World’s Finest : sans Superman ni Batman
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 18/09/2011 (Batman mort, Superman exilé… qui reste sur Terre pour faire le sale boulot ? Les femmes et les enfants ! A réserver aux intégristes, qui aiment notamment suivre les destinées des différents Robin…
Le label World’s Finest de DC Comics date des années 40 : allier Superman et Batman est un concept qui s’est imposé très vite au vu du succès de chacun des deux personnages en solo. Le duo a toujours bien fonctionné, au point d’inspirer à John Byrne la superbe saga Superman / Batman : Generations en 1999, qui se déroulait sur plusieurs décennies et développait de nombreuses histoires de familles. Les fans de généalogie seront aux anges avec cette nouvelle version de World’s Finest, qui part sur des bases plutôt étranges…
En effet, la série commence fin 2009, alors que Batman vient de mourir (en réalité, Bruce Wayne a été propulsé en pleine préhistoire, mais tout le monde l’ignore) et que Superman a décidé de s’exiler sur la nouvelle Krypton en reprenant son nom de naissance : Kal-El. Le principe du magazine est donc d’allier à chaque numéro un "bat-personnage" et un "super-Untel", tous deux choisis dans l’entourage proche des héros disparus. Voyons le résultat :
- Dans le premier numéro, Nightwing fait équipe avec Red Robin. Le premier, contre toute attente, n’a aucun lien avec l’alter ego utilisé par Dick Grayson il y a quelques années ; il s’agit de Chris Kent, le fils adoptif de Clark, qui endosse le nom et le costume d’un héros folklorique kryptonien. Le second est un ex-Robin officiel du nom de Tim Drake ; bien qu’il fasse désormais cavalier seul, on note qu’il entretient la confusion en adoptant le surnom de Red Robin… que l’on traduirait en français par « rouge rouge-gorge » !
- Dans le deuxième épisode, Robin croise le chemin du Gardien. Ce dernier déroge à la règle de la série, puisqu’il n’appartient pas à la "super-famille" : il est simplement le clone d’un héros des années 40. Néanmoins, il veille sur Metropolis et entretient des liens avec Jimmy Olsen, il gravite donc dans l’univers "supermanien". Robin, de son côté, est Damian Wayne, le très jeune fils de Bruce. Elevé par son grand-père Ra’s Al Ghul, il a fini par découvrir sa véritable identité et tente désormais de se faire une place à Gotham City.
- Le numéro trois est un chick-flick : après une courte apparition de Catwoman, on y voit l’alliance de Batgirl et de Supergirl, sous l’égide d’une Barbara Gordon qui se fait appeler Oracle. La nana chauve-souris, à ne pas confondre avec la Batwoman lesbienne dont on parlait récemment, s’appelle en réalité Stephanie Brown et a précédemment officié sous l’identité de Spoiler (vous avez le droit de faire des schémas si ça vous aide). Quant à Supergirl, il s’agit toujours de Kara, la cousine de Sup débarquée sur Terre quelques années après lui.
- Enfin, dans le quatrième volet, les deux papys font à nouveau équipe. Superman descend de sa nouvelle planète pour répondre à l’appel du danger, et adoube le nouveau Batman (Dick Grayson, qui s’est décidé à enfiler le costume de son ancien mentor) et son Robin surexcité.
Vous avez suivi ? Bon, le plus dur est fait : l’intrigue elle-même fait intervenir le super-vilain Toyman et le Bat-vilain Mr Freeze, qui emploient un petit nouveau surnommé "l’homme de kryptonite". Rien de trop stimulant pour les méninges, ça se bastonne raisonnablement, et les styles graphiques des quatre dessinateurs en présence se marient sans heurt. Beaucoup de personnages pour peu de choses, en fin de compte – on s’agacera par ailleurs du syndrome "Superman returns", qui fait que la kryptonite ne provoque rien de plus qu’une petite migraine chez Superman et les siens.