3/10Le Temps des loups - Tome 1 - Damonte

/ Critique - écrit par iscarioth, le 16/10/2006
Notre verdict : 3/10 - Le temps des bouh (Fiche technique)

Scénario convenu et presque nanar, graphismes légers (bâclés ?), Le temps des loups est une nouveauté à fuir.

Question. Un auteur peut il produire dans le même temps, une oeuvre excellente et un navet affolant ? La réponse est oui, j'en ai maintenant la preuve. Christophe Bec sort deux albums dans le même temps en cette fin 2006 : le premier tome de Bunker et celui du Temps des loups. Une seule des deux séries s'avère pour le moment convaincante. Si vous avez bien remarqué la note, vous savez déjà laquelle...


Absolument sidérant. Christophe Bec produit avec Bunker un album graphiquement époustouflant... pour réaliser sur le Temps des loups des planches ingrates dignes des pires travaux de commande désagréablement torchés. Le récit, tout d'abord, n'est qu'une bête histoire de loup garous. Deux chasseurs, dont un au visage de Charles Bronson (bel hommage à cet acteur connu des nanarophiles pour ses films droitiers de justice individuelle) traquent un loup, et finissent massacrés par on ne sait quelle force maléfique. D'entrée, les deux protagonistes bas du front s'échangent des dialogues d'une vulgarité très maladroitement restituée. Une fois établi le passage obligé de l'introduction, arrive en scène notre personnage principal et héros. Un ersatz de Largo Winch, un beau gosse blond aux yeux bleus, qui zingue au volant de sa BMW à travers la campagne. Ce premier tome reprend à son compte quelques unes des ficelles du film d'horreur ou à ambiance. Notre jeune Beauterne (quel nom !) s'invite chez les bouseux et débarque dans une station service type Massacre à la tronçonneuse et dans un hameau type Deliverance (le tout en très hygiénique). Quelques pages plus tard, notre beau blond rencontre une belle brune et ce qui doit arriver arrive, une jolie scène de coït entièrement gratuite. On félicitera d'ailleurs Bec pour sa performance : à l'aide de plans sérés, l'auteur parvient à bien cibler l'acte sans jamais dévoiler d'organes sexuels.


Christophe Bec a certainement voulu créer une ambiance mystérieuse, un cadre propice au suspense. L'échec est complet. Son dessin est terriblement décevant, horriblement fade, beaucoup trop poli pour générer une quelconque ambiance. Le pire, graphiquement, ce sont les incrustations photographiques (vignettes une et quatre page 13) Le dessin simple, épuré, se mêle maladroitement à des collages numériques de cartes postales paysagères ou d'affiches publicitaires. Beauterne, notre jeune héros, se veut forcément grand charismatique, toujours prêt à déballer une rafale de punch lines. « On n'est jamais assez riche, petit », lance notre beau gosse à un jeune cul terreux s'extasiant devant sa décapotable allemande. On retrouve forcément tous les clichés du genre : le groupe de rednecks embrumés par l'alcool et excités par l'effet de foule et l'amour de l'arme a feu, la secte mystérieuse et suréquipée, le notable trompé par sa femme... Sur bien des vignettes, Christophe Bec ne s'embarrasse pas des arrières plans et délivre des doubles planches aux décors presque tous barbouillés d'affreuses trames régulières ou dégradées, réalisables en moins d'une minute sous Photoshop (pages 10-11, 30-31). Même les loups garous, espèces de grands golems dégingandés, déçoivent.



Le dessinateur de Sanctuaire nous déçoit beaucoup sur cet album. Scénario convenu et presque nanar, graphismes légers (bâclés ?), Le temps des loups est une nouveauté à fuir.