rappelleront à plus d'un la grandiloquence d'un certain cinéma américain.


Dans sa très élogieuse préface,
Xavier Dorison met en avant le talent de son collègue Richard Marazano, décrivant une écriture en dehors des sentiers battus. Malgré un mystère qui reste pour ainsi dire entier du début à la fin de l'album, Le complexe du chimpanzé ne peut pas prétendre à un pitch extraordinaire. Comme beaucoup de récits du genre, l'album mêle son intrigue spatiale à des enjeux internationaux, politiques et historiques, tout en cultivant l'individualité de ses personnages. On relève une galerie d'acteurs parfois agaçants par leur stéréotype. Sofia, la fille d'Hélène, s'exprime à une dizaine d'années comme un conférencier et les membres d'équipage sont tous ancrés dans des lignes de caractère très tranchées (le clown fier de ses origines est-européennes, le militaire aux airs vicieux...). On relève cette même exubérance sur les visages. Ponzio suscite des réactions mitigées : on est admiratifs devant certaines scènes, et à d'autres moments, l'on ressent des impressions toutes contraires. On pense tout autant à l'excellent Bunker de Christophe Bec qu'au bien moins réussi Hurlevent de Deleers et Leclerc. Ponzio réalise des visages forts en caractère en croisant un jeu de lumières et d'ombres appuyé avec une coloration infographique très froide, voire cadavéreuse. Le style se révèle à certains moments très pertinents (page 28), donnant l'impression d'une expressivité très cinématographique. En revanche (page 43), certaines planches donnent dans un statisme agaçant, avec des scènes très caricaturales, dans un album qui ne se le veut pas.


Pour convaincre, Le complexe du chimpanzé devra se mettre à la hauteur des mystères qu'il se plait à cultiver. Le dénouement doit faire autant de bruit que le long roulement de tambours qui le précède. Bombe ou pétard mouillé, on attend de savoir...