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Ulysse - Tome 2 - L'île aux plaisirs

/ Critique - écrit par Maixent, le 29/10/2023

Tags : ferri cosimo tome ulysse achille tabou heros

De Polyphème à Circé

Ulysse poursuit son voyage mouvementé sur la Méditerranée dans ce récit de Cosimo Ferri suivant scrupuleusement le texte original. Une adaptation de l’Odyssée en bandes dessinées ne faisant pas l’impasse sur les passages érotiques et sensuels.


La malédiction de Polyphème

 

On l’avait vu dans le premier tome, la narration n’est pas forcément linéaire, et on reprend donc ici le texte au commencement de l’épopée, soit juste après la fin du conflit à Troie. Après un bref passage à Ismaros, sur la mer d’Égée, les navires d’Ulysse sont repoussés par des vents contraires, une punition de Zeus qui protégeait le peuple de ces terres, les Cicones. Ainsi, nos héros sont portés de l’Hellespont à la Tunisie actuelle où vivaient alors les Lotophages. Une civilisation se nourrissant de fleurs hypnotiques qui plongent la quasi totalité de l’équipage dans une sorte de transe. Ulysse parvient à récupérer ses hommes mais ce n’est que pour les précipiter dans un nouveau piège, l’antre du Cyclope Polyphème, en Italie. Récit le plus célèbre de l’Odyssée, il est inutile de revenir dessus et suivons plutôt le périple sur l’île d’Éole puis chez le peuple des Lestrygons, en Sardaigne. Une civilisation de géants anthropophages qui décime une grande partie de l’équipage aussi sûrement que l’avait fait Polyphème. Enfin, ce deuxième tome s’achève chez Circé, célèbre passage d’Homère également, où les hommes sont changés en pourceaux par la sorcière avant de redevenir hommes grâce à leur chef.
Rencontre avec les Lestrygons

 

Bien que toujours réussi et parfaitement exécuté, ce deuxième tome se révèle moins prenant que le précédent. D’abord dans la linéarité du récit qui nous narre une histoire que l’on connaît tous par cœur depuis notre plus tendre enfance, mais aussi dans le peu de scènes érotiques que l’on serait en droit d’attendre. A part une double page chez les Lotophages et une petite dizaine chez Circé, on reste dans la bande dessinée standard. On pourrait même se croire dans la collection « La sagesse des mythes » ou un album d’Alix par moments. Les tableaux érotiques présentés chez Circé, lorsque « nous nous abandonnâmes complètement au plaisir de la chair » sont par contre d’une très grande qualité et on retrouve toute la sensualité et l’excitation du dessin de Cosimo Ferri. Non pas que les autres parties soient mauvaises, mais elles servent la narration plutôt que la transcender et apporter une véritable originalité. En ressort un album qui perd en puissance et se définit surtout comme une passerelle entre le très bon premier opus et le troisième que l’on espère de qualité identique. On ne peut cependant nier un travail d’une certaine valeur avec de réelles compétences graphiques comme le traitement des eaux, la Méditerranée étant effectivement un personnage majeur de l’épopée.


Circé et Ulysse

 

On reste dans un ouvrage riche et documenté. S’attaquer à l’Odyssée n’est pas chose aisée et Cosimo Ferri continue de très bien s’en sortir. En attendant la suite…